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Actualités - REPORTAGE

Reportage Quitter Gaza, le rêve d’Ahmad et Mohammad

Deux adolescents qui n’ont pas peur de critiquer le Hamas. Ahmad et Mohammad sont nés en 1988, quelques mois après le début de la première intifada. Du haut de leurs 20 ans, les deux étudiants en architecture n’ont aujourd’hui qu’un rêve : quitter Gaza, où ils disent n’avoir aucun avenir tant que le Hamas la contrôlera. « Partir, dès qu’on pourra sortir de la bande de Gaza », répond Mohammad quand on lui demande ce qu’il veut faire. S’il songe surtout à retrouver sa sœur en Suède, le jeune homme longiligne aux traits fins n’hésiterait pas à s’installer dans n’importe quel autre pays s’il en avait la chance. Ahmad, la barbe de trois jours et les cheveux en bataille, voudrait, lui, partir en Syrie où vit sa mère. « Si le Hamas reste au pouvoir, demain sera pareil qu’aujourd’hui. Rien ne changera », explique-t-il, attablé à un restaurant de kébab du centre-ville de Gaza. Mohammad est convaincu aussi qu’en dépit de la guerre qui vient d’opposer Israël au Hamas, c’est ce dernier mouvement, et pas le Fateh, au pouvoir en Cisjordanie, qui fait le jeu de l’État hébreu. « Les Israéliens préfèrent ceux qui leur disent “non”, parce que cela leur donne un prétexte pour venir nous écraser », dit-il. « Israël n’aime pas les gens qui disent “oui”, comme (Mahmoud) Abbas », le président palestinien et chef du Fateh, engagé dans des négociations de paix avec Israël. Ahmad renchérit : « On n’est de toute façon pas assez fort pour gagner contre Israël. » Tous les deux n’ont pas de mots assez durs pour critiquer le chef du Hamas, qu’ils accusent de mensonges, depuis son exil syrien. « Khaled Mechaal est bien au chaud à Damas, il mange bien, il dort bien. Il nous dit qu’on a gagné alors que 1 300 Palestiniens sont morts », assène tout haut Mohammad, sans souci du qu’en-dira-ton. « S’il était sous les bombes, à Jabaliya (nord de Gaza), son opinion serait différente. » « Le Hamas tient la bande de Gaza par la gorge », ajoute Ahmad qui, comme son ami, n’hésite pas à critiquer le mouvement islamiste, alors que la population de Gaza se garde généralement de le faire de crainte de représailles. Tous deux parlent de paix sans sembler y croire vraiment, sans illusion non plus sur ce que l’entrée à la Maison-Blanche de Barack Obama pourrait changer au sort des Palestiniens. Pour eux, M. Obama est avant tout « l’ami des juifs ». Tous deux habitent un quartier du sud de Gaza-ville où les blindés israéliens ne sont pas entrés durant l’offensive de 22 jours qui a dévasté le territoire palestinien. « S’ils étaient venus chez nous, on les aurait combattus. Même si on n’a pas d’armes à feu », affirme Mohammad. Ils étudient à l’Université de Palestine, sur le site de l’ancienne colonie juive de Netzarim, évacuée en 2005 par Israël, mais ne vont plus en cours car leur faculté, endommagée dans l’offensive israélienne, n’a pas encore rouvert ses portes. Après avoir passé leurs journées de guerre à suivre les nouvelles à la télévision, ils profitent de l’arrêt des combats pour passer à nouveau des soirées dehors. « Pendant les 16 premiers jours de la guerre, il n’y avait plus d’électricité chez moi, puis c’était un jour sur deux. Dans ces cas-là, le soir, on ne sort pas, on dort », explique Mohammad. Guitariste en herbe, il dit adorer la musique, en citant pêle-mêle comme chanteurs favoris Britney Spears, Feyrouz, Christina Aguilera ou l’Égyptien Amr Diab. Épris de football, Ahmad, lui, devra attendre pour rechausser les crampons. Le terrain de son équipe a été bombardé par l’armée israélienne. Jacques CLÉMENT (AFP)
Deux adolescents qui n’ont pas peur de critiquer le Hamas.
Ahmad et Mohammad sont nés en 1988, quelques mois après le début de la première intifada. Du haut de leurs 20 ans, les deux étudiants en architecture n’ont aujourd’hui qu’un rêve : quitter Gaza, où ils disent n’avoir aucun avenir tant que le Hamas la contrôlera. « Partir, dès qu’on pourra sortir de la...