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Lifestyle - Hotte d’or

Mes orteils léchés…

Je n'aurais pas dû faire ma chronique. Je suis en vacances. Sur une île. Mais mon rédacteur en chef est un tyranneau. J'ai fini par dire oui parce que j'aime ses yeux très bleus. Bref, j'écris. De sous le soleil exactement. Et parce que je suis moi (je ne sais pas utiliser un ordinateur), j'écris à la plume (noire) et sur des feuilles blanches que je fais gentiment faxer au journal. Hier, j'ai écrit de sur le sable blanc dans un coin des Maldives. Mes doigts de pieds en éventail caressés par les vagues et par la maestria de Kevin. J'écris en John Malkovich alias le vicomte de Valmont dans Les Liaisons dangereuses de Stephen Frears : j'écris sur le dos sublimement hâlé du très jeune Kevin : il est couché sur le ventre ; j'écris sur ses muscles de dos (ses trapèzes, ses grand et petit rhomboïdes), mais je n'ai absolument aucune envie d'écrire. Je ne sais même pas ce qui se passe dans le monde. Je suis sur mon île depuis cinq jours et je ne regarde pas la télévision, je n'écoute pas la radio, je ne lis pas les journaux, je n'ai pas de connexion Internet, et j'ai jeté mon portable dans les cabinets de ma suite nuptiale en tirant la chasse d'eau plaquée or. Je suis Ava Gardner retirée dans son couvent azuréen, océanique. Il faut dire aussi que mon programme quotidien m'interdit toute relation avec le monde. À 11h25, Kevin me réveille en léchant de la confiture de myrtilles sur mon cou. Il me tend une coupette de Veuve Clicquot dont j'utilise les dernières gouttes pour me brosser les dents avec un dentifrice à l'algue bleue très bio. Ensuite, nous descendons sur la plage. Lui avec Michel Vaillant et moi avec Madame Bovary dont je m'amuse, entre deux lampées de champagne, à gueuler quelques phrases. Je fais peur aux mouettes. Je souris toute seule, comme cette (grande) enfant que je suis, et Kevin me regarde avec des yeux de rouget frit - je lui pardonne tout, sa fougue de teenager me fait tout oublier. Nous déjeunons nonchalamment ensuite de quelques tranches d'ananas et de mangues avec un peu de riz sauvage parfumé à la cardamome et à la Clicquot. L'après-midi, naturellement, nous faisons la sieste. Crapuleuse, la sieste, naturellement. Nous nous habillons ensuite (mon paréo Inès de la Fressange, mes Louboutin léopard et ma minaudière Paula K ont fait sensation hier, une sosie surliftée de Donatella Versace, à moins que ce ne soit elle, m'a méchamment zyeutée) et nous descendons boire des cocktails dentelés, incandescents, sur la terrasse de l'hôtel. Kevin a cet air si béat et si crétin que j'en deviens toute émue : nous refaisons follement l'amour dans la salle de piano déserte de ce palace pseudo-viscontien. Puis nous dînons. Du poisson. Quelques tranches de poutargue. Ensuite, ce grand dadais de Kevin m'emmène sur sa moto et nous nous promenons dans l'île. Bonnie and Clyde. C'est tout. C'est sublime. Chaque jour recommence inlassablement. C'est sublime. Je reviens à Beyrouth ce dimanche. C'est fâcheux. En attendant, c'est diablement miam-miam.
Je n'aurais pas dû faire ma chronique. Je suis en vacances. Sur une île. Mais mon rédacteur en chef est un tyranneau. J'ai fini par dire oui parce que j'aime ses yeux très bleus. Bref, j'écris. De sous le soleil exactement. Et parce que je suis moi (je ne sais pas utiliser un ordinateur), j'écris à la plume (noire) et sur des feuilles...

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