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Actualités - OPINION

Le « bloc centriste » tributaire des développements politiques L’analyse de Scarlett Haddad

Une année se termine et une autre commence, mais au Liban les problèmes ne semblent jamais devoir prendre fin. L’année 2009 sera sans doute marquée par les élections législatives que chaque camp prépare avec soin, tant l’échéance paraît cruciale pour l’avenir du pays dans la période à venir. S’il est encore trop tôt pour faire des pronostics, les deux camps ne souhaitant pas annoncer leurs listes avant un mois au moins, les slogans se précisent. Pour la majorité actuelle, il s’agira de voter pour ou contre les armes du Hezbollah, l’État de droit, l’axe irano-syro-palestinien et en quelque sorte des perspectives de nouvelles guerres, alors que l’actuelle opposition estime qu’il s’agit de choisir entre la poursuite de la corruption, de la division et du discours de haine et de repli sur soi. Les divisions politiques sont en tout cas claires et le fossé s’approfondit entre les deux camps, alors que la bataille s’annonce sans merci. Dans ce contexte de tension extrême, de plus en plus de diplomates occidentaux, et en particulier européens, estiment qu’il serait préférable pour éviter un surplus de tension de pousser à la formation d’un groupe parlementaire centriste relevant du président de la République. Selon des sources diplomatiques occidentales, si l’idée d’un tel groupe n’est pas retenue, le Liban se trouvera face à deux scénarios identiques et peu souhaitables. Quelle que soit l’issue des élections législatives, il est en tout cas peu probable qu’une partie emporte les deux tiers des sièges parlementaires, obtenant ainsi une majorité totale qui lui permettrait de gouverner pratiquement seule le pays. Les deux scénarios seraient donc les suivants : soit la majorité actuelle l’emporte avec une faible différence et la situation actuelle se prolongera, autrement dit, l’opposition continuera à entraver l’action de la majorité et les institutions officielles seront plus ou moins paralysées. En tout cas, le pays ne pourra pas décoller et adopter une réelle politique économique et sociale en raison des tiraillements internes. En revanche, si c’est l’actuelle opposition qui l’emporte, et même si Hassan Nasrallah a officiellement promis à la nouvelle opposition le tiers de blocage au sein du gouvernement, ce serait l’alliance Aoun-Hezbollah qui tiendrait les rênes du pays et aurait le contrôle des institutions en plus de la force militaire sur le terrain. Si la nouvelle opposition décide de participer au gouvernement avec le tiers de blocage, elle cherchera à entraver l’action du gouvernement et le pays se retrouvera dans un cas de figure qui ressemble à celui que les Libanais vivent aujourd’hui. Si elle refuse de participer, ce sera encore pire et le scénario d’avant l’accord de Doha pourrait se reproduire, toujours selon la lecture des sources diplomatiques. Pour ces raisons, les diplomates occidentaux semblent de plus en plus favorables à la formation du bloc centriste. Mais pour que ce projet puisse voir le jour, il faut d’abord que le chef de l’État l’adopte. Pour l’instant, les sources proches de Baabda refusent de préciser si le président Michel Sleiman a fait son choix. Les seules informations qui filtrent à ce sujet c’est que si le chef de l’État devait songer à former un tel groupe, celui-ci devrait comprendre des députés de toutes les régions et de toutes les confessions, pour ne pas limiter le président à une région ou à une communauté données. De plus, le président Sleiman ayant été élu dans un climat d’entente et se voulant constamment à égale distance de toutes les parties, il ne serait pas question pour lui d’entrer en confrontation avec l’un ou l’autre des deux camps pour le pousser à lui céder quelques sièges parlementaires. Si ce bloc centriste devait donc voir le jour, il devrait se former à la suite de négociations entre le président et les deux camps rivaux, chacun laissant au chef de l’État des sièges pour ses propres candidats, dans les régions qu’il contrôle et dans lesquelles ses listes sont assurées de l’emporter. Pour l’instant, toutes les sources politiques le confirment, aucune négociation de ce genre n’a eu lieu, ni avec le 14 Mars ni avec l’opposition parlementaire. Les deux camps, qui espèrent, à ce stade, remporter une victoire électorale, préfèrent mener la bataille jusqu’au bout. Les deux camps protestent lorsque l’idée d’un bloc centriste est évoquée en arguant du fait qu’il faut laisser le processus démocratique se poursuivre, qu’il n’y a pas de raison de le craindre, que le Liban n’est pas Gaza et que l’alliance Aoun-Hezbollah, si elle devait l’emporter, n’est pas le Hamas. Pour l’instant, donc, ce projet reste une vue de l’esprit, mais il est encore trop tôt pour prévoir la suite des événements.
Une année se termine et une autre commence, mais au Liban les problèmes ne semblent jamais devoir prendre fin. L’année 2009 sera sans doute marquée par les élections législatives que chaque camp prépare avec soin, tant l’échéance paraît cruciale pour l’avenir du pays dans la période à venir. S’il est encore trop tôt pour faire des pronostics, les deux camps ne souhaitant pas...