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Actualités - CHRONOLOGIE

Exposition Le surréalisme fantastique de Vahram Edgar DAVIDIAN

Un monde débordant de couleurs et de mouvements habite la résidence Karly, à Jnah. Entre les abstractions de Vahan et la Renaissance empreinte de surréalisme de Vahram, la peinture a brusquement des accents détonants et des sonorités inédites. Un monde ramagé aux exubérances indomptées sur les murs de l’entrée de la résidence Karly (Jnah). Monde oscillant entre le futurisme au lyrisme échevelé de Vahan (voir L’Orient-Le Jour du 26 août) et l’onirisme vénéneux de Vahram (connu aussi du public libanais par son nom de famille Davtian) dans une Renaissance visitée par un esprit contemporain teinté d’une décapante modernité aux allures vaguement daliniennes… Ensemble étrange, à la fois lisse et strident, de mégatoiles pour les cimaises de la résidence Karly, vaste espace aux immenses baies vitrées. Dans cet écrin flambant neuf, Vahan expose une trentaine de toiles aux abstractions savamment architecturées, tandis que Vahram offre une quinzaine d’œuvres jaillies d’un imaginaire délirant. Un imaginaire hanté par le temps de jadis tout en clignant de l’œil à un présent fait de rêves, de malice et de plaisirs renouvelés… Monde à la fois silencieux et bruyant que celui de Vahram, peintre inspiré, minutieux, original et au pinceau digne des grands maîtres d’autrefois. Avec un plus indéniable, celui de l’inédit d’un « dire » pictural qui sait parfaitement qu’il pastiche des immortels, mais qui n’en apporte pas moins une touche personnelle, savoureuse et surtout forte d’une technicité à couper le souffle, soutenue par une vision baroque, enrobée d’humour et de poésie. Randonnée dans ce labyrinthe aux senteurs médiévales, gardé par des personnages énigmatiques, farfelus, ludiques, vêtus d’oripeaux presque princiers (notamment les dames à l’élégance vestimentaire qui ne saurait passer inaperçue) où « jouer » semble une occupation favorite et privilégiée…Une cour oisive aux loisirs raffinés, amusants, un rien étrange… Jeux divers allant du cerceau qu’on équilibre dans l’air aux roues avec quenouilles, en passant par l’heureux tintamarre d’un néojazz-band, le roulement d’un tambour quand une carriole pleine de dames caquetantes et chapeautées passe, la manipulation de mailloches pour des ombres chinoises balinaises, partie de tennis entre un couple livide aux couleurs givrées ou tout simplement une sérénade entre mandoline et flûte tandis qu’un paon regarde paisiblement un paysage de neige… Surréalisme évident, placide et inquiétant d’un univers échappé à un conte cruel et tendre à la fois où les images ont pris irréversiblement les rênes du pouvoir. Images lumineuses, froides, chaleureuses, acides, léchées, au finissage impeccable de virtuosité picturale. Virtuosité non seulement dans l’énoncé d’un tableau, mais surtout dans la préciosité et la méticulosité des détails. Images aussi mortuaires, par-delà l’éclat et le foisonnement des couleurs (ou parfois de curieuses nuances tout en blanc suaire) car ne se référant délibérément au passé que pour mieux dépasser le présent… Une force de vie qui revendique avec véhémence, impertinence et insolence l’inaliénable part de liberté et de rêve dans tout parcours humain. Liberté et rêve de vivre nu, comme dans un état de nature (telle cette femme à la capeline rouge, observée par un hibou, accompagnant deux angelots) dans un paysage de neige (oui Delvaux n’est pas loin), ou cette ballerine corsetée, jambes découvertes sous les chutes de gazes transparentes, tout cela est là, par fausse innocence ou impudeur… Ces images insolites (souvent provocantes) sont là pour offrir au corps (et à l’esprit) son absolu besoin d’indépendance et d’affranchissement, d’hédonisme. Tout comme ces silhouettes insaisissables déambulant en une sorte de ronde où, par-delà tout port de masque, l’hermaphrodisme a une part léonine... Effets de draperies (excellente peinture, rivalisant parfois avec la netteté d’une photo captant les plis des étoffes) pour un monde régi par un statisme hiératique et volontiers théâtral. Théâtre révélant la beauté des Aurores boréales, l’autoportrait du peintre battant tambour, avec écharpe verte, entre un farfadet féminin et un paisible paysage verdoyant, une carpe immense sur charrette portant sur ses écailles une dame enturbannée et arborant des gants à la Gilda… Fou, fou, fou est le monde de Vahram. Tout cela est profondément irrationnel, mais avec Vahram il y va surtout d’une délicieuse et généreuse invitation à un voyage fabuleux qu’on ne saurait décliner… * Résidence Karly, près du BHV, entre l’ambassade de Chine et l’hôtel « Marriott ». Jusqu’au 26 novembre.
Un monde débordant de couleurs et de mouvements habite la résidence Karly, à Jnah. Entre les abstractions de Vahan et la Renaissance empreinte de surréalisme de Vahram, la peinture a brusquement des accents détonants et des sonorités inédites.
Un monde ramagé aux exubérances indomptées sur les murs de l’entrée de la résidence Karly (Jnah). Monde oscillant entre le...