Rechercher
Rechercher

Actualités

Concert Le piano envoûtant d’Elizabeth Sombart

GENÈVE, de Zahi HADDAD Pianiste de renommée internationale, Elizabeth Sombart célébrait à Genève, en ce mois de décembre, le dixième anniversaire de l’antenne suisse de « Résonnance », fondation qu’elle a créée il y a vingt ans de cela, en France. Pour l’occasion, elle s’est entourée de Jordi Mora, de l’orchestre de chambre de Vic et d’une quinzaine de pianistes pour interpréter des concerti de Bach pour 1, 2, 3 et 4 pianos. Résultat : un concert somptueux, auquel quatre virtuoses libanais ont pris part. Musique ! Dire qu’Elizabeth Sombart ne fait qu’un avec son piano serait un lieu commun des plus banals. Alors ? Caresses et larmes ! Le dialogue qu’elle mène avec son instrument traduit, d’entrée, une passion indicible, doublée d’une envoûtante sérénité. Délicatement, les mains de la Strasbourgeoise se fondent avec le clavier. Dès les premières notes, les quelque neuf cents spectateurs réunis dans le majestueux Bâtiment des forces motrices, ancienne usine installée au milieu du lit du Rhône à la fin du XIXe siècle, sont emportés dans un autre monde. Intemporel. L’émotion est à fleur de peau. Tandis qu’Elizabeth Sombart effleure les touches blanches et noires. Pureté, grâce, douceur. Vêtue d’une robe blanche, le visage paisible, Elizabeth est la musique. Bach, dans toute sa puissance. Un compositeur que la pianiste reconnaît comme étant «le père des musiciens, la source commune (…). Ce n’est pas sans raison qu’on l’appelle le 5e évangéliste, le 13e apôtre. On se retourne vers lui dans la joie et dans la détresse, pour un mariage ou pour un départ parce que toute son œuvre palpite d’un équilibre souverain. En lui, toutes les formes musicales aboutissent et se réinventent. L’harmonie qu’il fonde va irriguer deux siècles de composition et permettre aux trésors éternels du piano de voir le jour. Son chant a été plus fort que la mort.» Dans ce qui devient un véritable acte de foi, Elizabeth n’est pas seule. Sur scène, elle est le cœur de l’ensemble brillamment emmené par le maestro Jordi Mora. Simplement, elle communie avec les violons et violoncelles espagnols de l’orchestre de chambre de Vic, qui l’entourent et qu’elle accompagne de son sourire et de son aura protectrice. Après Elizabeth Sombart, c’est au tour d’une quinzaine de pianistes d’enchaîner, tout aussi légèrement, les notes et les partitions du célèbre cantor. Tous professent dans les centres que « Résonnance » a installés en France, en Belgique, en Italie et au Liban. Avec un objectif primordial. Toujours le même. Celui qui anime Sombart depuis les débuts de « Résonnance-France» en 1988: dispenser, gratuitement et sans limite d’âge, un enseignement pianistique de qualité, tout en portant la musique classique dans des lieux où, habituellement, elle n’est pas. « Résonnance-Liban » Au Liban, c’est depuis 2003 que la fondation répand sa musique. Dans les écoles de Beyrouth et de Achkout, une trentaine d’élèves suit la formation dispensée gracieusement. Le plus jeune a six ans… la plus âgée soixante-huit ! Belle entreprise qui se fait aussi entendre dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les établissements de soins palliatifs, les orphelinats ou encore les prisons. Dar al-Ajazat al-Islamiyyat, l’hôpital de Bhannès, la prison des femmes de Baabda, l’Association des amis des handicapés, Longue vie ou encore l’association Insan bénéficient ainsi de cette admirable solidarité musicale. « En résonance », ajouteraient les membres de la fondation. Véritable pilier de la méthode « Résonnance » : la phénoménologie du son et du geste, qui conjugue la connaissance de la musique avec la maîtrise du corps et de la respiration. «C’est un moyen offert à ceux qui cherchent, au-delà des signes musicaux, un chemin pour ajuster, dans la connaissance du geste et la compréhension des phénomènes sonores, l’ordre affectif avec l’ordre donné des sons », explique Shireen Maalouf, présidente de « Résonnance-Liban». C’est au fil des ans qu’Elizabeth Sombart a développé cette méthode, alors qu’elle poursuivait sa formation auprès de grands maîtres, tels que Hilde Langer-Rühl, à Vienne, où elle approfondit l’utilisation de la respiration dans le jeu pianistique, et Sergiu Celibidache, à Mayence, où elle poursuivit des études de phénoménologie musicale. Et cette technique, les pianistes l’ont parfaitement incarnée tout au long de ce concert-anniversaire. Parmi eux, quatre Libanais, unis dans un harmonieux quatuor qui leur a permis d’exprimer leur maîtrise et leur sensibilité. Hala Kahi, Maryse Karam, Shireen Maalouf et Walid Moussalem se sont préparés « individuellement, dans les détails du toucher, du geste musical et de la respiration, ainsi qu’en groupe, pour assurer l’équilibre sonore, la synergie et le dialogue des différentes parties aux pianos », commente Shireen Maalouf. Et de poursuivre : « Le fait d’avoir pu participer à la cocréation d’un espace de vibrations et de beauté a été une expérience marquante. » C’est ce que semblait ressentir l’audience, à l’issue du spectacle. À l’unisson. Une indiscutable réussite qui prendra des accents libanais en 2009, à l’occasion des trois concerts que donnera Elizabeth Sombart, en compagnie de ses pianistes et de l’Orchestre national symphonique du Liban, à Beyrouth, Niha-Békaa et Kfar Sama, les 3, 4 et 5 juillet. Le temps de souffler, une nouvelle fois, la dixième bougie de «Résonnance-Suisse». Sur un air de Bach.
GENÈVE, de Zahi HADDAD

Pianiste de renommée internationale, Elizabeth Sombart célébrait à Genève, en ce mois de décembre, le dixième anniversaire de l’antenne suisse de « Résonnance », fondation qu’elle a créée il y a vingt ans de cela, en France.
Pour l’occasion, elle s’est entourée de Jordi Mora, de l’orchestre de chambre de Vic et d’une quinzaine de pianistes...