Issus d'univers différents et n'ayant pas souvent emprunté les mêmes chemins, les trois artistes ont cependant un phrasé musical similaire quand ils se retrouvent sur scène. La musique est pour eux un espace de joie, un instant de grâce qu'ils aiment à partager avec l'audience. Ainsi, c'est à plusieurs reprises et avec beaucoup d'humilité qu'ils se sont tournés vers le public le remerciant chaleureusement pour son accueil et expliquant par la même occasion les morceaux qu'ils allaient interpréter.
Cette rencontre musicale (car c'en est bien une, puisque les musiciens dialoguent avec l'audience) va débuter sur des compositions signées Tim Garland. From the Land, Bourdion, Black Elk ou Winding Wind illustrent l'éclectisme de ce talentueux auteur-interprète qui a reçu le prix de l'innovation à la BBC Jazz Awards et sillonné la route durant des années avec Chick Corea. Puis c'était au tour du jeune pianiste Simcock d'interpréter deux de ses compositions, accompagné toujours par ses acolytes. And Then She Was Gone est une triste histoire d'amour où pointe quand même l'espoir, selon le musicien. Elle sera vite suivie par un morceau plus entraînant, baptisé Fundero, car, dit Malcom Creese en rigolant : « Après l'avoir qualifié de rumba, nous nous sommes rendu compte que ce n'en était pas une. Nous l'avons alors intitulé "Fandango", qui est devenu aujourd'hui une fusion des deux termes. »
Après une courte pause, les musiciens enchaîneront sur un autre genre de répertoire. Une sélection de trois poèmes de Stéphane Mallarmé, composés par Ravel (lequel, installé en Amérique, était féru de jazz) et réarrangés respectueusement par Tim Garland.
Tout en sobriété et en douceur, la musique que le « Trio acoustique » instaure est chaleureuse et envoûtante. Mêlée souvent d'improvisations, dont Simcock nous donnera une preuve, elle est également novatrice et avant-gardiste. Que du bonheur avec ce morceau de Cole Porter, All of You, qu'ils interprètent à leur manière, et quelle élégance que de saluer l'ambassadeur tchèque et son épouse avec un extrait de La Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Quel humour aussi que de s'adresser au public en lui demandant s'il est encore là. Et enfin quelle générosité que de revenir après un bis final avec un dernier morceau de Garland.
Non, Malcom Creese, Tim Garland et Gwilym Simcock, le public du festival n'est pas prêt d'oublier leurs noms car il les a déjà adoptés.
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