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Actualités - ANALYSE

Analyse Les sunnites irakiens décidés à faire oublier leur précédent désastre électoral

Le sort de l’Irak dépend du scrutin du 31 janvier. Après avoir boycotté les derniers scrutins de 2005, suivis de violences interconfessionnelles sanglantes, les sunnites irakiens vont participer aux élections provinciales de la fin du mois pour, disent-ils, « unifier le pays » et ne plus risquer le désastre du précédent vote. Depuis début 2008, le spectre de la guerre civile s’est éloigné. Mais du scrutin du 31 janvier, pour lequel 15 millions de citoyens sont appelés aux urnes pour la première fois depuis 2005, dépend le sort de l’Irak à court terme. « Ces élections vont soit diviser, soit unifier le pays », juge Sattar Raouf Ahmad, candidat d’une petite liste sunnite à Azamiyah, un bastion sunnite du nord de Bagdad. « Lorsque nous avons boycotté les dernières élections, cela a mené à un horrible résultat », rappelle M. Ahmad. Les élections législatives et provinciales de 2005, boycottées par les sunnites, avaient donné le pouvoir aux chiites, majoritaires dans le pays, et aux Kurdes, laissant les sunnites sans pouvoir même dans les provinces où ils sont ultramajoritaires, comme al-Anbar, Ninive et Salaheddine. Dans la foulée, une insurrection antiaméricaine d’initiative sunnite avait dégénéré en affrontements entre sunnites et chiites, tuant des dizaines de milliers d’Irakiens, avant de s’apaiser fin 2007. Les hommes politiques sunnites clament aujourd’hui la volonté de la deuxième religion du pays (un quart des 29 millions d’Irakiens) d’abandonner la violence et de s’investir dans le processus démocratique balbutiant, même si la méfiance demeure. « Nous n’avons pas participé au précédent scrutin à cause des exactions des Américains et de l’occupation. Nous croyions en la nécessité de libérer notre pays avant de participer », confie Abdallah al-Obeidi, un homme d’affaires sans étiquette politique. « Ce qui nous pousse à participer cette fois, c’est ce que l’occupation a engendré, les affrontements confessionnels et l’extrémisme », ajoute ce candidat du district sunnite toujours troublé de Dora, à Bagdad. Pour Abdoul Mounem Jabar Hadi, un sunnite, candidat du Parti communiste irakien à Bagdad, les Irakiens ont le choix entre le dialogue ou une nouvelle flambée de violences. « Il est certain que notre expérimentation (de la démocratie) fait face à beaucoup de problèmes à cause du sectarisme », mais « l’Irak a pu vivre en paix pendant des millénaires avec toutes ses différentes religions », explique-t-il. Pourtant, malgré la relative baisse des violences interconfessionnelles après leur apogée de 2006 et 2007, le chemin est long jusqu’à la réconciliation. Car « une opinion publique doit être formée à la démocratie pour construire un État de droit », selon M. Hadi. Et le sort des « Sahwas », ces anciens insurgés sunnites rassemblés en milices pour aider l’armée américaine à combattre el-Qaëda, pourrait bien raviver la colère sunnite, depuis que le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki a déclaré qu’il n’intégrerait que 20 % des 100 000 « Sahwas » dans les forces régulières. Les relations entre les leaders sunnites et M. Maliki s’étaient améliorées ces derniers mois, après la libération de centaines de détenus sunnites grâce à une amnistie générale, puis le retour en juillet dernier du principal parti sunnite dans le gouvernement dominé par les chiites et les Kurdes. Mais les sunnites réclament toujours une plus grande participation aux décisions gouvernementales et, même si les élections sont un succès pour eux, ils ne gagneront du pouvoir qu’au niveau local. De plus, leurs divisions internes les ont affaiblis juste avant le scrutin : le mois dernier, le président sunnite du Parlement, Mahmoud Machhadani, avait dû démissionner, et son parti, le Conseil du dialogue national, avait alors quitté la coalition sunnite du Parlement, le Front de la concorde irakienne, qui ne possède plus aujourd’hui que 30 sièges contre 44 auparavant. Enquêtes sur près de 150 candidats aux élections provinciales La commission électorale irakienne a indiqué hier enquêter sur quelque 150 candidats aux élections provinciales du 31 janvier, suspectés d’avoir fourni de faux diplômes, de faire partie des forces de sécurité ou d’avoir appartenu au parti Baas de Saddam Hussein. La loi exige un certain niveau de diplôme des candidats et interdit aux membres des forces de sécurité et aux anciens responsables du parti Baas de prendre part aux élections. Le parti Baas avait été interdit après l’invasion américaine de mars 2003, et des centaines de milliers de ses membres, en grande majorité des sunnites, avaient perdu leur travail. « Il y a plus de 150 candidats pour lesquels se posent des questions » sur un de ces trois points, « mais la commission va enquêter », et si elle trouve des preuves, « leurs noms seront rayés des listes de candidats », a déclaré à l’AFP Karim al-Tamimi, membre de la commission électorale.
Le sort de l’Irak dépend du scrutin du 31 janvier.

Après avoir boycotté les derniers scrutins de 2005, suivis de violences interconfessionnelles sanglantes, les sunnites irakiens vont participer aux élections provinciales de la fin du mois pour, disent-ils, « unifier le pays » et ne plus risquer le désastre du précédent vote.
Depuis début 2008, le spectre de la guerre...