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Stéroïdes anabolisants pour un corps musclé : attention, danger !

Le professeur Sélim Jambart : « Les produits dopants mettent les jeunes en situation de maladie »

Les stéroïdes anabolisants et les hormones de croissance ont de nombreux effets secondaires. Des programmes de sensibilisation des adolescents leur permettraient d'éviter de se faire prendre dans ce dangereux engrenage.
« L'utilisation par les adolescents de produits dopants est de plus en plus fréquente, plus particulièrement ces deux dernières années. » Telle est la constatation du professeur Sélim Jambart, au fil des consultations et des rencontres avec de jeunes patients. Des patients qui sont généralement emmenés contre leur gré, chez le médecin, par des parents inquiets, dès l'apparition des premiers effets secondaires, notamment l'apparition de seins. « Les adolescents qui utilisent des produits dopants ont plus ou moins tous la même histoire, ils ont aussi le même parcours stéréotypé », observe le chef du service d'endocrinologie et des maladies métaboliques à l'Hôtel-Dieu de France. Après s'être inscrits dans des clubs sportifs pour y faire de la musculation, ils ont tendance à se comparer aux athlètes plus musclés qu'eux, et plus particulièrement à leurs coaches qui leur conseillent aussitôt de prendre des additifs, qu'ils baptisent tous protéines. Le professeur observe que la prise de protéines est en quelque sorte « une première étape pour les adolescents », qui n'est pas dramatique. « Mais un excès de protéines peut avoir une incidence sur le taux de cholestérol, car il modifie le profil lipidique dans le sang. »

Le refus de consulter
Sélim Jambart indique que dans une seconde étape, les instructeurs sportifs des jeunes athlètes, se présentant comme compétents, vont pousser les adolescents, sous la forme de conseils, voire de menaces indirectes, à prendre de nouveaux additifs qui vont renforcer leurs muscles. Les adolescents se lancent alors dans la prise de stéroïdes anabolisants puis d'hormones de croissance, qui sont en vente libre en pharmacies, jusqu'à en devenir dépendants, car les résultats sont satisfaisants et leurs muscles plus beaux et plus développés. « Je me demande si certaines pharmacies ne sont pas de mèche avec les instructeurs sportifs pour attirer les nouveaux venus », lance-t-il, estimant qu'il existe un véritable commerce des produits dopants. « Cela ne m'étonnerait pas non plus que la vente de ces produits soit une source de gagne-pain pour ces coaches, d'autant que les hormones de croissance sont très chères, les traitements suivis par les jeunes se chiffrant parfois à plusieurs dizaines de milliers de dollars », ajoute-t-il.
L'endocrinologue poursuit que « les jeunes n'ont aucune idée de ce qui les attend plus tard », et qu'ils « refusent souvent de consulter un médecin, malgré la pression parentale ». « Lorsqu'ils consultent finalement, à l'apparition des premiers symptômes, nous découvrons que leur corps est un véritable laboratoire d'hormones. Nous les sentons également conditionnés, mal à l'aise d'être contraints d'abandonner la prise d'hormones », constate-t-il.
À ces jeunes encouragés à consommer des stéroïdes, le professeur Jambart adresse une véritable mise en garde, assurant que les produits qu'ils prennent, par voie orale ou par injection, ont nécessairement des effets secondaires liés à l'excès d'hormones. « Car, précise-t-il, le principe du dopage par les hormones consiste à ingérer plus d'hormones que la quantité normale produite par le corps. La personne se met alors en état de maladie par excès d'hormones. »

Inconscients des risques
Énumérant les effets secondaires des stéroïdes anabolisants, Sélim Jambart affirme que ces stéroïdes ne sont pas des hormones naturelles, mais des hormones de synthèse. Il précise que « ces hormones, même prises en injections, sont toxiques pour le foie et risquent de provoquer des maladies hépatiques et des cancers du foie ». Quant aux comprimés, ils passent directement dans le foie et risquent de perturber gravement le métabolisme. Ils peuvent notamment provoquer un déséquilibre du cholestérol, car ils diminuent le taux de bon cholestérol. De plus, le système physiologique masculin est entièrement bloqué ; « les testicules ne produisent plus de spermatozoïdes et leur taille diminue, ce qui peut entraîner des problèmes de fertilité et même la stérilité ». Les stéroïdes risquent également de provoquer « une poussée mammaire ».
L'endocrinologue ajoute que « les hormones de croissance, beaucoup plus lourdes que les stéroïdes anabolisants, lorsqu'elles sont prises dans le but de développer les muscles et de réduire les graisses, donc quand elles sont ingérées en quantité plus importante que la quantité physiologique normale, risquent de provoquer chez les utilisateurs des problèmes de diabète, d'hypertension et d'insuffisance cardiaque ». Elles peuvent aussi être la cause du développement de tumeurs, s'il existe une tumeur latente. Enfin, remarque le professeur Jambart, lorsque ces adolescents auront grandi et qu'ils décideront d'arrêter la prise de produits dopants, « leurs muscles deviendront flasques ».
Satisfaits d'avoir de beaux muscles, « les adolescents ne sont pas conscients de tous les risques qu'ils prennent. C'est la raison pour laquelle il est difficile de les convaincre de cesser d'ingurgiter des produits dopants », conclut le médecin qui préconise d'ailleurs des programmes de sensibilisation destinés aux adolescents, pour leur apprendre à éviter d'être pris dans cet engrenage.

A.-M. H.
« L'utilisation par les adolescents de produits dopants est de plus en plus fréquente, plus particulièrement ces deux dernières années. » Telle est la constatation du professeur Sélim Jambart, au fil des consultations et des rencontres avec de jeunes patients. Des patients qui sont généralement emmenés contre...