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Actualités - CHRONOLOGIE

Livre «Femmes invisibles, leurs mots contre la violence»

Zéna ZALZAL « Femmes invisibles, leurs mots contre la violence » de Smaïn Laarcher (éditions Calman-Lévy) est, comme son titre l’indique, un ouvrage de sociologue. C’est-à-dire une étude qui examine une situation donnée dans un contexte spécifique. Il s’agit, en l’occurrence, de violence familiale ou conjugale subie par les femmes issues de l’immigration en France. Un fait généralement vécu sous silence par des victimes étranglées par la chape de plomb que constitue dans ces sociétés-là le duo « tradition et religion ». Sociologue, chercheur au CNRS et auteur de plusieurs ouvrages, dont Le peuple des clandestins (Calman Lévy), Smaïn Laarcher se penche ici sur une faction bien précise de femmes victimes de violences en France. Il ne s’agit pas d’une étude portant sur les femmes battues dans l’ensemble de la société française, mais d’un regard scientifique sur ces «femmes invisibles» qui viennent d’un environnement social où il n’est pas légitime d’exposer publiquement des problèmes privés. Des femmes et des jeunes filles qui, pour des raisons d’interprétation traditionnelle des rapports hommes-femmes, n’envisagent que dans des cas extrêmes de prendre la parole pour demander réparation. Smaïn Laarcher s’est basé dans cet ouvrage sur des témoignages de victimes recueillis – au téléphone, par lettre, courrier électronique ou même au cours d’entretiens – par deux associations, Ni putes ni soumises et Voix de femmes, dans le cadre de leurs activités d’orientation et d’assistance à des personnes en difficulté. À partir de ce matériau inédit, il donne une analyse globale des transformations culturelles et sociologiques qui amènent progressivement ces femmes, pour qui la dénonciation de la maltraitance conjugale ou familiale est culturellement inenvisageable, à dépasser ce tabou et à s’adresser à des associations, des autorités ou des institutions pour demander réparations des violences subies à l’intérieur de la sphère privée. «Si j’ai attendu si longtemps pour divorcer, c’est parce que je n’étais pas encore prête à rompre non pas avec un homme, mais avec mon passé, avec ce qu’on m’avait appris», témoigne Nadia, Française d’origine algérienne, contrainte par ses parents à abandonner ses études pour épouser l’homme qu’ils lui ont choisi. Émaillée de nombreux exemples comme celui-ci, cette étude sociologique dévoile des figures de persécuteurs inattendues: si le mari est désigné dans 36,6% des cas comme le premier d’entre eux, les violences physiques sont aussi perpétrées par les parents (mère/belle-mère 37% et père/beau-père 34%, révèle une enquête menée en 2000 à la demande du Conseil général de la région Seine-Saint-Denis). Sauf que les coups ne sont que le pendant d’une oppression morale qui se décline sur plusieurs modes: interruption de la scolarité d’une élève brillante et ambitieuse, mariage forcé, séquestration… Frapper les esprits dans le but d’accroître non seulement le rejet de la violence privée contre ces femmes, mais aussi inciter à sa dénonciation permanente, exposer leurs problèmes afin d’y trouver des lois adaptées et de construire des politiques publiques pour lutter contre ce phénomène, voilà les objectifs majeurs de cet ouvrage, dont le sujet peut sembler, de prime abord, étranger à la société libanaise. Sauf que la violence contre les femmes reste un mal universellement répandu. Et ses manifestations plus ou moins similaires sous toutes les latitudes.
Zéna ZALZAL


« Femmes invisibles, leurs mots contre la violence » de Smaïn Laarcher (éditions Calman-Lévy) est, comme son titre l’indique, un ouvrage de sociologue. C’est-à-dire une étude qui examine une situation donnée dans un contexte spécifique.
Il s’agit, en l’occurrence, de violence familiale ou conjugale subie par les femmes issues de l’immigration en...