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Actualités - REPORTAGE

Correspondance Pour vaincre le général Hiver, les musées jouent l’humour et l’infiniment grand

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI Pour stimuler les esprits engourdis par le froid, plusieurs musées de Washington ont opté pour des installations moitié œuvres d’art, moitié amusement. «L’automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l’hiver.» Pour raviver le tempo lent et feutré de l’hiver, ainsi perçu par George Sand, plusieurs grands musées de Washington ont joué sur l’infiniment grand qui tape à l’œil, dans le bon sens, pour stimuler les esprits engourdis. Ainsi, une éblouissante installation, créée à partir de milliers de petites lumières, illumine le tunnel reliant les deux bâtiments constituant la National Gallery of Art. Un gigantesque miroir concave s’amuse à déformer l’image des visiteurs se dirigeant vers la Sackler Gallery et une immense araignée les surprend à l’entrée du musée de sculpture, Hirshhorn. Autant d’œuvres qu’on a voulu rendre des plus visibles en les plaçant sur des passages obligés vers les musées, amenant les visiteurs à les contourner. Moitié œuvres d’art, moitié amusement, ces créations, pas du tout conventionnelles, sont à la fois nourriture de l’esprit et instants de divertissement. Un tunnel luminescent On a fait appel à des artistes de grand renom pour secouer la torpeur de l’hiver. L’artiste new-yorkais Leo Villareal, célèbre pour ses sculptures électriques, a transformé le passage reliant les deux bâtiments de la National Gallery of Art en un tunnel luminescent. Cette installation qui s’étend sur 60 mètres de long est faite de 42000 leds (semi-conducteurs organiques) produisant, du sol au plafond, des motifs qui changent continuellement et qui sont, tour à tour, une réminiscence du scintillement des étoiles, des jeux d’eau et d’un balancement d’un pointillé. Il a intitulé son œuvre Multiverse, parce que, explique la responsable de l’exposition, «il n’y a presque pas de chance que l’on voit un motif se répéter». À noter que les personnes qui, habituellement, empruntent ce passage le voient, à présent, d’un autre œil. L’« Araignée » de Louise Bourgeois Par ailleurs, en se rendant au musée de sculpture Hirshhorn, on est accueilli par une gigantesque Araignée en bronze, œuvre de la sculptrice française Louise Bourgeoise, à laquelle ce musée consacrera une exposition à partir du 26 février. Pour cette artiste (aujourd’hui 97 ans), l’araignée «est une défense contre le mal» et sa toile est une référence à ses parents qui réparaient des tapisseries. Cet arachnide de 8 x 2 mètres, doté de multiples pattes et ayant une surface bosselée, veut être aussi comparé à un refuge primitif, fait de branches d’arbres noueuses. Vue de haut, l’araignée ressemble à une étoile. La sculpture miroir déformant Le chemin de la Sackler Gallery of Art, une importante vitrine de l’art asiatique, est semé d’humour portant la signature du sculpteur indien Anish Kapoor, qui a réalisé une structure concave, faisant fonction de miroir déformant. Le sien est réalisé dans du métal brillant et extrêmement poli. En s’asseyant sur un banc lui faisant face, on verra le reflet de sa tête à l’envers. En en faisant le tour, on y verra le site environnant, également renversé. Cette sculpture s’intitule S-Courbe parce que ces deux panneaux métalliques sont ondulés l’un vers l’intérieur et l’autre vers l’extérieur comme un ruban sinueux. Il y a plus : en s’y approchant en parlant, elle renvoie un écho. Quand les musées puisent dans leurs munitions artistiques pour vaincre le général Hiver...
WASHINGTON,
d’Irène MOSALLI

Pour stimuler les esprits engourdis par le froid, plusieurs musées de Washington ont opté pour des installations moitié œuvres d’art, moitié amusement.
«L’automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l’hiver.»
Pour raviver le tempo lent et feutré de l’hiver, ainsi perçu par...