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Culture - Photos

Des rochers aux oreillers, le parcours de Gilbert Hage

« ...And Last But Not Least, Pillows ». C'est sous ce titre insolite que Naïla Kettaneh Kunigk présente six projets photographiques de Gilbert Hage dans les locaux de la galerie l'Ébéniste, centre Gefinor*.
En donnant à voir, jusqu'au 28 février, six séries de photos de Gilbert Hage, Naïla Kettaneh Kunigk propose une sorte de rétrospective partielle du travail de cet artiste qui cultive un certain regard.
Un regard, par caméra interposée, qui scrute, confronte, ironise... Et délivre, dans des photos au cadrage soigné soutenu par une grande finesse du détail et un tirage parfait, une réflexion originale, un point de... vue singulier. Lequel peut se porter aussi bien sur un concept géographico-territorial qu'un phénomène sociologique ou une exploration du domaine de l'intime.
C'est ce qui ressort de l'exposition «...And Last But Not Least, Pillows » qui retrace - de manière non exhaustive toutefois - le parcours de Gilbert Hage de 1997 à 2008.
Un parcours qui s'enclenche, en 1997, avec une magnifique série baptisée Le sentier des douaniers. Des clichés, pris en caméra argentique, d'un paysage de granit : un sentier rocheux d'où les douaniers bretons ont l'habitude de surveiller le littoral. Et que le photographe reproduit en une quinzaine de variations, de petits formats (15 x 10cm), traitées en noir et blanc pour mettre en évidence le rendu de la matière, le palpable de la texture, et donner une impression d'abstraction à la poésie intemporelle.
Toujours en Bretagne, mais prise quelques années plus tard : la série Beauduc tient plus cette fois de la photo documentaire. En couleurs. Des images de terrain vague squatté par des caravanes et qui expriment, par la répétition et la frontalité, une réalité paradoxale. À savoir la vie dans ce lieu déserté. Une vie d'ailleurs, invisible, évoquée subrepticement, presque « clandestinement », par le regroupement de voitures et remorques. Fermées ou vides.
Beauduc sera d'ailleurs déserté sur décret gouvernemental quelques mois après la prise de vue, indique le communiqué de presse de l'exposition.  
Beyrouth, réalisée après la guerre de 2006, confronte à travers trois grands formats en couleurs montrant des chantiers urbains, les notions de reconstruction et de destruction. Là aussi, le cadrage, l'équilibre de la composition donnent à ces paysages une esthétique immanente.  

Strings et vues plongeantes
Mystère et ficelle de Strings. C'est ce qu'inspire la série des cinq grandes photos (105 x 85cm) montrant des « arrière-trains » de femmes assises à un bar. De leurs pantalons dépasse invariablement un string. Instantanée ou posée ? La réponse ne change pas grand-chose au phénomène sociologique que ces images évoquent.
Même incursion - sans doute consentie ! - dans le domaine de l'intime, à travers la vingtaine de photos (15 x 10cm) de décolletés féminins prises en plongée. Mais au moyen d'un téléphone portable. Une série intitulée Phone[ethics] qui pose, malicieusement, la question de l'impact des nouvelles technologies dans les comportements voyeuristes. Et, par-delà, exhibitionnistes.
At Last But Not Least... l'intimité « comme enjeu social contemporain majeur où l'objet se livre publiquement ». C'est ce que veut évoquer Gilbert Hage dans la dernière série exposée. Six portraits géants d'oreillers (134 x 105), baptisés chacun d'un prénom de femme (cela va d'Huguette à Ingrid, en passant par Julia ou encore Berthe...) qui, par les histoires de rencontres ou de fantasmes qu'ils suggèrent, mettent en branle l'imaginaire du visiteur. Un jeu, appuyé par le texte « ouaté » de Gilbert Hage qui accompagne cet accrochage. Et qui parle de « traces ou constats laissés de celles que j'ai rencontrées, ou que j'aurais pu rencontrer un jour. Traces de ces relations intimes, réalisées ou fantasmées. (...). Entre le dévoilement d'une intimité et la suggestion de désir, mon projet veut livrer au spectateur un objet qui demeure anodin, mais qui pose la question d'imaginaire de la consommation ».
Entre le poids des mots et le choc des photos, chez Gilbert Hage on choisi bien sûr le langage de la caméra. Un langage absolument maîtrisé, qui lui a valu d'ailleurs le prix du Jury du Salon d'automne de l'année dernière. Pour une œuvre (non accrochée ici) de la série Pillows.

* Jusqu'au 28 février. Gefinor, bloc E. Horaires d'ouverture, du lundi au vendredi de 11h à 19h. Samedi : de 11h à 17h. Tél. 01/738706-708.  
En donnant à voir, jusqu'au 28 février, six séries de photos de Gilbert Hage, Naïla Kettaneh Kunigk propose une sorte de rétrospective partielle du travail de cet artiste qui cultive un certain regard. Un regard, par caméra interposée, qui scrute, confronte, ironise... Et délivre, dans des photos au cadrage soigné soutenu par...

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