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Eau du Liban – Pétrole du Liban Hyam MALLAT

En 1982, j’ai fait paraître un ouvrage aux éditions de l’Université libanaise intitulé Eau du Liban – Pétrole du Liban. Sous ce titre volontairement provocateur, j’ai essayé de montrer que notre eau était notre pétrole et qu’il était nécessaire d’œuvrer à bâtir un dossier juridique solide pour la défendre, d’assurer sa distribution rationnelle à tous les secteurs de l’activité économique (domestique, balnéaire, industriel, irrigation…) pour éviter de nous voir un jour discuté sur son utilisation lors des négociations du Proche- Orient et de lancer des projets d’équipements adéquats. Depuis, seul le barrage de Chabrouh a été réalisé, en dépit d’immenses difficultés. Face donc aux multiples défis posés, il y a bien lieu de constater au moins ce qui suit : – De toutes les ressources naturelles libanaises, seule l’eau n’a pas une identification neutre, ce qui revient à dire que les politiques et les sociétés au Liban ont une position engagée en vue d’assurer cette ressource et de la sécuriser. C’est dire aussi la gravité et le sérieux des interpellations qui doivent agiter notre société, puisque depuis longtemps déjà les institutions – en dépit de la fusion des établissements publics d’exploitation des eaux – et les projets – en dépit du plan établi par le ministère de l’Énergie et de l’Eau – n’arrivent plus à rattraper les besoins et les exigences faute de crédits et de soutien politique affirmé. – De tous les dossiers objet de possibles négociations diplomatiques et politiques, celui de l’eau du Jourdain est le plus crucial, car il intéresse directement cinq partenaires qui ne s’aiment pas beaucoup ou pas du tout – à savoir le Liban, la Syrie, Israël, la Palestine et la Jordanie –, soucieux tous d’améliorer la réception de cette ressource. C’est dire que la paix restera éloignée du Proche-Orient et les négociations demeureront rien que des retrouvailles verbales sans conséquence réelle sur l’essentiel, jusqu’au jour où la question de l’eau sera sérieusement abordée pour marquer des solutions nouvelles dans ce domaine. Car, c’est réellement à partir de ce moment-là qu’il y aura lieu d’envisager des négociations menant à une paix des peuples et non à une paix de rois, émirs ou présidents. Or, rien n’est aussi dramatique que cette négociation sur les eaux du Proche-Orient entre ces partenaires. On l’a bien vu avec la crise du Hasbani en 2002 entre le Liban et Israël, quand la seule application de cette fameuse convention internationale des Nations unies sur les cours d’eau non navigables à laquelle le Liban a adhéré sans présenter aucune réserve alors qu’il est un pays en amont doté de ressources hydrauliques ne pouvait conduire qu’à une aliénation possible de tout l’avenir de notre potentiel hydraulique du sud-est du pays. Il n’est pas avisé de voir le Liban appliquer tout seul cette Convention, qui n’est pas encore entrée en vigueur plus de dix ans après son vote par l’Assemblée générale des Nations unies, puisque seuls 16 instruments de ratification ont été déposés alors qu’il en faudrait 35 pour son entrée en vigueur. Pourtant, les risques sont grands de voir résulter d’accords issus de cette Convention la perte d’une quantité importante de notre eau, puisque dans l’un des cas de figure limite, si les pays du cours concerné (Syrie, Palestine, Israël, Jordanie) s’accordent à laisser au Liban tout ce dont il a besoin en eau pour satisfaire certaines de ses régions encore sous-peuplées et sous-développées, que ferions-nous si la Jordanie – oui la Jordanie et non Israël – viendrait à nous réclamer les surplus possibles de l’eau, et quelle position adopter par rapport à un pays arabe qui se considère comme ayant toujours été présent aux côtés du Liban et accueillant aux Libanais ? C’est dire en quelques mots combien les enjeux autant que les défis sont dramatiques. Et le Liban a besoin de beaucoup d’amitiés internationales fidèles et solides pour éviter de s’engager en un combat douteux dont dépend assurément l’avenir économique et social du pays. Article paru le samedi 29 novembre 2008
En 1982, j’ai fait paraître un ouvrage aux éditions de l’Université libanaise intitulé Eau du Liban – Pétrole du Liban. Sous ce titre volontairement provocateur, j’ai essayé de montrer que notre eau était notre pétrole et qu’il était nécessaire d’œuvrer à bâtir un dossier juridique solide pour la défendre, d’assurer sa distribution rationnelle à tous les...