C'est à l'hôtel Le Bristol - lieu fortement symbolique où naquit, à la fin de 2004, l'opposition nationale plurielle qui allait devenir, quelques mois plus tard, avec l'assassinat de Rafic Hariri, le fer de lance de l'intifada de l'indépendance - que les forces du 14 Mars, leaders et candidates, se sont réunies hier pour mettre en évidence leur solidarité et leur unité avant le scrutin du 7 juin.
Après l'hymne national, les participants ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la révolution du Cèdre avant de se réunir à huis clos pendant près d'une heure. C'est le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, qui a lu le communiqué final de la réunion, un document qui a ensuite été signé, un à un, par chacun des présents.
En voici le texte :
« Libanais,
« C'est dans les moments les plus difficiles que la volonté et la détermination sont mises à l'épreuve. Nous nous tenons devant vous, aujourd'hui, pour renouveler notre serment d'allégeance au Liban, le serment de solidarité de Gebran et de l'ensemble des martyrs de l'indépendance, celui de rester unis pour défendre le Liban.
« Libanais,
« Nous sommes tous au cœur d'une bataille qui va déterminer l'avenir du Liban.
« Nous vous promettons que nous la mènerons unis et solidaires :
1 - Pour qu'il y ait au Liban un seul État efficace, à même d'exercer sa souveraineté et de prendre les décisions cruciales.
2 - Pour qu'il y ait au Liban une seule légalité, fondée sur la Constitution que les Libanais se sont donnée.
3 - Pour qu'il y ait au Liban une seule armée, soumise à un seul pouvoir, ayant le monopole des armes, de la défense de la nation et de la libération du territoire de l'armée israélienne, et capable d'appliquer la résolution 1701 et d'imposer le respect de l'accord d'armistice.
4 - Pour que le Liban, pays du dialogue et du partenariat islamo-chrétien, campe sur les constantes déterminées par l'accord de Taëf ; pour empêcher que la répartition par tiers remplace la parité, détruisant ainsi l'âme du pacte et plaçant tous les Libanais face à un danger indéniable.
5 - Pour que le Liban reste une patrie définitive pour tous ses fils, et non une patrie « provisoire » ou une arène ouverte à tous les marchandages et les paris régionaux et internationaux.
6 - Pour que l'État complète le processus visant à récupérer les territoires libanais en s'appuyant sur l'unanimité nationale qui a conduit, le 25 mai 2000, à la libération du Liban-Sud.
7 - Pour que le Liban reste d'identité arabe, comme le stipule la Constitution, sans qu'il ne se transforme en fer de lance de la lutte contre le monde arabe.
8 - Pour que la justice reste une garantie pour nous tous, qu'un pouvoir judiciaire indépendant soit mis en place, et que le tribunal international parvienne à son objectif, celui de découvrir la vérité.
9 - Pour la cause palestinienne, le refus de l'implantation et le droit au retour.
« Libanais,
« Votre liberté, votre droit à l'autodétermination et votre paix civile sont au-dessus de toute considération.
« Ensemble, nous avons défendu ces constantes et nous continuerons à le faire. Ensemble, nous ferons face au projet de putsch contre l'État et l'accord de Taëf.
« Nous n'accepterons pas de nous en remettre à quelqu'un d'autre que vous. La décision vous appartient. Le salut du Liban et le rétablissement de votre rôle dans le processus de l'indépendance - initié à travers le communiqué de Bkerké en septembre 2000, et baptisé par le sang de Rafic Hariri et des martyrs de la révolution du Cèdre et l'ensemble du Liban - sont entre vos mains, et dépendent de vos voix libres. Le processus de l'indépendance se poursuit à travers votre volonté et votre détermination.
« Votre choix est aujourd'hui déterminant :
- déterminant pour la préservation de la paix civile et la chute des barricades édifiées par la discorde itinérante, pour le rétablissement du partenariat national et l'édification d'un État capable de nous protéger tous, sans distinction ;
- déterminant pour juguler les crises confessionnelles et sectaires qui nous menacent ainsi que le monde arabe et islamique ;
- déterminant pour contenir les répercussions de la crise économique qui ravage le monde entier, pour résoudre nos problèmes économiques, assurer un développement durable et protéger notre paix sociale ;
- déterminant pour protéger le Liban et assurer un avenir digne à nos enfants, un avenir fondé sur la liberté et la démocratie ;
- déterminant pour protéger la République et la deuxième indépendance. »
Réagissant à cet événement, le président Amine Gemayel a estimé qu'il constitue « une preuve de l'unité dans les rangs et de la détermination des forces du 14 Mars ». Le chef du parti Kataëb a fustigé au passage les propos du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, les qualifiant « d'ingérence flagrante dans les législatives libanaises ». « Pour moi, l'essence de la IIIe République prônée par l'opposition, le Hezbollah et leurs alliés est désormais claire (...) : il s'agit de la République de Gaza », a-t-il souligné.