Web Culture Tout le monde les regarde

Maya GHANDOUR HERT À l’heure où le partage de vidéos s’épanche sur la toile, véritable témoin des mœurs et peinture des vicissitudes, les sites de « réseautage » social ne font que surabonder. Rares sont les espaces de la toile qui n’invitent pas à découvrir, regarder ou simplement zieuter des séquences filmées tantôt personnelles, tantôt mercantiles. Le phénomène de la « télévision sans frontières » fait ravage, les vidéos en tout genre abondent. Avec l’apparition de plates-formes telles que Youtube, Dailymotion ou encore Yahoo Video, le média se déplace et parcourt la toile de part en part. Par le biais de logiciels Peer-To-Peer, de courriels et de sites Internet, nombreux ont été les internautes qui se sont découvert un talent créateur. Se mettant en scène, seul ou à plusieurs, ils improvisent feuilletons et clips musicaux, actualités et reportages. Les internautes « infestent » ainsi la toile de séquences insolites et souvent inutiles. Les images circulent et peu d’entre elles resteront gravées dans nos mémoires. Parallèlement, les technologies à l’heure actuelle permettent au réseau de s’élargir, ce sera désormais au téléphone portable et aux lecteurs multimédias portables de diffuser farces et bizarreries. La vidéophonie accompagnera la frénésie visuelle, il s’agira in fine de voir pour être vu. Tout le monde en parle Les sites tels que Youtube, où le contenu des vidéos postées par les internautes n’est vérifié qu’une fois celui-ci en ligne, permettent aux individus de publier les vidéos de leur choix. Ainsi, les contenus subversifs, pornographiques, tendancieux et préjudiciables apparaissent sur la toile et sont vus de tous. La Commission européenne tenterait de réguler le partage de vidéo en ligne, afin de conformer les services de médias audiovisuels aux standards européens, dans des domaines tels que la publicité et la protection de l’enfance. De son côté, Microsoft lorgne sur la vidéo communautaire en ligne et lance son propre service de vidéos sur MSN : http://www.soapbox.msn.com. La course aux réseaux communautaires est belle et bien lancée. Rappelons que Youtube fut racheté pour un montant record de 1,65 milliard de dollars en actions Google. Les réseaux communautaires ont cependant permis à grand nombre d’indépendants de se faire connaître sans pour autant bénéficier de plate-forme de lancement. Dans le cadre d’un système tel que Myspace, les internautes sont invités à percer l’anonymat en publiant leurs œuvres. Une démarche favorable à l’éveil artistique de certains, une aubaine pour les artistes en quête de reconnaissance. La vidéo au détriment de l’art visuel Le partage des vidéos en ligne est à double tranchant. Autant la révélation d’illustres inconnus alimente la sphère artistique, autant les percées de tout un chacun rendent triviales les valeurs sûres. Face à des sites tels que http://www.pleix.net, rien ne sert de chercher, tout est là. Un collectif de sept personnes qui réalisent films et performances artistiques mêlant musiques électroniques et images léchées. Des scénarios pointus et une touche stylée, le tout partagé en ligne. Des images qui responsabilisent Le plaisir des yeux étant assuré, la vidéo communautaire ne demeure pas moins une source d’information importante. Au-delà des réalisations purement artistiques ou simplement insignifiantes, la toile sert de miroir à l’actualité. En visionnant les images qui traînent ici et là, on réalise rapidement la prise de conscience qu’elles suscitent. L’explosion de l’échange semble avertir les internautes qui s’engagent face au contenu des séquences visionnées.