ONU Pas de liberté sans liberté de culte, affirme Bush NEW YORK, de notre correspondante aux Nations unies, Sylviane ZEHIL

Appels au respect de la diversité au deuxième jour de la conférence internationale sur la « Culture de la paix ». Au deuxième jour de la conférence internationale sur la « Culture de la paix » organisée à l’Assemblée générale des Nations unies à l’initiative du roi saoudien, plusieurs leaders ont déploré le fossé culturel entre les sociétés, et dénoncé l’association « erronée » souvent faite entre le terrorisme et l’islam. Dans son intervention, le Premier ministre turc, Recep Teyyip Erdogan, a ainsi relevé « le niveau alarmant de polarisation, le manque de compréhension et la discrimination qui prévalent au sein de la communauté internationale ». « La nature précise des étapes à suivre afin d’assurer le respect de la diversité aura un effet profond sur le caractère même des relations internationales dans les décennies à venir », a-t-il ajouté. Le Premier ministre turc a également souligné que le monde actuel fait face « à de nombreux risques et menaces », parmi lesquels le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, le trafic illicite et le crime organisé qui ont pris une dimension globale. « À la lumière de tout ce que nous avons tous enduré, je maintiendrai que, soit nous sommes tous en sécurité, soit personne ne le sera », a-t-il prévenu. « Il est grand temps de mettre un terme à la notion des bons terroristes et mauvais terroristes, et éviter d’offrir un refuge aux “terroristes des autres” », a-t-il encore insisté. Le Premier ministre turc a également « salué » l’initiative du roi d’Arabie saoudite en lançant le « dialogue théologique », une initiative qui apportera une contribution majeure aux efforts déployés pour le dialogue entre les cultures et les religions, a-t-il espéré. Il a conclu en invitant tout le monde à Istanbul où aura lieu le deuxième Forum de l’alliance des civilisations les 2 et 3 avril 2009. Un peu plus tard, le président Bush s’est concentré sur la question de la liberté de culte. « La liberté inclut le droit pour chacun de pratiquer une religion comme il l’entend », a-t-il souligné. Le débat sur la liberté de culte plane sur cette conférence organisée à l’initiative de l’Arabie saoudite, où seul l’islam est toléré. Mercredi, la Maison-Blanche avait déclaré que le roi Abdallah savait que son propre pays avait fort à faire en matière de liberté de culte. Le même jour, le monarque saoudien avait déploré, à la tribune de l’ONU, qu’« au cours de l’histoire, les différends entre religions et cultures ont conduit au fanatisme et déclenché des guerres destructrices et l’effusion de sang sans justification aucune ». Le roi avait également appelé à « la paix et à l’harmonie », comme il l’avait fait en juillet à Madrid lors d’une « Conférence mondiale sur le dialogue » interreligieux. Malgré ces déclarations de bonne intention, les désaccords entre l’Occident et les pays islamiques sur le sens exact de la tolérance sont apparus lors de la conférence. Avant même la réunion, l’Arabie saoudite a été interpellée par des ONG, l’invitant à pratiquer elle-même la tolérance avant de s’en faire l’avocate à la tribune de l’ONU. L’initiative saoudienne a cependant été soutenue par plusieurs pays non musulmans, dont Israël, qui n’a pas de relations diplomatiques avec Riyad, et la France, au nom de l’Union européenne qu’elle préside. Le président israélien Shimon Peres a lui aussi déploré que les peuples, notamment au Proche-Orient, se soient combattus au nom de la religion. « Pour changer le monde, nous devons changer nous-mêmes », a-t-il dit, affirmant qu’Israël était « prêt à partager le coût douloureux » qu’entraînerait l’aboutissement de négociations bilatérales avec les Palestiniens. Mais il a mis en garde contre « ceux qui dans la région sèment la haine (...) et cherchent à éliminer les autres peuples et encouragent le meurtre », allusion apparente à l’Iran.