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Actualités - OPINION

Interpellation et reddition de compte Albert SARA

Ce discours de l’Indépendance a suivi de six mois celui de l’intronisation. On y trouve le même esprit, la même détermination, toutefois avec une nuance : dans l’intervalle, se sont produits des événements de nature à modifier la perception par les gens (la lecture) de ces importantes prestations présidentielles. Ce qu’il y a de notoire dans le dernier discours, c’est ce passage martelé par Michel Sleiman, qui touche au fond du problème (the heart of the matter, dirait Graham Green), qui conduit inévitablement à discuter sans ambages liberté et sécurité : « Aujourd’hui, déclare le président, le peuple a la possibilité d’interpeller et de demander compte. Et par bonheur, nous vivons sous un régime démocratique qui permet d’entreprendre ces recours essentiels, à savoir interpeller et demander compte. » Or, jusqu’à ce jour, le pays, notamment la jeunesse invitée d’honnneur, est toujours sur sa faim, privé de nouvelles de l’un des plus horribles drames, l’assassinat du capitaine aviateur Samer Hanna par un milicien, le 28 août dernier, il y a donc trois bons mois. L’assassin fait partie d’un groupe hezbollahi qui patrouillait, ce jour-là, dans le Sud. Non loin de là, le capitaine Hanna, aux commandes de son hélicoptère, faisait des exercices d’atterrissage et de redécollage. Il venait de toucher terre, et remontait. Il n’avait pas atteint 10 mètres de hauteur (aux dires des témoins), lorque le milicien a déchargé dans sa direction trois balles dont l’une l’a touché à la tête. Cette atteinte ostensible à l’armée, ainsi qu’au pays, devait, de l’opinion unanime, déclencher une réaction tonitruante, une répression exemplaire. Mais... car il y a un mais, fort habilement, le lendemain même, Hassan Nasrallah livre à la justice un jeune milicien de 19 ans, Moustafa Moukadem, choisi pour se déclarer l’auteur du tir. Devant le juge d’instruction, ce jeune déclare, en toute candeur, « avoir cru que l’appareil relevait de l’armée israélienne ». Information rapportée par L’Orient-Le Jour du 17/9/2008. Depuis cette date, c’est le mutisme absolu de la part des responsables : aucune information au sujet de l’avancement du procès. Ces jeunes, que le président a encouragés à exercer leur droit « à interpeller, à demander compte », après avoir attendu trois mois depuis le crime qui a secoué le pays, posent les questions suivantes : 1. Un milicien, entraîné aux patrouilles frontalières, peut-il, dans une invraisemblable hallucination, s’illusionner voir l’étoile de David à la place du Cèdre généreusement reproduit sur les pales de l’appareil ? 2. S’il a pris le pilote pour un Israélien, n’était-ce pas une occasion en or de le capturer et de le joindre aux deux soldats que le Hezbollah avait kidnappés le 12 juillet 2006 ? 3. Si la formation à laquelle il est soumis, comporte une discipline (dit-on) sévère, pouvait-il tuer un homme sans la connaissance de son supérieur et sa responsabilité ? Et enfin, se référant aux propos encourageants du président, on pense : Il est vrai que les enquêtes peuvent être longues (et en principe secrètes). Néanmoins, le public n’a-t-il pas le droit de suivre « de l’extérieur » ses développements, (comme l’a fait le journal précité) ? Le mutisme systématique observé jusqu’à ce jour peut donner à penser que la tentation-contamination d’occulter ce qui gêne les patrons, comme ça se pratique couramment ailleurs, n’est pas encore suffisamment guérie ici. Article paru le mercredi 3 décembre 2008
Ce discours de l’Indépendance a suivi de six mois celui de l’intronisation. On y trouve le même esprit, la même détermination, toutefois avec une nuance : dans l’intervalle, se sont produits des événements de nature à modifier la perception par les gens (la lecture) de ces importantes prestations présidentielles.
Ce qu’il y a de notoire dans le dernier discours,...