Ligue 1 Blanc fait rimer dauphin et Girondins

Bordeaux démontre depuis quelques saisons déjà qu’il représente une des valeurs sûres du championnat de France. Dauphin de Lyon au prix d’une fin de phase aller canon, le Bordeaux de Laurent Blanc s’inscrit dans la continuité de son parcours de la saison dernière, en s’appuyant sur un jeu, un mental et des individualités qui en font le plus sérieux outsider pour le titre. Le mental À l’instar de la saison dernière, Bordeaux a confirmé son statut d’« équipe à réaction », dont le plus bel exemple est le retour mémorable dimanche à Monaco (4-3) après avoir été mené 3 à 0 et terminé avec cinq attaquants. Les étreintes et la joie aperçues au stade Louis II en disent long sur la motivation qui anime le groupe bordelais. À mi-parcours, et malgré l’exigeante C1, il compte 35 points, contre 33 la saison dernière, et demeure à portée de Lyon (3 points) qu’ils recevront en avril. L’an dernier, Blanc avait regretté « le manque de caractère de ses hommes dans les entames », se félicitant aussi « du caractère affiché pour revenir ». Menés neuf fois au score cette saison, ils l’ont emporté 3 fois. Le match déclic est sans conteste la victoire obtenue à Grenoble (1-0) malgré deux exclusions, quatre jours après la gifle de Chelsea (0-4). Autre détail : après chaque match de Ligue des champions, les Bordelais ont enchaîné avec quatre victoires (dont trois à l’extérieur) et deux nuls, incomparable avec les 5 défaites post-C1 concédées lors de la précédente campagne sous l’ère Ricardo en 2007. Les jambes Avec 27 matches disputés depuis début août, les organismes ont été très sollicités, notamment ceux des internationaux Yoann Gourcuff et Alou Diarra, ou de l’inamovible défenseur Souleymane Diawara. Mais, contrairement à Lyon ou Marseille, l’infirmerie bordelaise a été plutôt épargnée (seuls Ramé, Henrique et Jussié l’ont fréquentée plus d’un mois). Préparation physique estivale efficace, politique de rotation instaurée par Blanc (21 joueurs à 5 matches et plus), Bordeaux a connu un coup de moins bien en novembre mais vient d’aligner trois victoires en décembre. De plus, c’est l’équipe la plus prolifique en seconde période (23 de ses 31 buts inscrits), ce qui en dit long sur sa résistance physique et ses facultés à aller de l’avant. Les individualités Avec le Parisien Guillaume Hoarau, Yoann Gourcuff est la bonne pioche du mercato. Adaptation rapide, prestations brillantes, prises de responsabilités, des buts (5) et des passes décisives (7) : le joueur prêté par le Milan a explosé en Gironde et chez les Bleus après une année délicate. Que penser également de l’Argentin Fernando Cavenaghi, modèle de réalisme (26 buts en L1 en 2008), sacrifié en Ligue des champions mais décisif en L1 avec 11 points glanés sur ses réalisations. Enfin, le profil de Marouane Chamakh, combattant précieux et altruiste, est unique en L1. Et quand l’attaquant marocain marque, ça peut donner des buts fabuleux (Marseille) ou l’espoir (doublé à Monaco) d’un retour improbable. A contrario, il est à noté la perte d’influence notable de la révélation brésilienne de la saison dernière, Wendel. Le jeu Champion de France de la conservation de balle, « parfois un peu stérile », notait récemment Franck Jurietti, Bordeaux a fait sensation par le jeu lors du choc à Gerland, sans être récompensé. Postés en 4-2-3-1 lors des grands rendez-vous, les Bordelais évoluent plus généralement en 4-4-2 losange qui a montré ses limites contre les blocs défensifs renforcés ou évoluant bas (Nancy, Rennes), ou 4-4-2 à plat dernièrement. Avec la nécessité, cette année, de se montrer efficace dans le jeu, n’ayant plus, comme la saison dernière, le même rendement sur coups de pied arrêtés, à l’origine de 50 % de leurs 65 buts l’an dernier contre 35 % cette saison.