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Économie - Tribune libre

Le Liban face à la crise

Par Louis Hobeika
Contrairement aux crises précédentes, notamment celles d'Amérique latine et d'Asie, la crise actuelle s'étend à toutes les régions. La crise bancaire et financière est devenue réelle, partout et simultanément. Elle découle de la forte croissance des dettes individuelles et commerciales privées et non de la dette publique. C'est une crise des institutions, de la régulation et de la supervision, celle d'un système théoriquement correct, mais qui a mal fonctionné. C'est une crise dont on ne connaît pas encore l'ampleur finale des dégâts ni les leçons à tirer pour empêcher une répétition à l'avenir.
Qui aurait dit que le livre de J.K. Galbraith, publié en 1955 sur « La crise de 1929 », redeviendrait un « best-seller » à l'échelle planétaire en 2009 ? Qui aurait dit qu'on reviendra aux politiques keynésiennes et à une intervention croissante de l'État dans l'économie ? Qui aurait dit qu'on reviendra aux politiques de nationalisation partielle ou totale des banques et des entreprises après des décennies de privatisations effrénées ? Qui aurait dit que les institutions publiques américaines penseraient de nouveau au protectionnisme au niveau commercial, mais aussi dans le domaine de l'emploi ? Qui aurait pensé que le premier pays d'accueil au monde ferait la différence, en 2009, entre un citoyen américain né aux États-Unis et un autre naturalisé ? Qui aurait pensé qu'il tenterait de revenir au slogan « acheter américain » dépassé ? C'est une Amérique renfermée que nous ne connaissons pas. Nous vivons dans un monde en choc, inquiet, et troublé.
Pour sa part, le gouvernement libanais actuel ne peut qu'approuver le budget 2009 et organiser les élections législatives du 7 juin. Après le scrutin, la coalition gagnante devra former seule le gouvernement, et la partie perdante passer à l'opposition efficace et ouverte pour servir l'intérêt des Libanais. Les gouvernements d'union nationale ne sont jamais productifs et tuent la démocratie, surtout lorsqu'elle est fragile comme la nôtre. Avec un gouvernement solide, appuyé par une majorité parlementaire, les réformes et les politiques économiques doivent être mises en œuvre pour faire face à la crise qui nous menace un peu plus chaque jour. À cet égard, le dernier rapport du FMI présente un tableau complet des défis auxquels le Liban est confronté.
Pour réussir sa mission, le prochain gouvernement devrait d'abord améliorer le climat d'investissement. Les entreprises libanaises, surtout les PME, souffrent depuis 2005. La phase qui suit les élections doit viser à les soutenir et à attirer l'investissement à travers le renforcement des 4 piliers suivants : la sécurité et la stabilité, les finances publiques et l'infrastructure, les travailleurs et le marché du travail, et enfin les régimes réglementaire et de taxation.
Le gouvernement devra ensuite œuvrer à améliorer la performance de l'administration publique qui souffre de corruption et de manque de productivité. Toutes les études démontrent une relation négative entre la corruption et la croissance économique, car la corruption accroît les coûts opérationnels des entreprises et diminue leur taux de rentabilité. La corruption nuit également au système fiscal en le rendant moins équitable vis-à-vis des classes moyennes et pauvres. Enfin, la corruption affecte négativement la qualité des services sociaux et nuit donc à la stabilité sociale. Il est dans l'intérêt des Libanais d'appuyer les réformes administratives pour augmenter l'efficacité et la productivité des services publics.

Louis Hobeika
Expert en économie
Contrairement aux crises précédentes, notamment celles d'Amérique latine et d'Asie, la crise actuelle s'étend à toutes les régions. La crise bancaire et financière est devenue réelle, partout et simultanément. Elle découle de la forte croissance des dettes individuelles et commerciales privées et non de la...

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