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Actualités - CHRONOLOGIE

Correspondance La biographie, made in USA, de la Veuve Clicquot : à siroter avec délice...

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI On trinque toujours avec la Veuve Clicquot, femme de caractère, devenue œnologue émérite, qui a abreuvé l’Europe au XIXe siècle. Elle est contée par une historienne américaine. Après avoir bien arrosé, malgré la crise, l’arrivée de la nouvelle année, les Américains savourent avec délice la biographie de celle qui a concocté le breuvage pétillant qui leur procure ce plaisir. Cet ouvrage est intitulé La Veuve Clicquot : l’histoire d’un empire du champagne et de la femme qui l’a gouverné. Son auteur, Tilar Mazzeo, révèle une femme d’affaires moderne, une vie faite de suspense, une ténacité sans limite et la raison pour laquelle elle a mérité le surnom de La Grande Dame de Champagne. Barbe Nicole Ponsardin est née le 16 décembre 1777 à Reims. Elle épouse François Clicquot, fabricant de vin. À la mort de son mari, elle n’a que 27 ans. Jusque-là, elle s’était entièrement consacrée à l’éducation de sa fille, Clémentine. Elle convainc sa belle-famille de ne pas vendre les vignes et décide de reprendre « l’affaire familiale ». En quatre mois de veuvage, elle s’emploie à trouver des capitaux et des associés. Avec elle, la maison Veuve Clicquot prospère. En 1810, elle ajoute juste son propre nom : Ponsardin. Elle deviendra pionnière et innovatrice en s’imposant sur le marché européen et particulièrement russe. Femme de caractère, travailleuse acharnée, méticuleuse dans le moindre détail, la Veuve Clicquot arrive, en pleine guerre napoléonienne, à percer le blocus instauré par les Anglais. Elle livre à Königsberg, où on se les arrache à un prix élevé, un bateau chargé de 10 000 bouteilles de sa meilleure production. Sans tarder, elle en affrète un autre, transportant cette fois 12 780 bouteilles qui voguent vers Saint-Pétersbourg. Dans une de ses lettres, Prosper Mérimée rapporte : « Madame Clicquot abreuve la Russie. On appelle son vin “Klikofskoë” et on n’en boit pas d’autre.» Pouchkine, lui, comparait « le vin béni de la Veuve Clicquot à la fontaine d’Hippocrène où les poètes puisaient ». Ni elle, ni Dom Pérignon… mais un accident Un succès qui la pousse à améliorer continuellement son champagne. Sa devise: « Une seule qualité, la toute première. » Elle acquiert des vignes dans les meilleurs crus, constituant ainsi l’exceptionnel patrimoine viticole de la maison. Toujours soucieuse de perfection, Mme Clicquot invente le procédé de « la table de remuage », permettant d’obtenir des vins plus clairs, nets et limpides, et qui devient l’ancêtre des pupitres, aujourd’hui indispensable à l’élaboration d’un champagne. Ce système consiste à ôter les sédiments après une seconde fermentation. On place la bouteille sur un pupitre et, tous les jours, on l’incline légèrement pour faire glisser le dépôt dans le goulot. On raconte que la nuit, elle parcourait les caves pour s’assurer de l’évolution de ses cuvées. Et aussi qu’à l’heure où les ouvriers prenaient leurs repas, elle s’adonnait dans le cellier à tous genres d’expérimentations. Cette biographie de la Veuve Clicquot est émaillée de plusieurs récits, vrais ou faux, sur l’histoire du vin. Entre autres, que ce n’est pas Dom Pérignon, le moine bénédiction cellérier-intendant de l’abbaye de Hautvillers, qui a inventé le champagne dont il aurait dit, selon la légende : « Venez vite, je bois les étoiles.» En revanche, on lui reconnaît sa méthode destinée à empêcher le vin de mousser. Le champagne aurait vu le jour en Angleterre où les clients riches, qui achetaient leur vin dans de grands barils, cherchaient le moyen d’éviter qu’il ne tourne au vinaigre. Ils l’ont alors mis dans des bouteilles de vin fabriqué en Champagne en y ajoutant un peu de cognac, en guise de conservateur. Ils se sont rendu compte que le sucre, ajouté au vin, provoquait une seconde fermentation, créant du champagne sans le savoir. Le mousseux n’aurait donc pas été inventé, mais découvert par accident. Et par ses bons soins, Mme Clicquot, quant à elle, a bâti un solide empire sur des bulles éphémères qu’on savoure toujours.
WASHINGTON,
d’Irène MOSALLI

On trinque toujours avec la Veuve Clicquot, femme de caractère, devenue œnologue émérite, qui a abreuvé l’Europe au XIXe siècle. Elle est contée par une historienne américaine.
Après avoir bien arrosé, malgré la crise, l’arrivée de la nouvelle année, les Américains savourent avec délice la biographie de celle qui a concocté le...