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Culture

Entre méditation et contrastes, rien que du Bruckner…

Pour des phrases somptueuses et wagnériennes, l'Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Wojiech Czepiel, a fait résonner, en tout éclat, à l'Église Saint-Joseph (USJ), la « Symphonie n°2 en ut mineur » d'Anton Bruckner. Un moment où le temps a lâché prise...

En cette première quinzaine de juin, dans une moiteur qui colle à la peau comme de la glu et sous la lumière des spots à la chaleur impitoyablement torride, l'Orchestre symphonique national libanais, sous la houlette de maestro Wojiech Czepiel, a fait retentir une partition à la beauté sonore exceptionnelle.
Est-ce à cause du début de l'été, des premières grandes vagues de chaleur ou tout simplement à cause de Bruckner que le public, entorse à son absolue fidélité, était relativement moins nombreux que d'habitude ?
Des neuf symphonies écrites par Anton Bruckner (tout comme Beethoven !), on écoute ici la Symphonie n°2 en ut mineur de celui qui est mort à Vienne sans que le public ait eu le temps de découvrir son génie particulier, de celui que Brahms a combattu sans pitié ni merci, de celui aussi que Wagner a cerné en ces termes : « Je ne connais qu'un homme qui approche de Beethoven, et c'est Bruckner... »
Nourri de Bach, fervent catholique, admirable orchestrateur, sachant tout comme Schubert exprimer grâce et fraîcheur, Bruckner n'a pas encore dit son dernier mot en musique...Car ses détracteurs, même aujourd'hui, sont aussi nombreux que ses admirateurs. Une œuvre aux tonalités encore souvent incomprises ou mal approchées, et que seul le temps sort graduellement de sa gangue...
Pour la Symphonie n°2 en ut mineur, quatre mouvements (Ziemlich schnell, adagio, scherzo, et finale) pour un opus d'une narration à la longueur imposante. Plus de soixante-cinq minutes où l'inspiration « brucknerienne » jette ses multiples et tentaculaires ramifications et coule à flots.
Entre mysticisme et méditation, entre sonorités fragiles et bourrasques impétueuses, entre développements finement conçus et travail contrapuntique tout en tonalités subtiles se répand et se déploie cette symphonie aux nuances à la fois sombres et lumineuses. Elle se déploie et se répand comme toute œuvre romantique vouée au jour et à la nuit, à l'orage et aux embellies, aux humeurs vagabondes et aux épanchements de la solitude...
Grands contrastes et saisissantes oppositions dans ces pages au tutti grandioses alternant avec des lignes d'une limpidité de cascade cristalline et d'un lyrisme parfois frémissant avec des cordes à la douceur angélique après la tourmente de grondements sourds et chargés de tempêtes.
De toute la passion contenue dans le cœur de Bruckner (lui qui a couru après le mariage comme on court derrière une chimère) reste une exaltation amoureuse toute romantique. Une exaltation qui explose en vagues incendiaires et écumantes, mais aussi une exaltation habitée par un souffle impalpable : celui d'une foi indomptable où l'omniprésence de Dieu est invocation, consolation, secours.
 Nul ne peut enlever cette part de vibrant mysticisme chez cet organiste hors pair qui a conquis aussi bien Saint-Saêns que Gounod, Ambroise Thomas ou Frank...
Dans un déferlement de notes, dès le premier mouvement, les thèmes émergent, dessinent leurs arcanes, architecturent un monde grouillant de sentiments, bouillonnent et submergent l'auditeur. Après un adagio tout en teintes effacées dans des phrases en rosaces qui s'épanouissent comme une infinie d'ondes qui tracent leur cercle velouté, vient le scherzo.
 Un scherzo tout en grâce et légèreté schubertienne, en empruntant mélodies, ritournelles et airs du terroir autrichien dans ce qu'il a de plus enlevé, de plus coloré, de plus esprit de folklore...
Pour conclure, un final fougueux et impétueux qui termine cette longue narration en une éruptive apothéose.
Magistrale prestation d'une splendide fresque sonore qui a illuminé jusqu'aux vitraux des voûtes...

Pour des phrases somptueuses et wagnériennes, l'Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Wojiech Czepiel, a fait résonner, en tout éclat, à l'Église Saint-Joseph (USJ), la « Symphonie n°2 en ut mineur » d'Anton Bruckner. Un moment où le temps a lâché prise... En cette...

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