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Crise financière Le Royaume-Uni officiellement en récession et plus profondément que prévu

Il s’agit de la contraction trimestrielle la plus marquée depuis 1980. Quand il était ministre des Finances, jusqu’à l’été 2007, le Premier ministre britannique Gordon Brown adorait énumérer « 59, 60, 61, et ce n’est pas fini », le nombre de trimestres de croissance ininterrompue de son pays. La série a bel et bien pris fin avec l’entrée en récession annoncée hier. Le recul du produit intérieur brut (PIB) britannique de 0,6 % du troisième trimestre 2008 n’était pas un accident, et la chute du quatrième a dépassé les craintes : -1,5 % au lieu de -1,3 % anticipé par les économistes. La production manufacturière a connu un effrayant recul de 4,6 % par rapport au troisième trimestre, et les services, ancien secteur-roi du pays, ont reculé de 1 %. C’est la première récession depuis 1991, la contraction trimestrielle la plus marquée depuis 1980, quand Margaret Thatcher commençait à redresser à la dure un pays alors sinistré, et, avec 0,7 %, la croissance de 2008 aura été la plus faible depuis 1992. Le Royaume-Uni rejoint ainsi dans la récession, entre autres, les États-Unis, l’Allemagne et l’ensemble de la zone euro. La France y échappe encore, grâce à son +0,1 % du troisième trimestre. Mais le quatrième devrait y être aussi très négatif. Les économistes britanniques attendent désormais une contraction de près de 3 % cette année, la pire depuis 1946, avant une stagnation en 2010. Howard Archer d’IHS Global Insight estime qu’il n’y a rien à attendre de la consommation, « entre un chômage qui augmente fortement » (deux millions de personnes), « un ralentissement des revenus, des prêts de plus en plus difficiles à obtenir, un marché immobilier déprimé » (-20 % sur l’année) et « un prix des actions en très nette baisse », alors que celui-ci contribue largement à fixer le montant des retraites. La seule contribution positive au PIB pourrait venir du commerce extérieur, avec une livre au plus bas face à l’euro depuis la création de celui-ci, à quasi-parité (au lieu d’1,5 euro il y a un an et demi) et au plus bas face au dollar depuis 24 ans. Gordon Brown a considéré hier que la durée de la récession « dépendrait du degré de coopération internationale » pour la combattre, une notion dont on devine qu’elle sera le leitmotiv de la présidence du G20 par le Royaume-Uni cette année. M. Brown, dont le premier plan de sauvetage des banques en octobre a été salué et imité dans le monde entier, et qui vient d’en lancer un second, a assuré que son gouvernement « combattra cette récession avec toutes les armes dont il dispose ». Le gouvernement semble si peu soucieux du coût de la lutte contre la crise, arguant qu’il serait pire de ne rien faire (on attend un déficit public d’environ 10 % cette année), que la nouvelle idée à la mode dans le pays est celle de sa faillite. L’Evening Standard, journal populaire, titrait lundi dernier sur le Royaume-Uni « Islande-sur-Tamise », comparant la prodigalité des secteurs bancaires des deux pays, qui a abouti en Islande à l’effondrement de l’économie. Le Financial Times annonçait hier un dossier de week-end intitulé « Le Royaume-Uni peut-il faire faillite ? » avec également une allusion à l’Islande. Jeudi, le leader conservateur David Cameron a même évoqué la possibilité que le Royaume-Uni ait à se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI), comme il l’avait fait dans les années 1970, et comme ont dû s’y résoudre certains pays émergents actuellement. « Ridicule », a répliqué Gordon Brown.
Il s’agit de la contraction trimestrielle la plus marquée depuis 1980.
Quand il était ministre des Finances, jusqu’à l’été 2007, le Premier ministre britannique Gordon Brown adorait énumérer « 59, 60, 61, et ce n’est pas fini », le nombre de trimestres de croissance ininterrompue de son pays.
La série a bel et bien pris fin avec l’entrée en récession annoncée...