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Actualités - CHRONOLOGIE

Société Les chenilles, un plat de choix en Centrafrique

Près de 85 % de la population consomme des « makongos ». Pour Yves, un Centrafricain trentenaire, « les chenilles, c’est meilleur que la viande ». Un avis largement partagé dans son pays, où ces insectes appelés « makongos » sont consommés frais ou séchés, en sauce, grillés ou en papillote, constituant un aliment très prisé. « Si j’avais le choix, je ne mangerais que ça », explique le jeune homme en tenue décontractée qui s’apprête à prendre l’avion à Bangui. Mais, comme il vit à l’étranger, il ne peut « même pas en rêver ». Dans la capitale centrafricaine écrasée de chaleur en cette fin décembre, sa passion est largement partagée, des avenues bien propres du centre-ville aux rues poussiéreuses du populaire « Kilomètre 5 », dont le marché ravitaille la plupart des détaillants de makongo. « Comme maintenant ce n’est pas la saison, on achète un seau de cinq litres à 3 000 ou 3 500 FCFA (4,6 ou 5,3 euros) », soit 1 000 FCFA plus cher qu’en saison, explique Perpétue Ondjopona, qui propose de petits tas de chenilles fumées aux têtes noircies sur son étal recouvert d’un sac de jute. « Les gens achètent beaucoup », ajoute-t-elle, tee-shirt à l’envers et fichu rouge sur la tête, en transférant dans un sachet de pleines poignées de makongo. « Ça, c’est bien mieux que la viande, c’est plus nourrissant », lance, souriant, un de ses clients. Pour 2 300 FCFA (3,5 euros), il vient de débarrasser l’étal de toutes les chenilles qui y côtoyaient des sachets de sésame et bâtons de « chicouangue », pâte de manioc ficelée dans des feuilles, également prisée dans le pays. Quelques recettes pour ce plat si apprécié ? Les chenilles peuvent se manger fraîches avec de la pâte d’arachide. Ou grillées, en brochettes. Ou encore cuites sous la cendre, préalablement ficelées dans des feuilles. Lorsqu’elles sont séchées, il faut enlever leurs poils et les réhydrater légèrement en les plongeant dans l’eau bouillante avant de les cuire en sauce, explique Perpétue. Selon des nutritionnistes, elles sont particulièrement riches en protéines et peuvent contribuer à la sécurité alimentaire en Centrafrique, pays pauvre et enclavé peinant à exploiter ses énormes potentiels hydrographique, forestier et minier. Près de 85 % de la population en consomme, « le taux dans les zones rurales étant légèrement plus élevé que celui des zones urbaines », selon une étude sur les chenilles d’Afrique centrale publiée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « Comparés au bœuf ou au poisson, les insectes possèdent une part élevée de protéines, de graisses et sont extrêmement énergétiques », mais aussi riches en minéraux et vitamines, ajoute le document, les considérant « comme une alternative dans les efforts pour accroître la sécurité alimentaire » dans la région. Outre ses vertus diététiques, les makongos constituent une source de revenus pour beaucoup lorsque arrive « la saison des chenilles », entre mai-juin et septembre-octobre. De nombreux habitants convergent alors vers les régions forestières, notamment la Lobaye (Sud-Ouest), pour y collecter les chenilles et les convoyer vers les villages et villes, où elles détrônent alors la viande dans les assiettes.
Près de 85 % de la population consomme des « makongos ».
Pour Yves, un Centrafricain trentenaire, « les chenilles, c’est meilleur que la viande ». Un avis largement partagé dans son pays, où ces insectes appelés « makongos » sont consommés frais ou séchés, en sauce, grillés ou en papillote, constituant un aliment très prisé. « Si j’avais le choix, je ne...