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Licenciements À Dubaï, le rêve tourne au cauchemar

La croissance phénoménale de Dubaï a attiré des centaines de milliers de personnes ces dernières années, mais avec la crise financière mondiale, le rêve de beaucoup d’entre elles s’est brisé car même dans cet émirat du Golfe l’heure est maintenant aux licenciements. L’essor de cette ville, alimenté par le secteur immobilier, a provoqué une ruée d’étrangers attirés par des salaires alléchants, la quasi-absence d’impôts et, pour de nombreux Européens, la garantie d’un climat ensoleillé toute l’année. Les étrangers représentent plus de 80 % de la population de Dubaï, estimée à plus d’un million et demi d’habitants. Comme le permis de résident est lié au contrat de travail dans les Émirats arabes unis, dont Dubaï est l’une des sept composantes, perdre son emploi signifie aussi qu’il faut faire sa valise et quitter le pays. Pour certains, les licenciements ont été tellement rapides qu’ils n’ont rien vu venir. « Cela s’est fait très vite », a affirmé sous le couvert de l’anonymat un ancien employé de Nakheel, l’une des 500 personnes (soit 15 % du personnel) licenciées fin novembre par ce promoteur immobilier contrôlé par l’émirat. Nakheel, qui a attaché son nom à plusieurs projets gigantesques, dont trois îles artificielles en forme de palmier, venait pourtant d’annoncer début octobre un nouveau projet de 38 milliards de dollars comprenant une tour de plus d’un kilomètre de hauteur appelée à être la plus haute du monde. Mais la demande dans le secteur a chuté, les investisseurs fuyant le marché, et ces mégaprojets sont aujourd’hui frappés de plein fouet par les difficultés de financement. Nakheel n’a pas été le seul à licencier. Damac Properties, le plus grand promoteur immobilier privé de Dubaï, avait supprimé en octobre 200 postes, soit 2,5 % de ses effectifs. « Nos ventes avaient l’habitude de doubler d’une année sur l’autre, mais ce n’est plus le cas maintenant. Si le marché se détériore davantage, nous devrons procéder à d’autres licenciements », déclarait le mois dernier le président de Damac, Hussein Sajwani. Emaar, l’autre géant de l’immobilier contrôlé par l’émirat, a annoncé récemment qu’il réexaminait sa politique de recrutement et se serait déjà séparé de 100 personnes. Une autre société immobilière, al-Shafar General Contracting, a indiqué qu’elle allait licencier jusqu’à mille ouvriers, son carnet de commandes ayant baissé depuis septembre de 3 milliards de dirhams (816 millions de dollars). Les licenciements ont aussi touché le secteur financier. Jusqu’à une période très récente, les sociétés émiraties recrutaient pourtant à tour de bras : quelque 640 000 permis de travail avaient ainsi été délivrés à des étrangers au premier trimestre 2008, dont 306 000 rien qu’à Dubaï, selon une étude. Sur une population estimée à 6,4 millions d’habitants fin décembre par cette étude, 5,5 millions étaient des étrangers, dont plus de 3 millions d’ouvriers en majorité d’Asie du Sud-Est. Les étrangers ayant perdu leur travail doivent quitter le pays dans un délai d’un mois, compliquant la vie des familles dont les enfants sont scolarisés. Entre-temps, les employeurs doivent informer les banques du licenciement de leurs salariés, afin d’éviter qu’ils quittent le pays avant d’avoir achevé de rembourser d’éventuels prêts. Pour ceux qui avaient investi dans l’immobilier, généralement dans des projets de leur ancien employeur, le risque est de perdre cet argent. « Qu’adviendra-t-il de nos investissements et comment allons-nous régler les prochains versements ? » s’interroge ainsi un ancien employé de Nakheel, aujourd’hui sans emploi. Ali KHALIL (AFP)
La croissance phénoménale de Dubaï a attiré des centaines de milliers de personnes ces dernières années, mais avec la crise financière mondiale, le rêve de beaucoup d’entre elles s’est brisé car même dans cet émirat du Golfe l’heure est maintenant aux licenciements.
L’essor de cette ville, alimenté par le secteur immobilier, a provoqué une ruée d’étrangers...