Exposition Les joyeuses « luronnes » de Jesus Nodarse Zéna ZALZAL

Il est fils de la révolution cubaine, porte un prénom christique et peint des femmes à la sensualité débordante. Jesus Nodarse fait partie de cette jeune génération de peintres cubains que la galerie South Border* veut faire découvrir aux amateurs libanais. C’est ainsi qu’après avoir présenté des toiles de Nodarse au cours de précédentes expositions collectives, les propriétaires de la galerie ont décidé d’inviter cet artiste au style particulièrement réjouissant à venir travailler sur place les toiles de son actuel accrochage beyrouthin. Le résultat de ce séjour de trois mois au Liban orne les cimaises de la galerie à Gemmayzé jusqu’au 10 décembre. Intitulée « Sensual Awakening In Lebanon » ou « Réveil sensuel au Liban », cette exposition reprend, sur une trentaine de tableaux, le thème favori du peintre cubain : les plantureuses et charnelles filles d’Ève. À l’huile sur toile ou au pastel sur papier, mais aussi au fusain, Jesus Nodarse célèbre invariablement la « puissance féminine ». En effet, les femmes qu’il représente, outre leur plénitude charnelle, sont constamment en position de pouvoir par rapport à l’homme. Ce dernier est miniaturisé au point de tenir dans la paume de sa compagne, de se perdre au sommet de son crâne, dans sa chevelure, entre une fleur et un papillon…Ou encore de se balancer, en duo, dans une balance à poids manipulée par une créature charnue faisant partie d’une assemblée de femmes surdimensionnées. Des sortes de joyeuses « luronnes » qui balancent entre attitudes sarcastiques et hédonisme radieux. Cela donne des scènes surréalistes aux couleurs vives-acidulées qui expriment la conviction profonde de l’artiste que « malgré sa frivolité apparente – symbolisée chez lui par les fleurs, fruits et papillons qui entourent ses personnages féminins – c’est la femme qui tient en réalité les rênes du pouvoir ». Au Liban comme à Cuba, semble-t-il ! Car, si au cours de son séjour libanais, Jesus Nodarse a tiré de nouveaux éléments d’inspiration, il n’a pas changé de thème central. Seules différences entre ses toiles « beyrouthines » et les autres : ces narguilés qui émaillent ses toiles, ces couleurs plus suaves « car la lumière de Beyrouth est beaucoup plus douce que celle de La Havane », explique-t-il, et une certaine poésie qui nimbe certaines pièces accrochées. * South Border Gallery (Gemmayé, rue Gouraud, dans l’immeuble de Ahwet el-Ezzez, 2e étage). Tél. : 01/584040.