Rechercher
Rechercher

Culture - Correspondance

« Richard III » version koweïtienne et son royaume « arabe » pour un cheval

Dans les pays du Golfe, actuellement, comme en Angleterre à la veille de la guerre des Deux-Roses... C'est ce que relate une pièce de théâtre, intitulée « Richard III : une tragédie arabe », qui a été présentée au Kennedy Center dans le cadre du festival Arabesque.
L'auteur, Souleyman al-Bassam, parle en connaissance de cause : de père koweïtien et de mère britannique, il a fait le va-et-vient entre ces deux cultures héritées et qu'il a bien assimilées. Il a trouvé dans la tragédie de Shakespeare des motivations et des pratiques politiques ayant toujours cours aujourd'hui dans un Moyen-Orient qui connaît des bouleversements complexes. Il a placé son action dans un riche pays pétrolier où les luttes fratricides pour la conquête inexorable du pouvoir sont aussi sanguinaires et tribales que celles de l'Angleterre du XVe siècle.
Dans cette adaptation, il a pris des libertés scéniques et linguistiques. Avec l'aide du traducteur Mehdi al-Sayigh, il a interprété le langage shakespearien dans un arabe courant et idiomatique, usant parfois de paraphrases et de réécriture. Côté chronologie, il a notamment fait précéder la célèbre première phrase de la pièce, (« Voici l'hiver de notre déplaisir changé en glorieux été par le soleil de York »), par une puissante tirade de la reine Margaret, veuve amère du roi Henry VI. Un point de départ qui annonce la force et la dynamique dont il a imprégné ce spectacle dans le fond et la forme.

Jouée en arabe à Strattford-Upon-Avon
Sa perception des leaders des pays arabes contemporains se coule parfaitement dans le moule formaté par Shakespeare. Son Richard III, duc de Gloucester chez Shakespeare, apparaît vêtu d'une « dechdéché » blanche, le cou soutenu par une « minerve » et les poches bourrées de dollars. Le pernicieux Buckingham arbore un costume occidental et contrôle les médias, dictant continuellement à un reporter de la télévision, déboussolé, la manière d'annoncer le dernier en date des meurtres comme un glorieux développement démocratique. Il envoie aussi des e-mails à l'ambassadeur américain pour le mettre à jour sur les dernières machinations politiques. Car ces tyrans arabisés et actualisés assoient leur autorité à l'aide de la technologie moderne et de la propagande sophistiquée. Tout au long de la pièce on voit, à travers un écran placé au fond de la scène, un homme assis devant un ordinateur. Il voit tout et tout le monde. Au temps du célèbre dramaturge anglais, on utilisait bien la terreur pour censurer et justifier des arrestations arbitraires.
Tous les acteurs (de différents pays arabes, libanais, égyptiens, koweïtiens, syriens, jordaniens) sont à la hauteur de cette version shakespearienne forgée avec brio par Souleyman al-Bassam. Les caractères sont soulignés par un ensemble musical arabe placé sur scène. L'acteur syrien Fayez Kazak, avec sa voix modulée et sa gestuelle corporelle féline et nerveuse, incarne Richard III, toujours aux aguets et le propos au bout de la langue. Et lors de la bataille finale, alors que son cheval tombe et qu'il crie « Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! », il succombe sous les coups de son rival Richmond...Un général américain qui, d'une voix glaciale, prononce en anglais les derniers mots de la pièce arabe qui se veulent rassurants: «God say amen.» Au même moment, un groupe d'insurgés apparaît derrière lui prêt à se battre au nom de Dieu et scande : « Allahou Akbar ».
Cette œuvre est la première adaptation arabe de Shakespeare qui ait été jouée (en 2007) au cœur même du royaume du plus grand des dramaturges anglais, Strattford-Upon-Avon.
L'auteur, Souleyman al-Bassam, parle en connaissance de cause : de père koweïtien et de mère britannique, il a fait le va-et-vient entre ces deux cultures héritées et qu'il a bien assimilées. Il a trouvé dans la tragédie de Shakespeare des motivations et des pratiques politiques ayant toujours cours aujourd'hui dans un...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut