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Lifestyle - Objets et histoire

Le rouet de l’indépendance

La vente aux enchères des affaires personnelles ayant appartenu au Mahatma Gandhi et qui devait avoir lieu en mars dernier à New york avait suscité des remous en Inde, et son arrière-petit-fils Tushar Gandhi voyait dans leur dispersion une insulte au pays. Le milliardaire indien Vijay Mallia les a rachetées pour la somme de 1,8 millions de dollars et va les donner au musée national Gandhi de Delhi, mettant fin à cette polémique. Parmi ces objets - les célèbres lunettes rondes, la paire de sandales en cuir, la montre gousset, un plat et un bol -, ne figure pas le rouet de Gandhi, symbole de l'indépendance de l'Inde et qui figure par contre au milieu du drapeau indien entre la bande verte des musulmans et rouge des hindous !
Celui qui a dit : « Appeler les femmes le sexe faible est un mensonge, c'est une injustice des hommes faite aux femmes, si la non-violence est la loi de nos êtres, le futur est avec les femmes » était surnommé Bapu, le père de l'Inde, ou encore le Mahatma, la grande âme. Lui, c'est Mohandas Karamchand Gandhi. Dès 1915, il parcourt les campagnes et voit la misère des masses indiennes, « les slumdogs ». En 1919, la publication d'un rapport ôtant aux opposants politiques toute garantie juridique et la terrible répression qui s'abat sur le Pendjab en réponse à l'agitation nationaliste l'ont convaincu d'entrer dans la voie de la rebellion, celle de la « satyagraha », littéralement la force née de l'amour et de la fermeté qui pousse à refuser de coopérer et d'obéir aux lois injustes, mais en se gardant de toute violence pour amener l'adversaire à la reddition...
Le 1er août 1920, à l'appel de Gandhi, des milliers d'Indiens sortent de leurs remises de vieux rouets abandonnés. Bientôt monte dans les campagnes le bruit sourd des métiers qui filent le coton pour fabriquer le « khadi », une étoffe blanche tissée à la main que Gandhi et ses partisans vont adopter comme unique vêtement. Durant toute l'année 1921, le petit homme malingre au crâne rasé parcourt l'Inde et fait distribuer 2 millions de rouets organisant ainsi le filage et le tissage artisanal. Lui-même fait vœu de ne prendre aucune nourriture avant d'avoir filé chaque jour une demi-heure. En faisant revivre l'artisanat textile, Gandhi entend donner du travail aux paysans, réduits trop souvent par leur pauvreté à un unique bol de graines séchées. Il veut finir avec les achats onéreux de cotonnades de Manchester, et, comme la destruction est le moyen le plus rapide de stimuler la production, il appelle les Indiens à brûler étoffes et vêtements étrangers. L'Inde s'installe ainsi dans la résistance à la Grande-Bretagne, et dans ce grand mouvement de révolte pacifique qui saisit l'Inde, le rouet devient vite un symbole. Cet instrument a permis à cette nation d'épargner 600 millions de roupies par an en mettant fin aux importations de cotonnades ; il a fait reculer le chômage et permis à des millions d'Indiens de subvenir à leurs besoins. Le rouet accompagnera Gandhi dans sa longue marche jusqu'à la proclamation de l'indépendance en 1947, une année avant son assassinat par un extrémiste hindou...

La vente aux enchères des affaires personnelles ayant appartenu au Mahatma Gandhi et qui devait avoir lieu en mars dernier à New york avait suscité des remous en Inde, et son arrière-petit-fils Tushar Gandhi voyait dans leur dispersion une insulte au pays. Le milliardaire indien Vijay Mallia les a rachetées pour la somme de 1,8 millions de dollars et...

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