Rechercher
Rechercher

II - Les racines du Hezbollah et ses liens avec Téhéran : un tour d’horizon de Saoud el-Mawla

II - Les racines du Hezbollah et ses liens avec Téhéran : un tour d’horizon de Saoud el-Mawla

Les liens historiques, religieux, structuraux entre la communauté chiite libanaise et l'Iran remontent aux années 70, et même à plus loin dans l'histoire (voir « L'Orient- Le Jour » du samedi 7 mars). Ces liens se sont toutefois particulièrement consolidés et ont pris une tournure nettement idéologique avec l'émergence du Hezbollah au milieu des années 80, dans le sillage de l'instauration de la République islamique à Téhéran, en 1979. Comme le souligne Saoud el-Mawla, professeur à l'Université libanaise et l'un des grands experts en la matière, les prémices du projet politique du Hezbollah sont apparues en réalité dès 1978 et ont commencé à prendre forme en 1975 avec la décision des dirigeants du parti chiite al-Daawa - qui constitueront plus tard le noyau du futur Hezbollah - d'infiltrer le mouvement Amal, ce qui donnera naissance au courant « Amal islamique » en 1982. Déjà à cette époque, l'on retrouve comme éléments moteurs du courant chiite radical, proche de la nouvelle République islamique, la plupart des ténors actuels du Hezbollah.
L'invasion israélienne de 1982 a incontestablement servi de catalyseur à l'implantation au Liban, à partir de 1982, des Pasdarans iraniens qui ont pratiquement pris le contrôle de la plaine de la Békaa, y installant une vaste infrastructure militaire, sociale, médicale et éducative qui a servi d'encadrement idéologique à la mise en place du Hezbollah, lequel est ainsi une émanation directe des gardiens de la révolution iranienne. Les Pasdarans installés dans la Békaa faisaient partie du « fawj el-Qods » (la « brigade de Jérusalem »). Une donne toute symbolique qui illustrait déjà à l'époque la volonté du régime des mollahs d'installer des têtes de ponts aux frontières avec Israël. La plus importante de ces têtes de ponts est, à l'évidence, le parti de Dieu, mais les événements de ces derniers mois ont montré aussi que le Hamas et le Jihad islamique constituent un point d'appui non négligeable de la République islamique au Proche-Orient.
Il reste que bien au-delà des liens militaires, logistiques, religieux et financiers, c'est surtout le système de la « wilayat el-fakih » mis en place par l'ayatollah Khomeyni en 1979 - reprenant à son propre compte un type de gouvernement instauré au XVIIIe siècle durant la période safavide - qui cimente surtout les rapports idéologiques du Hezbollah avec Téhéran, et plus particulièrement avec le guide suprême de la République islamique. Comme le souligne fort à propos Saoud el-Mawla, qui fait le tour de la question dans cette seconde partie de notre dossier, minimiser le problème sérieux et grave posé par la « wilayat el-fakih » relève d'un opportunisme politique aveugle, « doublé d'un fascisme ignorant », dans la mesure où une telle banalisation d'une question de fond aux retombées profondes a pour but évident d'exploiter la force chiite présente à des fins essentiellement politiciennes. Cette banalisation est d'autant plus déplorable que, comme le précise le constitutionnaliste Jean Salem, la « wilayat el-fakih » n'a absolument rien à voir avec le pouvoir spirituel du Vatican sur les catholiques - comparaison avancée malencontreusement par certains de nos politiciens.
C'est en exhortant le Hezbollah à tout mettre en œuvre afin d'éviter d'être le bouc émissaire d'un éventuel accord syro-israélien ou américano-iranien que Saoud el-Mawla clôture son large exposé historique. Une mise en garde qui reflète une vision particulièrement pertinente de la conjoncture présente au Proche-Orient.
Les liens historiques, religieux, structuraux entre la communauté chiite libanaise et l'Iran remontent aux années 70, et même à plus loin dans l'histoire (voir « L'Orient- Le Jour » du samedi 7 mars). Ces liens se sont toutefois particulièrement consolidés et ont pris une tournure nettement idéologique avec...