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Culture - Exposition

Les élégies photographiques de Karim Joreige

Capter, par l'objectif, l'essence de la vie et de la mort, la sombre beauté de cet indissociable duo, sa lumineuse poésie... Tel est le propos de «Threnody », ou les élégies photographiques de Karim Joreige à la galerie The Running Horse*
Il y a quelque chose de baudelairien dans cette série de onze photos en noir et blanc (imprimées par jet d'encre pigmenté, de formats oscillant entre 54 x 85 cm et 85 x 135 cm, et d'excellente résolution) représentant une femme jouant avec un drap de gaze.
Entre fragilité et abandon, force, fluidité, mobilité, sensualité, spiritualité...Il émane de la gestuelle du modèle féminin aux voiles, qui semble émerger du fond noir, brillant, un mystère « vaste comme la nuit et comme la clarté ». Comme les limbes, cet espace-temps indéfinissable où tout commence, se poursuit et finit...  
Des images à l'extrême opposé de l'instantanéité, construites sur de nombreux sketchs préliminaires, sur le nombre d'or et sur un subtil jeu d'éclairage, avant d'être retravaillées sur ordinateur.
« Inspirées du maniérisme de la Renaissance », indique leur auteur, ces compositions élégantes, poétiques et romantiques forment les interprétations photographiques du cycle de la vie et de la mort, selon Karim Joreige.
Un sujet étonnamment grave pour une première exposition. Et néanmoins un travail d'une maîtrise impressionnante pour ce jeune homme de 31 ans qui réussit à exprimer dans ces œuvres sophistiquées et épurées tout à la fois les versants sombres et lumineux de la vie.
Graphic designer au civil, plus précisément « designer d'interfaces de logiciels », Karim Jreige est également, depuis tout juste deux ans, un photographe passionné, qui collabore ponctuellement aux pages mode de magazines libanais (Aïshti, Femme Magazine...). Sauf qu'avant de décider un beau matin de 2006 de prendre une photo de sa copine, il n'avait jamais ou presque jamais tenu une caméra en main !  Un premier déclic et des premières photos qui feront pleurer sa belle, mais qui attiseront chez ce perfectionniste le sens du défi à relever. Tant et si bien que d'essais en expérimentations, de recherches en lecture de manuels de photographie, il améliore notablement sa technique. Pour ce qui est du « regard », ce jeune homme constamment en quête d'harmonie n'avait pas d'effort à faire : « l'obsession du beau, du simple, de l'intelligemment conçu » l'habitait déjà.
Et puis il y eut dans sa vie un départ douloureux, celui de sa mère qui, lorsqu'il s'était enthousiasmé pour l'art photographique, lui avait offert son premier appareil. C'est à elle qu'il dédie cette première exposition, élégiaque, dont il a voulu le vernissage le 1er juin, date de son décès. Car c'est sans doute elle, cette fois aussi, qui lui a inspiré cette exploration photographique des « arcanes de la vie ». Cet univers visible avec le cœur que Karim Joreige tente de saisir par la maîtrise de sa technique couplée à la force de sa sensibilité. Pour en partager la beauté avec ceux qui sont réceptifs au vocabulaire secret de la photo...
 * Jusqu'au 30 juin, à la galerie The Running Horse, Medawar, dépôt Sleep Comfort, rez-de-chaussée. Horaires d'ouverture : du lundi au samedi, de 10h30 à 18h00. Tél. : 03/710225.
Il y a quelque chose de baudelairien dans cette série de onze photos en noir et blanc (imprimées par jet d'encre pigmenté, de formats oscillant entre 54 x 85 cm et 85 x 135 cm, et d'excellente résolution) représentant une femme jouant avec un drap de gaze. Entre fragilité et abandon, force, fluidité, mobilité, sensualité,...

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