Football - Premier League Steven Gerrard, rixe et périls

Steven Gerrard, capitaine et joueur emblématique de Liverpool, membre éminent de l’équipe d’Angleterre, avait été inculpé cette semaine pour voie de fait après une rixe présumée dans un bar de Southport, dimanche, après son doublé face à Newcastle (5-1). Sa carrière est-elle en danger ? Steven Gerrard, milieu de terrain de l’actuel leader de Premier League, a été inculpé en compagnie de deux autres hommes, arrêtés comme lui dans la nuit de dimanche à lundi, après une bagarre dans un bar de nuit de Southport, au nord de Liverpool. Il a été libéré sous caution, après une garde à vue de 24 heures. Si le club a assuré qu’il serait soutenu, une éventuelle procédure judiciaire pourra perturber l’équilibre de son équipe, mais aussi la sélection nationale, et modifier la trajectoire d’une carrière jusqu’ici quasi exemplaire. À 28 ans, Steven Gerrard a tout connu ou presque. Le football rugueux des quartiers obscurs de Liverpool et la lumière des plus grands terrains d’Europe. Cette saison, le capitaine des Reds alterne entre faits divers et coups d’éclat en Premier League. Dimanche, après une victoire impressionnante sur Newcastle (5-1) où il a inscrit ses septième et huitième buts de la saison, il passe la soirée dans un pub proche de la ville. Une bagarre éclate, un homme, le disc-jockey du bar, est soigné à l’hôpital pour des blessures au visage, et le joueur est arrêté. Relâché mardi, il est désormais sous le coup d’une inculpation. « Il a été inculpé tôt ce matin pour voie de fait », a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police locale. Les deux autres personnes inculpées et également libérées sous caution sont John Doran, 29 ans, et Ian Smith, 19 ans, deux amis de Gerrard, issus comme lui de Huyton, un quartier de Liverpool. Les trois hommes comparaîtront le 23 janvier devant un tribunal de Southport, a précisé la police dans un communiqué. Trois autres hommes arrêtés en relation avec ces incidents ont été libérés sous caution sans être inculpés, dans l’attente d’un complément d’enquête. « Le club lui apportera tout le soutien dont il a besoin » Le club de Liverpool, dans lequel Gerrard a effectué toute sa carrière professionnelle, avait réagi pour la première fois mardi matin en l’assurant de son plein soutien, alors que les joueurs bénéficiaient comme la veille d’une journée de repos. « Steven a été un formidable serviteur pour Liverpool ces dix dernières années et le club lui apportera tout le soutien dont il a besoin en ce moment », a déclaré un porte-parole du club. Steven Gerrard n’est pas un habitué des écarts de conduite hors des terrains. Si on peut lire dans un portrait tiré par So Foot qu’à 10 ans sa « première idole était Paul Gascoigne », le parallèle s’arrête à l’adolescence. Paul Gascoigne étalait autant son talent sur le terrain que ses débauches alcoolisées dans la presse. Gerrard est un meneur de jeu de niveau mondial, doué lui aussi mais beaucoup plus sobre sur le terrain. Dans les pubs, on ne lui connaît qu’une seule anecdote : il avait été vu en 2001 buvant quelques heures avant un rassemblement de l’équipe nationale et il avait dû s’excuser auprès du sélectionneur de l’époque Sven-Goran Eriksson. À l’automne, il avait également défrayé la chronique après avoir heurté et blessé un enfant avec sa voiture. Marqué par l’événement, il s’était rendu à l’hôpital pour lui offrir un maillot de l’Angleterre dédicacé et des crampons. L’histoire ne dit pas si Steven Gerrard compte offrir ses crampons au DJ de Southport, mais la belle musique du chef d’orchestre de Liverpool risque de sonner faux à Anfield dans les prochaines semaines. Selon le tabloïd The Sun, Gerrard aurait reçu l’assurance que sa carrière en équipe nationale ne serait pas en danger après cet incident. Le Daily Telegraph estime quant à lui qu’il ne devrait pas être puni par son club ni par la Fédération anglaise. Reste que la pression sur le club et sur le joueur va être particulièrement forte dans les mois à venir : Liverpool, en tête du classement, avec trois points d’avance sur Chelsea, a remporté son 18e et dernier titre de champion d’Angleterre en 1990. Gerrard avait 10 ans, et son idole était Paul Gascoigne. Aston Villa le trouble-fête En s’imposant dans les dernières minutes sur la pelouse de Hull City, dans le dernier match anglais de l’année (0-1), Aston Villa s’est hissé dans le premier carré du championnat, à hauteur de Manchester United (deux matches en moins) et trois longueurs devant Arsenal. Au vu des perfs des Claret and Blue (bordeaux et bleu) depuis le début de l’exercice, il faudra peut-être s’habituer en 2009 à évoquer le Big Five plutôt que le Big Four habituel. Juste retour des choses pour le club de Birmingham, la deuxième ville d’Angleterre un peu éclipsée sur la carte du football par Manchester ou Liverpool. L’occasion aussi de rappeler que les Villans sont les plus gros pourvoyeurs d’internationaux anglais ou encore qu’Aston Villa est l’un des quatre clubs anglais à être grimpé sur le toit de l’Europe (en 1982). Contre Hull, la surprise de la première partie de saison, les protégés de Martin O’Neill ont confirmé leur excellence à l’extérieur (sept victoires contre quatre à Villa Park). Un petit coup de pouce les a bien aidés cette fois-ci à repartir avec les trois points, le défenseur guinéen de Hull, Kamil Zayatte, inscrivant le seul but de la rencontre contre son camp, sous la pression de Gabriel Agbonlahor qu’Ashley Young tentait d’alerter de la droite (87e). Une conclusion bien cruelle pour les promus qui avaient animé le plus clair de la partie, sous l’impulsion notamment de Bernard Mendy. La vitesse de l’ancien Parisien, désormais régulièrement titulaire, a gêné les Villans, à l’image d’un déboulé sur la droite conclu par un centre parfait pour une tête cadrée de Knight (72e). Alors que le trouble-fête rit et s’apprête à lutter âprement pour la quatrième et dernière place qualificative pour le prochain tour préliminaire de la Ligue des champions, la surprise Hull, elle, tord le nez : les Tigers concèdent leur troisième défaite de rang, dont deux au KC Stadium, et glissent vers le ventre mou de la Premier League.