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Culture - Rencontre

Quand un bandonéon courtise une guitare…

Arrivés en droite ligne d'Uruguay, deux musiciens vont donner la réplique, en solistes, à l'Orchestre symphonique national libanais placé sous la houlette de maestro Gholmieh. Le compositeur et bandonéoniste Marino Rivero et la guitariste Gabriela Diaz ont choisi d'interpréter des partitions de Piazolla, Bach et Rivero lui-même.

Avant de les applaudir dans un menu original et inédit, révélations et confidences à bâtons rompus...
Ils sont tous les deux éperdument amoureux du pays du Cèdre et ne tarissent pas d'éloges sur la lumière, la beauté des gens et des sites de la terre d'Astarté et d'Adonis. Même la langue arabe les fascine... Du soleil de Montevideo à celui de Beyrouth, discussion avec un compositeur et une guitariste uruguayens, concertistes internationaux, complices de scène et signataires de plus d'un CD.
Des musiciens qui vont faire l'événement dans la capitale ce vendredi à l'église Saint-Joseph (USJ) en faisant résonner des pages de musique d'une décapante modernité, ainsi que la rigueur inspirée du cantor, père de tous ceux qui en pincent pour les notes...
Les cheveux poivre et sel, les lunettes vissées sur le nez, jeans et gilet couleur vert militaire, s'exprimant en anglais et en allemand tout aussi bien dans la langue de Ricardo Paseyro (que le gascon y aille si le français ne va pas, disait Montaigne), le compositeur Marino Rivero, du haut de ses soixante-douze ans, d'une fringante jeunesse, a plus d'une corde à son arc...
« Si le bandonéon, originairement inspiré du concertina allemand, est un instrument roi pour moi, dit-il tout de go, mon intérêt pour la composition est beaucoup plus varié. Le bandonéon est un instrument merveilleux et complet, car parfait pour s'exprimer musicalement. Il inclut nuance, richesse sonore, amplitude, liberté, possibilités de quartettes... Un intérêt et une curiosité qui vont aux mélodies au bandonéon, bien entendu, mais s'étendent aussi à la musique de chambre, à la symphonie, à l'électroacoustique, aux concertos, aux bandes sonores de cinéma et de théâtre... Tout a commencé pour moi vers six ans à Tacuarembo, la ville où est né Carlos Gardel (détail controversé, mais ponctué par un grand éclat de rire très "nationaliste" de Rivero). Et depuis, la musique m'a emporté dans son tourbillon... J'avais douze ans lorsque j'ai expérimenté mon premier bain de foule lors d'un concert populaire. À vingt ans, j'étais officiellement concertiste. Et mon premier opus de composition remonte à 1967, à Montevideo, quand j'avais vingt-six ans ! Combien de concert j'ai donné dans la longue période de ma carrière ? Je ne saurais m'en souvenir. "Muchissima"... Mais je peux vous certifier qu'il y a une année où j'ai donné consécutivement plus de 34 concerts...Cela m'a conduit de l'Amérique latine à l'Europe et me voilà à présent chez vous, dans votre beau pays, où les femmes sont si belles... »
Féru des œuvres de Barletta, Piazzolla, Rodrigo, Jinastera et Santorsola, fervent admirateur de Bach et de Bartok, Marino Rivero fera résonner avec éclat le souffle chaud et passionné du bandonéon, souple boîte serpentine de musique. Musique à vent et à claviers de la famille des instruments à anches libres.
Pour l'occasion, il offre aux mélomanes un menu de choix où, en hommage à Piazzolla, bandonéon et guitare interpréteront la Storia del tango en quatre mouvements.
Ensuite, il y a ce Bosquegos de Paris de Marino Rivero, frémissante méditation où la magie et les souvenirs des impressions parisiennes ont des accents nostalgiques et forts entre « Vision cosmique de Monet » et « Paris et le tango ».
Et pour conclure, le Concerto en d mineur de Bach où le bandonéon, dialoguant avec les instruments à cordes, joue la part du clavier dans une transcription signée Rivero.
Pour le moment, les répétitions vont bon train en coulisse. À la question : « Avez-vous un souhait à faire, Marino Rivero » ? Le musicien de déclarer, très sérieusement : « Oui, ne plus repartir du Liban... C'est comme Montevideo, il y a la mer, mais là les montagnes, c'est un plus... »

Gabriela Diaz : « La sincérité de donner le meilleur... »
Premier séjour, émerveillé, de la guitariste Gabriela Diaz au Liban. Cheveux noirs flottant sur les épaules, yeux rieurs et foulard rose autour du cou, paré d'un collier vaguement orientalisant...
 « Oui, je suis enchantée par ce pays fabuleux, la gentillesse des gens, la beauté de l'art et de la musique orientale, dit-elle d'emblée. Je ne suis qu'interprète et la guitare m'a ouvert la voie à la musique depuis que j'avais cinq ans ! À l'âge de seize ans, je me produisais déjà sous les feux de la rampe et depuis plus de vingt-cinq ans j'ajuste mon art à celui de donner vie et nuances aux partitions. Mes compositeurs favoris sont Rodrigo, Rivero, Piazzola, Bach et Alberto Jinastera, le plus représentatif de la musique d'Amérique latine et de l'esprit ibérique...Mes interprètes exemplaires pour la guitare sont André Segovia (meilleur au monde et de tous les temps) et John Williams. Si je devais choisir la plus belle partition pour guitare ? C'est difficile à trancher et à dire, mais j'opterai sans nul doute pour le Concerto d'Aranjuez, tout Bach et, bien entendu, Rivero que nous allons faire découvrir aux Libanais... Mon souhait et mon ambition ? Ne pas être influencée et avoir la sincérité de donner le meilleur, pour longtemps, quand je pince les cordes d'une guitare... Je suis si heureuse d'être au Liban : c'est curieux, j'ai l'impression d'avoir toujours vécu ici car j'ai déjà beaucoup d'émotion et il y a tant de chaleureuses rencontres humaines... »
Pour tous les mélomanes avides de nouveautés, voilà un moment musical exceptionnel. Une fois de plus, la musique confirme la formule consacrée de langage universel pour sensibilités qui ne s'embarrassent pas de frontières...

Programme des concerts

Jeudi 21 mai à la municipalité de Jounieh, à 19h00, avec, au menu, La cumparsita par des compositeurs uruguayens.
Le vendredi 22 mai à l'église Saint-Joseph avec l'OSNL à 20h30 (au menu, Piazzola, Rivero et Bach).
Le samedi 23 à la Fondation Safadi, à Tripoli, 19h00 (au menu, La cumparsita par des compositeurs uruguayens).
Avant de les applaudir dans un menu original et inédit, révélations et confidences à bâtons rompus...Ils sont tous les deux éperdument amoureux du pays du Cèdre et ne tarissent pas d'éloges sur la lumière, la beauté des gens et des sites de la terre d'Astarté et d'Adonis. Même la langue arabe les...

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