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Culture - Scène

« Avant-garde », entre jeu et réalité

Après la crypte de l'église Saint-Joseph, Morgane Gauvin présente ce soir, jeudi 14 mai, à 20 heures, sa création artistique au B018 et les 22 et 23 mai au Tournesol. Deux cadres différents aux univers nouveaux.
Interprétée par Cyril Bassil et Ghina Daou (comédiens), Yvonne el-Hachem (chanteuse-comédienne), Maya el-Hage (peintre-comédienne) et Joelle Chaptini (collégienne, 7 ans), la pièce Avant-garde, écrite, réalisée et interprétée par Morgane Gauvin, esquisse en mots, gestes, chants et danses les traits de la société libanaise. Plus qu'un croquis, c'est une véritable radioscopie qu'entreprend la jeune metteur en scène, venue spécialement au Liban pour présenter sa création longtemps mûrie.
Pour cracher les tabous, dévoiler le caché, révéler l'insupportable mal-être d'une jeunesse et mettre le doigt sur les plaies ouvertes, Morgane Gauvin a dû travailler avec des jeunes, amoureux du théâtre, et recueillir leurs expériences ainsi que les témoignages qu'elle a glanés lors de son long séjour au Liban. Elle le connaît bien ce pays pour avoir bien découvert ses blessures, gratté le laid pour entrevoir le beau. Elle le connaît si bien qu'elle l'a peint dans sa joie et sa tristesse, sa moche réalité et ses beaux rêves étouffés.

Et maintenant, jouons !
Cette interpellation qui ponctue les textes sur un ton festif (« Et maintenant, on joue ! ») est un appel, un cri. Jouer semble dire vivre, et c'est dans cet espace mystique de la crypte que tout se confond. Les draperies et les étoffes colorées et transparentes qui habillent le lieu, les coulisses recouvertes de simples tulles que les spectateurs aperçoivent avant de se diriger vers la scène, laquelle est intimement placée au centre de l'audience pour que le rapport soit plus direct avec les comédiens. Cette scénographie particulière, propre au lieu et qui mutera en cours de route, évoque le Beyrouth du dit et du non-dit. Morgane Gauvin n'a pas l'intention de présenter une simple pièce qu'on applaudit et qu'on oublie le lendemain, mais partager une expérience qui veut donner au théâtre toutes les chances de résonance dans l'imaginaire collectif et expulser par l'art le réel pesant d'une ville alourdie par ses fréquents traumatismes.
Six femmes, un homme et une petite fille. Ils entrent en scène, sortent, s'adressent au public, s'interrogent. Ils chantent aussi, dansent et interprètent à leur façon le Beyrouth chaotique d'aujourd'hui. Vêtus en joker de Batman (pour Cyril), en ballerines ou « colombines » modernes, les comédiens campent la génération actuelle soumise aux tiraillements d'une société qui, tout en se disant libérée, est encore conservatrice.
Quel est le vrai visage du Liban ? Celui de cette éternelle amoureuse, belle et pure que l'homme libanais désire ? De cette femme dont la croix dérange car elle l'empêche d'enfreindre l'interdit ? De ce Libanais qui parle trois langues, mais mal. Ou encore de celui qui regarde les images de guerre sur le petit écran sans que cela ne l'empêche d'avaler une glace ? Toutes ces histoires panachées se confondent pour finir par ne former qu'une seule histoire, distillée entre rires et larmes.
Textes percutants, ton aigre-doux et prestations convaincantes (surtout pour des jeunes amateurs), sur un air à la fois enjoué et cynique, léger et grave, et ces notes de piano grinçantes et tourmentées (dommage que la musique s'étire trop en longueur) pour cette création avant-gardiste.
Témoignage de vie et simple révérence au théâtre qui se veut dialogue intemporel et vivant, en circulant dans des lieux différents, Avant-garde est destinée à se nourrir d'autres expériences et à avoir d'autres vies.
Interprétée par Cyril Bassil et Ghina Daou (comédiens), Yvonne el-Hachem (chanteuse-comédienne), Maya el-Hage (peintre-comédienne) et Joelle Chaptini (collégienne, 7 ans), la pièce Avant-garde, écrite, réalisée et interprétée par Morgane Gauvin, esquisse en mots, gestes, chants et danses les traits de...

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