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Théâtre Faust perdu dans le chaos des mots… Edgar DAVIDIAN

L’histoire de Faust, cet alchimiste allemand du XVIe siècle, revisitée en langue arabe pour la scène par Chakib Khoury. Dans le chaos des mots et la parité homme-femme, cette nouvelle narration reste filandreuse et privée d’émotions. Un mythe et une légende que le parcours du Dr Faust. Mythe et légende de celui qui signe un pacte avec Méphistophélès. Entre éternelle jeunesse et une âme vendue au diable, entre plaisir terrestre et damnation éternelle, la vie de Faust a fasciné bien entendu plus d’un poète, plus d’un écrivain, plus d’un dramaturge. En tête de liste Christopher Marlowe, Lessing et bien entendu Goethe, dont l’œuvre reste un maillon marquant dans cette fiction opposant corps et esprit, passion et sagesse, déchéance et sens de l’élévation, pouvoir et servitude, secrets de l’immatériel et jouissance terrestre. Riche terreau de joute philosophique que l’esprit de Chakib Khoury, aussi féru du monde de la scène que celui de la littérature, se hâte de mettre à son tableau de chasse entre flaque de lumière et emballement pour les vocables de la fiction… Sous le titre Al-Zir Salem et Dr Faust, le créateur de L’île aux oiseaux et Des lapins et des saints signe un texte qu’il met en scène au théâtre Babel (Hamra) avec deux jeunes acteurs. Dans un décor dépouillé et crépusculaire, telle une mystérieuse séance d’appel d’esprit, une kyrielle de bougies allumées reflètent un univers tourmenté et trouble. Là, à l’abri du vent et des tempêtes, deux personnages, un homme et une femme, entre légers accessoires de scène (une rosace en projection sur le mur, un bahut trapu, une robe accrochée sur un pan d’ombre), donnent libre cours à leurs palabres, fantasmes, angoisses, obsessions. Tout part d’un rêve, d’un songe… Celui de « Zir Salem » qui catapulte, comme dans un puits, dans le temps et les parchemins du magicien Faust… Pour vivre cette fiction débridée et chaotique, le spectateur assiste, navré et souvent ennuyé, à un monde de « hakawati » bavard habité de chimères folles, tout en coq-à-l’âne, avec divagations historiques, récits abracadabrants, situations artificielles où jamais l’émotion n’affleure, car on reste aux abords d’un conte très rhétorique... Pour contourner la parabole d’une humanité souffrante et injecter des idées nouvelles à un thème tiraillé entre pensée et action, l’auteur place le sulfureux et actuel sujet de la parité femme-homme. Avec tout ce que cela comporte de principes de pardon, de compréhension, de reconnaissance de l’autre…Apologie rabâchée et moralisante servant d’illustration à la faiblesse humaine. Dans une mise en scène sombre, lente, emphatique et figée, les deux acteurs (Salim Alaa Elddine et Yara Bou Nassar), malgré tous leurs efforts, alliant charme et maladresse de tous jeunes talents, ont du mal à passer un message lui-même vaseux et inutilement tentaculaire. Tout cela manque d’un grain de folie pour que le rêve s’ébranle…
L’histoire de Faust, cet alchimiste allemand du XVIe siècle, revisitée en langue arabe pour la scène par Chakib Khoury. Dans le chaos des mots et la parité homme-femme, cette nouvelle narration reste filandreuse et privée d’émotions.
Un mythe et une légende que le parcours du Dr Faust. Mythe et légende de celui qui signe un pacte avec Méphistophélès. Entre éternelle...