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Économie

La relance budgétaire de plus en plus mal vue au Royaume-Uni, hôte du G20

À huit jours du G20 à Londres, le Premier ministre britannique Gordon Brown, hôte du sommet et réputé favorable aux appels américains à de nouveaux efforts de relance dans le monde, se trouve confronté dans son propre pays à une vague d'appels à la prudence budgétaire.
Le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) lui-même, Mervyn King, a appelé à attendre l'effet des premières mesures avant d'en lancer d'autres, un avis qui reflète celui de la plupart des Européens.
« Nous ferons tout ce qu'il y a à faire » pour sortir le pays de la crise, martèle M. Brown depuis l'automne. Son gouvernement a déjà lancé un plan de relance de 20 milliards de livres (22 milliards d'euros) fin novembre, avec pour mesure phare une baisse de deux points et demi de TVA, à 15 %.
Ces plans portaient déjà en eux le germe d'un déficit public de 10 % du produit intérieur brut (PIB) l'an prochain, cela avant même que les prévisions de recul du PIB britannique n'aient encore empiré : il devrait baisser de plus de 3 % cette année, entraînant un peu plus dans sa chute les recettes fiscales.
Alors que les conservateurs se désespéraient depuis l'automne de ce qu'ils considèrent comme une imprudence budgétaire qui pèsera sur les générations suivantes, ils ont subitement trouvé des alliés cette semaine.
La principale confédération patronale, la CBI, a d'abord appelé le gouvernement à la prudence. « Les perspectives des finances publiques sont déjà alarmantes, et un nouveau plan de relance est inabordable et ferait se retrancher les ménages et les entreprises dans la crainte d'impôts plus élevés à l'avenir », a ainsi estimé le vice-directeur général de la CBI, John Cridland.
Puis, un ancien ministre travailliste, Stephen Byers, a appelé le gouvernement à supprimer la baisse de TVA, estimant qu'elle avait « fait son temps » et que l'argent serait mieux employé à exonérer d'impôts les travailleurs les moins payés.
Mais l'avertissement le plus sévère est venu du gouverneur de la BoE qui a estimé mardi qu'il « allait falloir se faire pendant les deux à trois prochaines années à de très gros déficits budgétaires ». Selon lui, la situation britannique « ne permet pas de se dire : "Tiens, pourquoi ne nous embarquerions-nous pas dans un autre grand plan de relance" ? »
M. King a estimé qu'il valait mieux compter sur la politique actuelle de son institution, taux d'intérêt quasi nuls et mise en route de la presse à billets virtuelle, pour soutenir l'économie.
M. Brown a minimisé hier les apparentes dissensions avec M. King, en rappelant justement que les deux mesures adoptées par la BoE venaient à l'appui du plan de relance annoncé en novembre. Il faut « regarder les résultats de la combinaison de ces trois éléments », a-t-il dit.
M. Brown, cornac du sommet et appelé en conséquence à tenter de mettre en ordre impeccable les éléphants du G20 le 2 avril, semble avoir décidé, pour mettre tout le monde d'accord, de recommander l'usage de ces ingrédients à un dosage adapté à chaque économie.
« Personne n'aura à mettre sur la table du G20 son budget de l'année prochaine », a-t-il assuré, sans pour autant dévoiler ce qu'il comptait faire chez lui lors du budget du 22 avril.
Les travaillistes, son parti, ont actuellement douze points de retard sur les conservateurs dans les sondages. Le responsable des Finances du parti conservateur, George Osborne, a fait remarquer qu'à l'automne, M. Brown accusait son parti d'être isolé dans la critique de la politique de dépenses du gouvernement. Aujourd'hui « c'est lui qui paraît de plus en plus isolé chez lui et à l'étranger », a-t-il dit.
À huit jours du G20 à Londres, le Premier ministre britannique Gordon Brown, hôte du sommet et réputé favorable aux appels américains à de nouveaux efforts de relance dans le monde, se trouve confronté dans son propre pays à une vague d'appels à la prudence budgétaire.Le gouverneur de la Banque d'Angleterre...

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