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Actualités - CHRONOLOGIE

Concert Poésie pour un piano Edgar DAVIDIAN

Un programme riche et varié pour un pianiste au toucher remarquable. Moment de bonheur pour les mélomanes et les amis qui sont venus applaudir Ziad Kreidy à l’auditorium de la faculté de musique à l’USEK, à Kaslik. Après plusieurs prestations sur les scènes libanaises, Ziad Kreidy, chargé de cours à l’Université de Bordeaux et auteur d’un essai sur Takemitsu paru chez l’Harmattan, offre aux pianophiles libanais une soirée où le clavier a des résonances particulières entre romantisme, esprit français et emballements ibériques. Un menu (un peu long et surchargé quand même) attestant d’une belle culture musicale et incluant des pages de Chopin, Déodat de Séverac, Henri Dutilleux, Naji Hakim, Claude Debussy et Manuel de Falla… Ouverture avec Quatre mazurkas (op 24) de Chopin, partitions sur le pupitre du clavier pour tout le concert. Narration calme et poésie diaphane pour des pages à la douceur et rêverie impalpables interprétées sans emphase, excès ou mélo. Subtile influence « debussyste » pour Déodat de Séverac avec deux opus (Les naïades et le faune indiscret et Le retour des muletiers) aux accents différemment chargés du bruit de l’eau et des cadences des marches montagnardes… Plus difficile et exigeante dans sa modernité et son exploration sonore est la musique des trois préludes (D’ombre et de lumière, Sur un même accord et Le jeu des contrastes) d’Henri Dutilleux. Pour cet Angevin qui sait faire parler les silences, ces préludes sont une éloquente illustration d’un art tout en finesse. On serait tenté de dire ici ce qu’Alain Pâris a écrit à propos de cette inspiration et de cet art : « Dutilleux a fait sien ce proverbe chinois : “Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, tais-toi” »… « Abdo Habeb Ghandoura » Changement de monde, d’horizon et d’atmosphère avec L’ouverture libanaise de l’organiste Nagi Hakim. À l’instar de Walid Hourani qui avait écrit sa Rhapsodie libanaise, là aussi tous les ingrédients du patrimoine sonore libanais sont au rendez-vous avec les touches d’ivoire… De Abdo Habeb Ghandoura à l’hymne national, en passant par les ritournelles que plus d’une génération fredonne, les sons, festifs et gais, virevoltent en l’air et s’imbriquent en un patchwork coloré et exubérant. Retour au pays de l’Hexagone avec quatre nouveaux préludes (La cathédrale engloutie, Les sons et les parfums tournent dans le soir, Feux d’artifice et Des pas sur la neige) en hommage au pèlerin polonais par Claude Debussy. Poésie, richesse sonore, rêverie, images habitées par une certaine féerie, voilà l’univers de Debussy entre ombre et lumière. Tout en touches délicates comme une estampe japonaise… Pour conclure, comme un véritable feu d’artifice, du folklore flamenco revisité et réinventé par ce sorcier Manuel de Falla. En dernières mesures, c’est le triomphe, tout en panache ibérique, d’un art populaire et savant, la Fantasia Baetica du compositeur de L’amour sorcier. Tornade de notes incandescentes pour accords opalescents et rythmes sensuels d’un Andalou qui sait la profondeur et le mystère entre faiblesse de la chair et sens de l’élévation. Par-delà une mélodie chaloupée et entêtée, la voix de Falla a toujours cette suprême élégance de séduire par des modulations imprévisibles, impérieuses… Tonnerre d’applaudissements d’un public sous l’emprise d’un jeu tout en nuance (malgré les dérangeants flashs des photographes en salle et les sonneries inopportunes des portables) et d’un programme oscillant entre murmures poétiques et images sonores retentissantes. Une gerbe de fleurs pour l’artiste (qui méritait sans nul doute de se produire dans l’amphithéâtre de l’université et non dans cette salle vétuste à l’éclairage si triste) qui tire sa révérence en souriant.
Un programme riche et varié pour un pianiste au toucher remarquable. Moment de bonheur pour les mélomanes et les amis qui sont venus applaudir Ziad Kreidy à l’auditorium de la faculté de musique à l’USEK, à Kaslik.
Après plusieurs prestations sur les scènes libanaises, Ziad Kreidy, chargé de cours à l’Université de Bordeaux et auteur d’un essai sur Takemitsu paru...