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Actualités - OPINION

En toute liberté La saveur de la paix et l’odeur de la poudre Fady Noun

Merci. Après tout, c’est un peu à Michel Aoun qu’on doit Michel Sleiman. Ainsi le veut l’histoire qu’un homme de guerre – non sans une longue résistance – ait permis l’arrivée d’un homme de paix. Michel Sleiman a sans doute moins de panache. Mais ramener le Liban petit à petit vers une ligne médiane, après les aventures de Aoun et du Hezbollah dans le centre devenu chancre, ce n’est pas rien en termes d’aventures. Et favoriser, par sa seule modération, l’apparition d’un « centre politique », n’est pas rien non plus. C’est même beaucoup, après la terreur des années précédentes. Un parti du centre, que rejoindront, on l’espère, ces admirables et laborieux artisans de paix que sont les Arméniens, c’est une bonne dose d’extrémisme en moins pour le pays. Incolore ? Inodore ? La saveur de la paix vaut bien l’odeur de la poudre. Certes, tout peuple a besoin de héros, d’aventuriers de l’histoire. Michel Aoun s’est cru l’un d’eux. Il a même posé quelques difficultés à l’histoire. Mais son peuple l’a détrompé et sa vocation a été frustrée. Et l’aventure, il y a longtemps qu’elle a fait naufrage dans les névroses qui nous ont été infligées. En danger de paix, Michel Aoun a agité l’épouvantail de l’hégémonie sunnite. Cédons à son raisonnement. Mais quel intérêt aurions-nous d’en sortir, si c’est pour verser dans l’hégémonie chiite ? Les deux hégémonies ont déjà ceci de commun qu’ils peinent encore à rompre avec l’étouffoir de la pensée qu’est la lettre de toute religion. Au demeurant, sommes-nous condamnés à choisir entre l’argent chiite et l’argent sunnite ? Choisir qui nous achète serait donc la seule liberté qui nous reste ? L’ordre du Hezbollah, on le voit clairement dans ce Liban-Sud électoralement verrouillé. Il s’exprime aujourd’hui à coups de voitures dynamitées : celles du Courant chiite libre. Un courant courageux, non sans défauts peut-être, mais non sans mérite non plus. Oui, même le « féodalisme » a du bon quand il tient tête au carcan de bronze de la pensée unique, à la terreur idéologique et physique. Peuplé pour le moment de candidats chrétiens, ce merveilleux centre qui respire la mesure et la paix pourrait bientôt, la grâce aidant, voir venir à lui des candidats d’autres horizons. Ce sera son rôle d’être ce médiateur entre deux mondes, celui des bouddhas détruits de Banyan et des volets électroniques de Wall Street, de l’effondrement de la raison et de celui de la morale, le symbole du refus de toutes les dictatures, qu’elles soient celles des mollahs ou celle des marchés.
Merci. Après tout, c’est un peu à Michel Aoun qu’on doit Michel Sleiman. Ainsi le veut l’histoire qu’un homme de guerre – non sans une longue résistance – ait permis l’arrivée d’un homme de paix.
Michel Sleiman a sans doute moins de panache. Mais ramener le Liban petit à petit vers une ligne médiane, après les aventures de Aoun et du Hezbollah dans le centre devenu...