Je veux voir s’ancre dans un genre quasi inclassable, plus artistique que cinématographique, cela de par le fait que Khalil Joreige et Joana Hadjithomas sont avant toute...
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Opinion La problématique de la trace au cœur d’un « film » qui a de la présence…
le 18 décembre 2008 à 00h00
Je veux voir vient de sortir dans les salles françaises, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui suivent de près le travail de nos deux réalisateurs. Des spectateurs aussi bien libanais que français.
Je veux voir s’ancre dans un genre quasi inclassable, plus artistique que cinématographique, cela de par le fait que Khalil Joreige et Joana Hadjithomas sont avant toute chose des artistes plasticiens. Leur film se situe entre la fiction et le documentaire. Le scénario ne comprenait pas de dialogues à la base (les acteurs ont beaucoup joué sur l’improvisation). Le film s’est construit sur l’idée d’une approche à la fois « intime » et « distanciée », ce qui avait au départ séduit Deneuve.
Le film allie étroitement et intimement aventure et rencontre. Joana et Khalil rencontrent Catherine (actrice mythique française) qui, à son tour, les rencontre ainsi que Rabih (acteur de la scène contemporaine libanaise), qui « se sent comme un touriste dans son propre pays ». Ensemble, ils sillonnent le Sud, véritable « kazdoura » en voiture. Plutôt que d’être un film sur la guerre, Je veux voir est un film sur la trace : « Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour les Libanais, pour qu’il reste une trace », insiste Deneuve.
Je veux voir est ce clin d’œil en filigrane au film d’Alain Resnais, Hiroshima mon amour. Son idée directrice fait étroitement écho à cette phrase sérielle : « Tu n’as rien vu à Hiroshima. »
Pour Joana et Khalil, la trace et la présence révèlent des atmosphères cinématographiques, comme ces cris émanant de la bouche des morts ou ceux symbolisant la révolte des vivants : « Nous entendons le son enfler comme le mugissement d’un torrent, ce son isolé, symbolique, contenu dans un espace mythique ; sa puissance menaçante devient un formidable symbole sonore, précisément parce que nous pouvons voir la foule », comme le souligne d’ailleurs si bien le théoricien du cinéma, Bala Balazs. Catherine Deneuve, quant à elle, confie : « J’ai eu une impression dévastatrice du Sud. Le choc que j’ai eu dans ce village, c’était de sentir la présence des gens à cet endroit… dans un village totalement absent, dévasté… Une image abstraite qui est devenue d’un seul coup très concrète. » Le jeu et le charme des acteurs, la présence-absence sublimissime de la Deneuve sont à couper le souffle. Je veux voir est un film réussi, où se mêlent conjointement fiction poétique et réalité
problématique.
Diana KAHIL
Je veux voir vient de sortir dans les salles françaises, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui suivent de près le travail de nos deux réalisateurs. Des spectateurs aussi bien libanais que français.
Je veux voir s’ancre dans un genre quasi inclassable, plus artistique que cinématographique, cela de par le fait que Khalil Joreige et Joana Hadjithomas sont avant toute...
Je veux voir s’ancre dans un genre quasi inclassable, plus artistique que cinématographique, cela de par le fait que Khalil Joreige et Joana Hadjithomas sont avant toute...
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