Boghossian, premier défenseur des Bleus

Nommé adjoint de Raymond Domenech fin juillet, le champion du monde Alain Boghossian, 38 ans, est aujourd’hui le premier défenseur de l’équipe de France. À l’occasion de la septième édition des « Étoiles du Sport », l’ex-milieu de terrain est revenu avec prudence sur sa nouvelle mission. « Les détails doivent rester dans le groupe, tourné vers un seul objectif, la qualification pour la Coupe du monde 2010 », a-t-il expliqué lors d’un point de presse. « Je ne veux pas parler trop de l’équipe de France et dévoiler les coulisses de mon rôle », a-t-il ajouté. La presse, il ne la comprend pas toujours. « En Italie, quand il s’agit de l’équipe nationale, les quatre quotidiens de sport sont à fond derrière. Chez nous, on n’y arrive pas malgré un unique quotidien de sport », a-t-il dit. « Je regrette qu’on ne soit pas assez derrière cette équipe. En s’en prenant ainsi au sélectionneur, l’équipe en subit les conséquences. Un staff se juge à la fin de sa mission. Là, elle commence. » À cette équipe de France, où joue un ancien coéquipier comme Thierry Henry, « sachant déjà faire la distinction entre ce que j’étais avant et ce que je suis maintenant », Alain Boghossian offre son « expérience générale, italienne et internationale », son recul et sans doute beaucoup de sa bonne humeur, trouvant souvent écho du côté de Franck Ribéry. Avant d’accepter cette mission déjà riche de cinq rencontres, l’ancien joueur de Parme, champion du monde avec les Bleus en 1998, a réfléchi. « J’ai pesé le pour et le contre et j’ai été pris par l’envie de partager mon expérience et séduit par Raymond Domenech, très droit et très demandeur d’avis extérieurs, contrairement à ce que la presse doit penser », dit-il. Aujourd’hui, « Boghosse » ne s’attribue pas un rôle particulier ou important. « Écouter et observer » « Avant d’apporter quelque chose, il faut écouter chaque joueur et le comprendre. Avant qu’ils vous acceptent, vous et vos conseils, il faut les amener à accepter de les recevoir. Donc, il faut écouter, observer : c’est un travail de longue haleine. Pour l’instant, tout correspond à ce que je pensais, voire encore mieux. » L’ancien joueur aux 26 sélections n’hésite pas à prendre la défense des jeunes comme Karim Benzema. « On leur demande trop de choses, on leur demande presque de brûler les étapes, dit-il. Être bon en équipe de France, être bon en Coupe d’Europe, être bon en club, être bon avec les médias, être charismatique ou capable de délivrer un message. » « Moi, on me l’a demandé à 26 ans dans la foulée de notre victoire en Coupe du monde. Eux, on le leur demande à 21 ans. Ce n’est pas évident. Difficile pour eux de tout bien digérer d’un coup. » Embarqué dans sa nouvelle mission, Alain Boghossian, excellent joueur de golf, a dû remiser ses clubs « dans un placard au point d’avoir vu apparaître des toiles d’araignée ». Du coup, son handicap de zéro atteint en trois ans de pratique en a pris un coup. « Comme je ne peux plus m’entraîner, je préfère éviter de jouer en compétition. Ainsi, je ne vois pas mon handicap monter. » Alain Boghossian est déjà tourné vers la prochaine rencontre de ses Bleus, le 11 février à Marseille contre les Argentins et leur nouveau sélectionneur, Diego Maradona, au sujet duquel il livre une anecdote. « Un jour, j’étais dans les tribunes d’une rencontre entre la Juve et Parme. À la mi-temps, j’entends dans un couloir quelqu’un m’interpeller par mon nom, crier “Boghossian, Boghossian” avec l’accent espagnol », se souvient-il. À peine retourné, « Boghosse », alors blessé, voit Maradona lui sauter dans les bras. « On a échangé pendant cinq minutes. Mais avant cet instant, je ne l’avais jamais vu ou côtoyé et je ne lui avais jamais parlé. Alors nos retrouvailles seront peut-être amusantes. »