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Actualités - REPORTAGE

Reportage La police du pétrole manque d’essence

Assis sur les troisièmes réserves de pétrole au monde, gardiens des pipelines dans le centre de l’Irak, le colonel Shakir Obeid et ses hommes n’ont pas de quoi faire le plein de leurs 4x4. Victimes depuis des mois d’un imbroglio politico-administratif entre les ministères du Pétrole et de l’Intérieur, les hommes de la police du pétrole, chargés de protéger les artères vitales de l’économie irakienne, patrouillent à pied, sont sous-payés, prennent leur service en auto-stop et doivent apporter à leurs frais eau et nourriture. Lundi, dans leur quartier général pour la région centre de Khan Ruhbah, ils ont profité de la visite-éclair de deux généraux américains pour leur présenter leurs doléances, espérant qu’ils intercéderont en leur faveur auprès du gouvernement irakien. « Faute de fuel pour le générateur, nous n’avons pas eu d’électricité pendant quatre mois. Pas d’électricité, pas de radios », se lamente le colonel Shakir, ajoutant : « Pour les 31 voitures, nous avons vingt litres par jour : pas de quoi aller d’un poste de garde à l’autre (…). Mes hommes sont payés la moitié de ce que touche un policier. Si cela continue comme ça, on va tous les perdre. Ils vont partir dans l’armée ou la police. » Il y a six mois, les 31 000 hommes de la police du pétrole sont passés sous le commandement du ministère de l’Intérieur. Mais leur budget, toujours géré en partie par le ministère du Pétrole, n’a pas suivi. « Ces gars sont victimes d’une confusion des responsabilités entre les ministères de l’Intérieur et du Pétrole » explique le général américain Michael Oates, commandant de la région centre. « Ils n’ont pas d’eau potable, pas de salaires corrects, ils se déplacent à leurs frais. Il faut régler cela », dit-il. Le long des 210 km de pipelines dont est responsable le colonel Shakir, il y a 42 postes dans lesquels une dizaine d’hommes montent une garde essentiellement statique. L’un d’eux explique : « Nous venons deux jours et rentrons chez nous deux jours. Il faut apporter ses repas. Moi, dès que je peux, je rentre dans la police ; ils sont payés 700 dollars par mois, le double de ce que je touche ! Et ils sont près de chez eux, pas perdus ici en plein désert ! » Le chef de la police du pétrole, le général Hamid Abdallah, affirme tout faire pour débloquer la situation, sans succès pour l’instant. « Pourtant, nous protégeons la principale ressource du pays », dit-il. Avec des recettes pétrolières d’environ 600 millions de dollars par semaine, garanties par l’or noir qui coule dans les pipelines, ce ne sont pourtant pas les moyens qui manquent, souligne le général américain Franck Helmick, précisant qu’il allait demander l’organisation d’une réunion entre les deux ministres (Pétrole et Intérieur) pour régler ce problème. « Sous Saddam Hussein, c’était plus simple (…). Si un pipeline était endommagé, il envoyait ses hommes au village d’à côté et tuait tout le monde. Alors les tribus garantissaient la sécurité des tuyaux, pour rester en vie », dit-il. Michel MOUTOT (AFP)
Assis sur les troisièmes réserves de pétrole au monde, gardiens des pipelines dans le centre de l’Irak, le colonel Shakir Obeid et ses hommes n’ont pas de quoi faire le plein de leurs 4x4. Victimes depuis des mois d’un imbroglio politico-administratif entre les ministères du Pétrole et de l’Intérieur, les hommes de la police du pétrole, chargés de protéger les artères...