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Actualités - OPINION

Les avatars d’un émigré Raymond NAHAS

J’ai reçu il y a quelques jours un ami de longue date qui avait quitté sa terre natale il y a plus de vingt ans pour s’installer au Canada. À l’occasion des fêtes, il était venu se retremper dans cette atmosphère familiale qui permet aux émigrés libanais de retrouver leurs assises. Depuis son retour, il se faisait une joie de passer journalièrement me voir, pour évoquer de vieux souvenirs. Il y a une semaine, il est passé la mine défaite, « car, me dit-il, je n’ai pas dormi de la nuit. Toute la nuit des armes à feu de tous calibres ont retenti dans ma rue, semant la panique dans toute la maisonnée. Ma fille était en pleurs et ma femme me reprochait d’avoir décidé de retourner dans ce Far West. » Renseignements pris, il s’agissait du retour d’un pèlerin, que voisins et amis fêtaient d’une façon un peu bruyante, selon la tradition libanaise qui veut qu’à chaque occasion – mariage, baptême ou retour au foyer –, des coups de feu en pleine nuit saluent l’événement. J’ai essayé avec des arguments pacifiques de calmer la panique qui s’était emparée de la famille, mais je me dis que, quand même, il faudra bien un jour qu’un gouvernement responsable puisse arrêter cette coutume, qui pour nous qui habitons le Liban, est peut-être habituelle, mais qui effraye tous les amis et étrangers. Toute cette histoire pétaradante s’est oubliée autour d’un verre d’arack, dans la bonne tradition libanaise. Mais au restaurant, nouvelle surprise. À une table voisine, mon ami retrouve un de ses cousins attablé avec des amis et sa famille devant des mezzés abondants et variés. Ce qui l’a choqué, c’est quand il a vu son cousin payer sa facture de quelques centaines de dollars avec le sourire. Une fois le parent parti, il m’a avoué qu’il y a quelques jours, ce même cousin était venu le taper de mille dollars qu’il jurait de lui rendre avant son départ. Un des défauts de la plupart des Libanais, c’est de faire la fête à tout prix, même si, le lendemain, on doit se retrouver devant un simple plat de lentilles. Dernier incident. Il avait loué pour son séjour une voiture, et une nuit où il l’avait garée devant son immeuble, un chauffard indélicat lui était rentré dedans et s’était enfui, le laissant avec une voiture en piteux état. Quelques milliers de dollars de réparations au plus vite. Constatation : dans notre pays, il faudrait devenir plus sévère avec les mauvais conducteurs et les fous du volant, qui deviennent de plus en plus nombreux. Aux dernières nouvelles, mon copain, qui pensait venir se réinstaller au Liban, a remis sa décision à une date ultérieure en attendant que le pays se calme vraiment. Peut-on espérer des jours meilleurs ? Article paru le vendredi 16 janvier 2009
J’ai reçu il y a quelques jours un ami de longue date qui avait quitté sa terre natale il y a plus de vingt ans pour s’installer au Canada. À l’occasion des fêtes, il était venu se retremper dans cette atmosphère familiale qui permet aux émigrés libanais de retrouver leurs assises.
Depuis son retour, il se faisait une joie de passer journalièrement me voir, pour...