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Actualités - ANALYSE

Éclairage L’efficacité des forces irakiennes à l’épreuve du retrait américain

Huit ans après l’invasion de mars 2003, les Irakiens devront prendre en main à eux seuls leur sécurité. La capacité des forces irakiennes à assumer la sécurité de leur pays fait encore l’objet d’interrogations, surtout de la part des États-Unis dont l’ensemble des troupes devront se retirer d’Irak au plus tard en 2011. « Nous sommes autonomes sur beaucoup de plans, mais nous avons encore besoin d’aide (de la coalition dirigée par les États-Unis) pour la surveillance des frontières, l’armée de l’air, la marine, les outils sophistiqués de contre-terrorisme, et nous devons progresser sérieusement en matière de renseignements », a déclaré le conseiller irakien pour la Sécurité nationale, Mouaffak al-Roubaïe. Le Premier ministre, Nouri al-Maliki, peut se targuer de succès militaires qui ont ramené la violence à son plus bas niveau depuis 2004. « Il y a encore huit mois, nous préconisions un démantèlement de la police nationale » pour cause de corruption et d’inefficacité, admettait récemment le général américain Frank Helmick, chargé de la formation des forces irakiennes. « Mais le changement a été remarquable. Elles constituent maintenant une force agressive », ajoute-t-il. Dopés par les succès en 2008 à Bassora et Bagdad, où les forces irakiennes étaient en première ligne pour défaire l’Armée du mahdi, la puissante milice du leader chiite radical Moqtada Sadr, les ministères de l’Intérieur et de la Défense se renforcent. Le premier dispose officiellement de 560 000 policiers, assez, selon lui, pour écarter la principale menace intérieure, les opérations d’el-Qaëda. Le ministère de la Défense, qui compte aujourd’hui 260 000 soldats, vise in fine à réunir une armée de 300 000 hommes dotée d’équipements modernes, des fusils d’assaut M-16 aux chasseurs F-16, dont il négocie l’acquisition. Pour cette politique ambitieuse, le gouvernement a alloué 8 milliards de dollars aux forces de sécurité. Ce poste est le premier du budget 2009 (12,6 %). « Nous devons accroître nos forces de manière verticale et non horizontale, en privilégiant la qualité à la quantité. Il faut mettre l’accent sur la formation, l’achat d’armes et d’équipements très sophistiqués. Nous sommes les meilleurs en matière de renseignements humains, mais nous avons besoin de la coalition » pour la technologie, assure M. Roubaïe. Pour les Américains, les Irakiens sont encore loin de pouvoir garantir leur sécurité. Cela dépendra « des conditions sur le terrain », a récemment estimé leur porte-parole, l’amiral Patrick Driscoll. La sécurité dans 13 des 18 provinces d’Irak a déjà été transférée aux Irakiens qui prévoient le retour dans leur giron avant fin 2008 de Kirkouk, une région pétrolifère âprement disputée, et de Salahedinne, qui fut longtemps un bastion de l’insurrection sunnite. Il ne restera alors que trois provinces sous contrôle américain : Bagdad et les deux régions où les violences sont les plus fortes, Ninive, avec sa capitale Mossoul, et Diyala et son chef-lieu Baaqouba. Dans plusieurs des provinces relativement pacifiées, les forces irakiennes ont été efficacement soutenues par les quelque 100 000 membres des « Sahwa », ex-rebelles sunnites payés par le gouvernement irakien, après les Américains, pour combattre el-Qaëda. Mais à Diyala ou Ninive, deux bastions d’el-Qaëda, la capacité des forces irakiennes à maintenir la sécurité est un sujet de préoccupation. « Nous avons à la fois une mission de formation et une autre d’anti-insurrection. On construit l’avion tout en le faisant voler, ce qui est difficile », a résumé l’amiral Driscoll. Karim TALBI (AFP)
Huit ans après l’invasion de mars 2003, les Irakiens devront prendre en main à eux seuls leur sécurité.
La capacité des forces irakiennes à assumer la sécurité de leur pays fait encore l’objet d’interrogations, surtout de la part des États-Unis dont l’ensemble des troupes devront se retirer d’Irak au plus tard en 2011. « Nous sommes autonomes sur beaucoup de...