Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le point

Le dos au Mur

21 janvier 2009, au lendemain de son investiture. Barack Obama s'entretient au téléphone avec Mahmoud Abbas, auquel il confirme son engagement en faveur de la paix au Proche-Orient. Premier chef d'État étranger à bénéficier d'une telle sollicitude, le président de l'Autorité palestinienne croit dur comme fer à cette promesse, suivie quelque temps après d'un geste concret : la désignation de George Mitchell comme émissaire de la Maison-Blanche dans la région. Près de quatre mois plus tard, on en est toujours au même point. Passé maître dans l'art de la prestidigitation politique, Benjamin Netanyahu continue d'agiter une main pendant que l'autre accomplit le tour de passe-passe. Seule différence, mais de taille, avec ses prouesses passées, l'inclusion dans son volapük de l'Iran, le sujet le plus important et le plus urgent, a-t-il décrété l'autre jour devant les leaders de son parti, plus divisés sur cette nouvelle échelle des priorités qu'ils ne l'avaient jamais été par le passé sur des thèmes comme celui des négociations avec les Syriens ou du démantèlement de certains points de peuplement.
L'hebdomadaire américain Time qualifiait il y a deux semaines les Israéliens de « worriors », jeu de mots autour de « warriors » (guerriers) et « « worries » (soucis). Comme il importe donc de leur donner constamment des sujets d'inquiétude, on leur jette en pâture l'image du grand méchant Mahmoud Ahmadinejad, une bombe à la main, prêt à tout moment à la dégoupiller. Pourquoi cette insistance aujourd'hui à parler d'un programme nucléaire appelé à connaître une éventuelle (et probablement aléatoire) concrétisation militaire dans un délai de trois ans, selon les rapports concordants des services de renseignements US ? Parce que, précisément, il convient de braquer sur ce sujet l'attention de l'opinion internationale alors que se poursuivent les travaux de construction du Mur et de création de nouvelles colonies. Qu'importe si, dans l'intervalle, on promet d'en démanteler certaines, sauvages d'ailleurs, sans en préciser le nombre ni l'emplacement, l'essentiel se situant au niveau d'un projet autrement plus grandiose et vital pour l'avenir du pays. Il faudra à l'administration américaine se contenter de ce semblant de concession, offert à la veille de la visite d'Abou Mazen dans la capitale fédérale, décrite par avance comme « cruciale ». Il faut dire que le dirigeant palestinien se démène ces derniers temps pour faire croire aux siens que quelque chose est en train de bouger sur une scène installée depuis trop longtemps dans un état d'hibernation, et singulièrement durant les huit années de bushisme. À Ottawa l'autre jour, le vieux combattant faisait peine à voir en lâchant, à la surprise de ses conseillers : « Nous espérons que les Israéliens comprendront que nous nous efforçons de parvenir à la paix et que nous ferons tout notre possible dans cette perspective. » Ses concitoyens, on l'espère pour lui, apprécieront.
Devant la toute-puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, Yuval Diskin, chef du redoutable Shin Bet, n'a laissé planer aucun doute sur les intentions de Tel-Aviv quant à l'avenir des pourparlers : « Il n'y a aucune chance que le dialogue reprenne, a-t-il asséné, tant que le Hamas continuera de contrôler Gaza. » Le Premier ministre a fait mieux, lors des célébrations marquant le 42e anniversaire de l'occupation de la partie arabe de la capitale, annexée officiellement en 1980. « Jérusalem est notre capitale, a-t-il soutenu. Elle l'a été et elle le restera pour toujours ; plus jamais elle ne sera divisée ou coupée en deux. » De telles déclarations ne présagent rien de bon concernant l'avenir tant immédiat qu'à plus long terme. D'autant plus que se poursuit la mise en place d'une nette forme d'apartheid dans une Cisjordanie où 2,3 millions de Palestiniens subissent la loi de 300 000 colons répartis sur 121 points de peuplement. Soixante-cinq pour cent des routes conduisant aux dix-huit agglomérations arabes les plus peuplées sont étroitement contrôlées quand elles ne sont pas carrément bloquées et qu'il existe 600 barrages destinés à restreindre la circulation. Plus machiavélique dans sa conception, le mur, construit à l'intérieur de la partie occidentale du Jourdain - et qui culmine par moments à 8 mètres, avec des miradors tous les 200 mètres -, a permis l'annexion de facto de 43 pour cent de cette portion du territoire abritant près de 94 pour cent des occupants israéliens. De plus, il coupe les autochtones des ressources en eau et des terres arables. À son achèvement, prévoit-on, 380 000 Palestiniens se trouveront parqués dans une portion de territoire adossée à la ligne verte, qui représente la frontière de juin 1967.
Quand l'enjeu est aussi important, le sacrifice de quelques kibboutzim peut paraître dérisoire, suivant le principe du « Paris vaut bien une messe » qui réussit fort bien, en son temps, au bon roi Henri IV. Rien n'indique cependant que les contorsions verbales de « Bibi » suffiront à convaincre la nouvelle administration démocrate, ni surtout qu'elles parviendront à assurer la relance d'un processus qui ahane, sur une voie dangereusement pentue. Même si, pour en rajouter, on s'obstine à crier au loup.
21 janvier 2009, au lendemain de son investiture. Barack Obama s'entretient au téléphone avec Mahmoud Abbas, auquel il confirme son engagement en faveur de la paix au Proche-Orient. Premier chef d'État étranger à bénéficier d'une telle sollicitude, le président de l'Autorité palestinienne croit dur comme fer à cette promesse, suivie quelque temps après d'un geste concret : la désignation de George Mitchell comme émissaire de la Maison-Blanche dans la région. Près de quatre mois plus tard, on en est toujours au même point. Passé maître dans l'art de la prestidigitation politique, Benjamin Netanyahu continue d'agiter une main pendant que l'autre accomplit le tour de passe-passe. Seule différence, mais de...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut