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Actualités

Mexique La « guerre des cartels » fait rage à Juarez

L’escalade de la violence entre narcotrafiquants a fait plus de 4 500 morts dans le pays depuis le début de 2008. L’enlèvement de 27 ouvriers agricoles au Mexique par un commando armé constitue le dernier épisode spectaculaire de la « guerre des cartels », dont l’escalade a fait plus de 4 500 morts dans le pays depuis le début de 2008. Aucun doute pour les experts en « narcotrafic » : cet enlèvement est « un défi d’un cartel à un autre, comme le sont les cadavres décapités qu’on retrouve chaque jour ou presque à Ciudad Juarez », explique l’un d’eux à Mexico, sous le couvert de l’anonymat. Cette fois, le défi est lancé précisément au « cartel de Juarez », qui a son fief à Ciudad Juarez, à la frontière mexicaine des États-Unis, face à El Paso au Texas. C’est à un parent de son grand chef, Vicente Carrillo Fuentes, alias « Le vice-roi », qu’appartient la propriété de Culiacan (Nord-Ouest) où les 27 ouvriers ont été enlevés. Ils sont trois grands cartels, selon les spécialistes, à se disputer le contrôle du trafic de drogue, et surtout de son exportation aux États-Unis. Les « gringos » sont les premiers clients des 950 tonnes annuelles de la production mondiale de cocaïne, en provenance exclusive d’Amérique latine. Ces gangs énormes ne dédaignent pas non plus les enlèvements contre rançon, une activité qui semble toutefois déléguée à des « succursales » du crime organisé. Le cartel de Ciudad Juarez est le plus ancien. Il est confronté à la concurrence de celui « de Sinaloa », dirigé par Joaquin « Chapo » (« petit ») Guzman, en cavale depuis son évasion d’un pénitencier mexicain en 2001, et de celui « du Golfe » d’Osiel Cardenas, extradé début 2007 vers les États-Unis. La « guerre » s’est tout naturellement concentrée dans le nord du pays, dans le couloir de transit de la frontière. À Ciudad Juarez bien sûr, réputée la ville la plus dangereuse du pays, où elle a fait plus de 1 300 morts depuis janvier 2008, et où la moyenne tourne à une dizaine d’assassinats par jour. Mais aussi à Tijuana, face à la Californie. Et elle s’étend dans tout le pays, au fil des relais du transit de la cocaïne en provenance, majoritairement, de la Colombie. Le bilan de ces règlements de comptes entre trafiquants est impressionnant, mais sa férocité l’est encore davantage. C’est une escalade, depuis la découverte, fin août, de 12 hommes décapités, identifiés ensuite pour la plupart comme délinquants, dans le Sud-Est, épargné jusqu’alors par ces tueries. À Ciudad Juarez, et tout près de là à Chihuahua, la liste s’allonge chaque jour: des cadavres décapités, amputés, calcinés ou portant des traces de torture, entassés ou alignés, quand ils ne sont pas crucifiés sur une palissade ou affublés d’un masque représentant une tête de cochon, en forme d’autre message. Face aux « multinationales du crime », car les cartels ont des correspondants dans les pays producteurs et sur les marchés des États-Unis et d’Europe, le gouvernement du président Felipe Calderon a intensifié la lutte depuis sa prise des fonctions fin 2006. Il a déployé plus de 36 000 militaires et policiers à travers le pays. Cette politique, classée priorité n° 1 avant que n’éclate la crise financière mondiale, commence à donner des résultats, même si elle vient de perdre son artisan de choc, le ministre de l’Intérieur Juan Camilo Mourino, tué dans le crash de son avion à Mexico la semaine dernière. Plusieurs « cadres » importants du trafic de drogue ont été arrêtés ces dernières semaines, et un grand stock d’armes du cartel « du Golfe » vient d’être saisi. Mais les cartels remplacent vite leurs cadres tués ou arrêtés, et les coups qui leur sont ainsi portés ne sont pas décisifs, notent les experts, d’accord aussi sur le poids des arguments des cartels pour soudoyer ceux qui sont chargés de les poursuivre. « La plata o el plomo, autrement dit de l’argent ou du plomb, tu te laisses acheter ou tu es mort, tel est le marché », explique encore l’un des experts. Et les cartels ont à la fois beaucoup d’argent et un grand nombre de tueurs sans pitié.
L’escalade de la violence entre narcotrafiquants a fait plus de 4 500 morts dans le pays depuis le début de 2008.
L’enlèvement de 27 ouvriers agricoles au Mexique par un commando armé constitue le dernier épisode spectaculaire de la « guerre des cartels », dont l’escalade a fait plus de 4 500 morts dans le pays depuis le début de 2008. Aucun doute pour les experts en...