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Actualités - CHRONOLOGIE

Réformes Que valent les engagements pris par le gouvernement vis-à-vis du FMI ? Sahar AL-ATTAR

Dans le cadre du programme EPCA, les autorités libanaises ont adressé une lettre d’intention au Fonds, dans laquelle figurent les principales mesures prévues en 2009. Certaines d’entre elles semblent toutefois très incertaines. Pour solliciter un prêt du Fonds monétaire international dans le cadre du programme d’aide d’urgence postconflit (EPCA), le ministre des Finances, Mohammad Chatah, et le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, ont adressé le 3 novembre une lettre d’intention au directeur du Fonds, Dominique Strauss Kahn. Récemment publiée par le FMI, cette lettre détaille, comme son nom l’indique, les intentions du gouvernement en matière de politiques macroéconomiques pour la période 2008-2009. Mais entre les intentions, aussi bonnes soient-elles, et les réalisations, il y a plus d’un pas que le gouvernement risque de ne pas franchir. Selon la lettre, MM. Chatah et Salamé se sont par exemple engagés « à introduire des mesures-clés du programme de l’agenda à moyen terme du programme des réformes, incluant une privatisation du secteur des télécoms et la réforme du secteur de l’énergie ». Mais depuis début novembre, les donnes ont changé, et la cession des réseaux cellulaires, prévue initialement en mars 2009, semble bien incertaine. Le ministre des Télécommunications, Gebran Bassil, a ainsi jugé « irréaliste » la mise en œuvre de cette mesure à la date prévue, et le projet de budget 2009 révisé devrait désormais prévoir deux scénarios à cet égard. « Nous avons écrit cette lettre sur la base de la forte volonté qu’a témoignée le gouvernement, y compris le ministre concerné, en faveur de la privatisation au moment de la visite de la mission du FMI, il y a quelques mois », a expliqué le ministre Chatah à L’Orient-Le Jour. « Depuis, les conditions ont évolué, notamment sur les marchés financiers, a-t-il ajouté. En principe, le vote de la loi sur la cession des réseaux pourrait avoir lieu entre décembre et février. Mais ensuite, il faudra attendre le bon moment pour lancer l’opération .» Parmi les autres mesures évoquées pour « faire face aux principales vulnérabilités » du pays, notamment « le niveau très élevé de l’endettement public et les besoins de financements externes importants », le gouvernement entend atteindre un excédent primaire de l’ordre de 283 milliards de livres fin 2009, en augmentant la taxe sur les taux d’intérêt sur les dépôts de 5 à 7 %, en appliquant des charges locatives sur les biens-fonds maritimes, en éliminant la provision de la loi sur la TVA permettant un remboursement sur certaines activités exemptées, en relevant la taxe sur la réévaluation des actifs des compagnies de 1,5 à 2 %, en rationalisant les subventions et, enfin, en réduisant les transferts à l’EDL. Cette dernière mesure doit être rendue possible grâce à l’adoption d’une nouvelle structure tarifaire, devant rapporter 240 millions de dollars, et à l’approvisionnement de la centrale de Beddawi en gaz naturel, ce qui permettrait d’économiser 100 millions de dollars. Selon la lettre, le gouvernement se penche également sur une révision du mécanisme de détermination de la marge de profit des importateurs de pétrole pour permettre au Trésor d’augmenter les droits d’impôt sans affecter les prix à la pompe. De son côté, la BDL devrait renforcer ses procédures opérationnelles et se lancer dans la privatisation de la MEA et d’Intra. Mais que valent réellement ces engagements pris vis-à-vis du FMI ? « L’objectif de la lettre est de donner une idée générale des politiques menées et vise à démontrer le sérieux des autorités dans la mise en œuvre du programme de réforme ; mais si tous les objectifs ne sont pas atteints, le Fonds saura se montrer compréhensif », a expliqué le ministre des Finances. D’autant que le prêt du FMI dans le cadre du programme EPCA est déboursé immédiatement, sans obligations. « Le prêt en lui-même est infime (NDLR : 37,6 millions de dollars), a ajouté M. Chatah. L’objectif du programme avec le Fonds est surtout de mobiliser les aides internationales. » Car « le Liban aura besoin d’un support externe considérable en 2008-2009 pour renforcer la position de la balance des paiements (…) et financer les efforts de reconstruction », lit-on dans la lettre. Reste à savoir si les autres bailleurs de fonds seront aussi indulgents que le FMI. « Les donateurs comprennent la situation, a estimé M. Chatah. La France, par exemple, avait conditionné le versement de la deuxième tranche des aides promises à Paris III à la privatisation des cellulaires. Mais lors de la visite du Premier ministre François Fillon, nous avons changé les conditions. Finalement, l’aide devrait ainsi être consentie lorsque les préparatifs du processus seront achevés. » Pour le moment donc, tout comme pour Paris II, les autorités libanaises peuvent se permettre de ne pas tenir entièrement leurs promesses. Mais ce ne sera pas le cas si le pays conclut un accord classique avec le Fonds, appelé « stand up agreement ». À cet égard, la lettre affirme que le gouvernement entend « explorer » cette « possibilité ». Mohammad Chatah a affirmé, en revanche, que ce « sujet n’est pas à l’ordre du jour ».
Dans le cadre du programme EPCA, les autorités libanaises ont adressé une lettre d’intention au Fonds, dans laquelle figurent les principales mesures prévues en 2009. Certaines d’entre elles semblent toutefois très incertaines.
Pour solliciter un prêt du Fonds monétaire international dans le cadre du programme d’aide d’urgence postconflit (EPCA), le ministre des Finances, Mohammad...