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Culture - Livres

« Les gens » de Labro, cette foule sentimentale…

« Les gens » de Philippe Labro sont comme vous et moi. Constamment en quête d'amour. Des célébrités ou des personnes normales dont le ressort de tout acte reste ce dévorant besoin de l'autre, de son regard, de sa reconnaissance. Foule sentimentale...

« Le sage doit rechercher le point de départ de tout désordre. Où ? Tout commence par le manque d'amour. » Ce postulat du philosophe chinois Mo-Tzu (479-391 av J.-C.) tient lieu de quatrième de couverture du dernier roman de Labro. Un résumé et un titre succincts qui interpellent sans rien dévoiler. Et laissent ainsi pleinement au lecteur le plaisir de la découverte, ce moteur essentiel du désir de lire. Un désir qui reste d'ailleurs vivace au fil des pages de ce livre polychrome. Car il y a plus d'une couleur, plus d'une tonalité dans ces destins croisés que narre avec brio l'auteur des Gens*.
Du « polar » d'abord, avec les mésaventures de Maria, une jeune Polonaise qui se fait jeter d'un camion sur une route de Californie en début de roman, avant de se retrouver jeune fille au pair chez l'ambassadeur des États-Unis en France. Un tableau caricatural ensuite et d'une féroce ironie du microcosme médiatico-parisien. Cet univers déshumanisé atteint par « cette fièvre des hauteurs qui sonne le glas de la morale » où règne en despote le triste Marcus Marcus, redoutable homme de télé, et où évolue, en contre-emploi, l'élégante Caroline Soglio, belle trentenaire, qui se relève d'une rupture brutale. Et parallèlement, un regard sensible et compatissant sur le désarroi qui baigne nos sociétés contemporaines.
Comme dans tous les romans de ce écrivain français américanophile, on retrouve dans Les Gens des constantes : un style clair, fluide, aux dialogues percutants. Et qui dose avec intelligence l'humour et l'émotion. Une influence américaine - pays où il a vécu - perceptible, sinon dans le genre, celui de fresque contemporaine, du moins dans les détails et les évocations culturelles. Mais aussi et surtout cette riche expérience aussi bien professionnelle que personnelle dont se sert comme « matière première » cet écrivain, journaliste et également réalisateur qui a connu, parallèlement aux bonheurs et aux succès, l'inquiétude et l'angoisse d'une dépression répétitive ainsi que les affres d'une maladie qui l'a mené aux portes de la mort.
Un vécu dont il s'inspire pour tisser les destins de ses héros de fiction, toujours porteurs pour le lecteur d'une forte charge d'identification. En l'occurrence, en faisant s'entrecroiser les trois personnages principaux de son dernier roman, dont le parcours va intégrer ceux d'autres protagonistes, Labro dessine une sorte de mosaïque de la condition humaine contemporaine. Cette suite d'épreuves et de chocs émotionnels qui, pour n'épargner personne, sont vécus différemment selon que l'on soit un être lumineux comme Maria ou sombre comme Marcus Marcus...Et qui constituent, par-delà la stigmatisation du monde impitoyable des médias audiovisuels, le véritable propos de ce récit.
Avec Les Gens (Gallimard, 452 pages), l'auteur de L'étudiant étranger, d'Un début à Paris, de La traversée, de Tomber sept fois, se relever huit...signe une fois de plus un livre qui possède, tout à la fois, une ampleur romanesque et une sincérité de ton qui touchent autant qu'elles séduisent.

* Disponible à la Librairie Antoine. 
« Le sage doit rechercher le point de départ de tout désordre. Où ? Tout commence par le manque d'amour. » Ce postulat du philosophe chinois Mo-Tzu (479-391 av J.-C.) tient lieu de quatrième de couverture du dernier roman de Labro. Un résumé et un titre succincts qui interpellent sans rien dévoiler. Et laissent ainsi...

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