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Aïda, la mariée qui veut mourir en « martyre »

Aïda al-Qaddoumi devait se marier le 7 janvier, mais l’offensive israélienne à Gaza a chamboulé ses plans. Elle a finalement convolé en justes noces jeudi soir avec en tête le désir d’élever des « combattants » et de « mourir en martyre » en Israël. La jeune femme de 24 ans est allée dans un salon du quartier Rimal, dans le centre de Gaza, pour être maquillée et coiffée. Son mari, Fadel al-Ghoul, le frère du ministre de la Justice du Hamas, Faraj al-Ghoul, viendra la chercher dans quelques heures. Tous deux ont décidé d’annuler toute fête et toute réjouissance « par respect pour les martyrs ». D’ailleurs, la salle de mariage qu’ils avaient louée sur le front de mer a été réduite en un amas de gravats par un bombardement israélien. Assises silencieusement dans un coin du salon, des amies et des proches – toutes vêtues de niqabs noires, de longues robes couvrant de la tête aux pieds les ferventes croyantes musulmanes – accompagnent Aïda. Revêtue d’une grande robe blanche aux reflets argentés, le visage voilé, Aïda parle d’une voix basse. Elle dit être « heureuse » de se marier. Mais aussi « attristée » par les « destructions, les morts ». « Une amie à moi a perdu son frère et plusieurs de ses cousins. Beaucoup de familles ont perdu des enfants », raconte-t-elle. Elle habite dans le quartier de Choujaïya, un bastion du Hamas où les combats ont été très violents. Des dizaines de maisons ont été détruites et des dizaines de personnes tuées, dont de nombreux civils. Après le mariage, elle ira s’installer chez son mari, dans le quartier Nasser. « Pendant l’offensive, ils ont bombardé plusieurs bâtiments autour de nous. Notre maison, grâce à Dieu, n’a pas été touchée. Nous vivions quotidiennement dans la peur », ajoute-t-elle. Très pieuse, ses paroles sont ponctuées de références religieuses. « Ma vie est entre les mains de Dieu », dit-elle en réponse à une question sur ses ambitions dans la vie. Elle hausse la voix à chaque fois que le nom d’Israël est prononcé. « En Israël, ce sont des menteurs. Il n’y avait pas d’armes dans les mosquées ou dans les écoles, et pourtant ils les ont bombardées. Ils ont tué des enfants. Le monde a regardé les images et n’a rien fait ». L’État hébreu a accusé les combattants du Hamas de se cacher au milieu de la population civile pour lancer des attaques contre l’armée israélienne et d’utiliser les mosquées pour stocker des armes. Aïda dit vouloir élever ses futurs enfants dans le respect de l’islam et, surtout, leur apprendre que « la seule voie possible est la résistance pour aller au paradis ». « Je veux que mes enfants deviennent des combattants sur le chemin de Dieu », insiste-t-elle. Elle ajoute déterminée « Si on me donne l’occasion, j’irai mourir en opération martyre en Israël. » Son futur mari, Fadel, 35 ans, arrive enfin en costume sombre. Depuis plusieurs années, il travaille dans l’une des plus grandes associations caritatives créées dans les années 1970 par cheikh Ahmad Yassine, le fondateur du mouvement islamiste. Pour lui aussi, combattre Israël est un devoir. « Nous vivons ici sur notre terre, la terre de la résistance. Ils veulent nous tuer, mais nous les tuerons avant », proclame-t-il. « Dans l’opération, ils ont peut-être détruit des bâtiments, des maisons, des mosquées, mais ils n’ont pas réussi à détruire les groupes qui continuent le combat », poursuit-il. Mehdi LEBOUACHERA (AFP)
Aïda al-Qaddoumi devait se marier le 7 janvier, mais l’offensive israélienne à Gaza a chamboulé ses plans. Elle a finalement convolé en justes noces jeudi soir avec en tête le désir d’élever des « combattants » et de « mourir en martyre » en Israël. La jeune femme de 24 ans est allée dans un salon du quartier Rimal, dans le centre de Gaza, pour être maquillée et...