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Culture

Albeniz, poète ibérique du clavier….

Féerie et poésie, mais aussi intempestive virtuosité pour célébrer, à travers le brio du jeu du pianiste Enrique Pérez de Guzman, la commémoration du centenaire de la mort du compositeur Albeniz. Dans le sillage, des pages de Granados et de Liszt. Un menu chargé qui ne laisse à l'auditeur pas de répit...

Présenté par l'ambassade d'Espagne à Beyrouth en collaboration  avec l'office de l'information et des relations  publiques de l'AUB, Enrique Pérez Guzman a offert,  à l'Assembly Hall, aux pianophiles (très « happy few » stendhaliens ce soir-là) un concert rendant un vibrant et impétueux hommage à Albeniz, éminent poète ibérique du clavier.
Décédé en 1909, le compositeur  de La Vega, salué de son vivant par les critiques comme un virtuose exceptionnel (on  parle même d'un nouveau Mozart quand on évoque ses précoces prestations au clavier), est celui qui a fait épanouir et exploser les limites de la musique espagnole.
Il  fait sienne la formule de Pedrell : « Le compositeur doit se nourrir de la quintessence du chant populaire, l'assimiler, le revêtir des délicates apparences d'une forme riche. » Ainsi avait procédé Chopin dans ses mazurkas et ses polonaises...
Et c'est dans cet esprit de rapsodie nationaliste que souffle l'inspiration d'Albeniz. Une inspiration nourrie de liberté absolue et d'une verve intarissable habitée par un fantastique et fabuleux sens des images et des beautés du pays de Cervantès...
C'est sous ces auspices qu'on écoute la Malaguenia , Cataluna ( de la suite Española), et El Baicin (de la suite Iberia). Splendides sonorités où défilent avec éclat et torrentialité tout le soleil, et les couleurs et parfums de l'Espagne.
« Délire orphique à la Van Gogh », a pu dire Jean Maillard pour exprimer, dans une correspondance visuelle, l'ivresse de lumière et de vie de ces tableaux, chamarrés de couleurs, amoureusement dédiés à la gloire de l'Espagne.
Pour conclure la première partie de ce programme, l' Allegro de concerto de Granados, un autre illustre représentant d'un nationalisme musical fondé sur une nouvelle façon de sentir, mélodiquement et harmoniquement, les parfums, les couleurs et la lumière du pays d'Aranjuez...
Après un bref entracte, place à Liszt avec des transcriptions ramenant surtout au bel canto.
Comme un plaisir offert à Albeniz, lui qui était tenté par la musique scénique, voilà le ravageur Liebestod tiré de Tristan et Yseult de Wagner. Poignantes intermittences du cœur et intemporel drame de l'amour avec les phrases wagnériennes qui vrillent le cœur, enflent comme un orage qui gronde et s'enracinent comme lierre sur un mur...
Un certain air de barcarolle, velouté et joyeux, clapote et inonde les touches du clavier avec La regata veniziana de Rossini, toujours aussi soyeux, toujours aussi prestement enlevé...
Les trois sonnets de Pétrarque, habile transcription de Liszt pour piano seul, sont des mélodies pour ténor et clavier. Des sonnets à l'esprit mordant qui restent sans nul doute d'un lyrisme particulier...
Pour terminer (en apothéose de martèlement, de chromatismes vertigineux et de cadences démentielles), voilà une variation de Rigoletto de Verdi qui se passe brusquement de toutes les pompes orchestrales car le clavier, d'une insoupçonnable richesse sonore, a, ici, tous les déchaînements, toutes les contorsions, toutes les tonalités...
Tonnerre d'applaudissements pour une prestation carrément retentissante qui ne laisse guère de place à la simple douceur d'une évasion. Un fabuleux déluge de notes incendiées....
En premier bis, toujours dans la veine des prestations musclées, un Nocturne (pour la main gauche) de Scriabine : force et douceur  à la fois, dans un tourbillon fébrile et hallucinant. Nouvelle salve d'applaudissements et un nouveau bis. Cette fois au plus vif du cœur de l'Espagne avec l'emblématique La danse rituelle du feu de Manuel de Falla.
Danse endiablée, cinglante, enflammée, avec des accords et des rythmes droits jaillis du paradisiaque enfer des passions...
Ultime révérence d'un pianiste en costume sombre, cravate et chemise blanche. Un pianiste qui ne lésine pas sur les moyens de son art et offre, en toute maîtrise et maturité, un moment exceptionnel.
 Un moment où le clavier est intense vitalité, prodigieuse imagination et exaltation d'alchimiste en quête d'un véritable magnétisme sonore...

Présenté par l'ambassade d'Espagne à Beyrouth en collaboration  avec l'office de l'information et des relations  publiques de l'AUB, Enrique Pérez Guzman a offert,  à l'Assembly Hall, aux pianophiles (très « happy few » stendhaliens ce soir-là) un concert rendant un vibrant et impétueux hommage...

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