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Actualités - OPINION

Éclairage Pour Damas, la coopération sécuritaire d’abord, le dossier politique ensuite Scarlett HADDAD

Pas à pas, la Syrie entreprend sa réintégration au sein de la communauté internationale, mais au Liban, elle n’est pas pressée d’ouvrir le dossier politique. Le nouveau président américain Barack Obama n’a pas encore eu le temps de prendre ses marques et de définir sa politique pour la région, mais déjà les changements se font sentir. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, doit le rencontrer incessamment, et selon des sources libanaises proches du chef du Quai d’Orsay, il devrait notamment lui demander de placer la situation au Moyen-Orient et le dialogue avec la Syrie en tête de ses priorités. Selon une personnalité libanaise qui a rencontré récemment M. Kouchner dans le cadre des réunions des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Union pour la Méditerranée, la coopération entre la France et la Syrie a atteint un stade particulièrement avancé. D’ailleurs, selon cette source, alors que la France était assez inquiète au sujet du succès de cette rencontre, Nicolas Sarkozy ayant fait de ce projet une priorité dans sa politique étrangère, la Syrie a joué un rôle très positif, contribuant largement à la réussite de cette rencontre. Représentée par son ministre des AE, Walid Moallem, la Syrie ne s’est pas ainsi opposée à la désignation d’Israël comme secrétaire général adjoint, dans la structure de l’UPM, en même temps que l’Autorité palestinienne et la Tunisie. Elle a aussi facilité le compromis dans plusieurs autres questions qui menaçaient de faire éclater la rencontre. Ce qui montre indubitablement que la coopération entre Damas et Paris engagée depuis le sommet pour le lancement de l’UPM en juillet dernier s’est largement développée. La même personnalité précise que la Syrie s’était alors engagée à faciliter le processus de normalisation avec le Liban et l’application de l’accord de Doha et, en contrepartie, la France avait promis de faciliter sa réintégration au sein de la communauté internationale et même de contribuer à l’ouverture d’un dialogue entre Damas et Washington. La Syrie a donc facilité l’élection du président de la République et a annoncé l’ouverture de relations diplomatiques entre les deux pays. Aujourd’hui, elle est en train d’établir une coopération sécuritaire avec le Liban au sujet notamment du groupe terroriste Fateh el-Islam, et toutes ces démarches, affirme la personnalité libanaise proche de Kouchner, sont vues d’un bon œil par les Occidentaux et en particulier par les Européens. En principe, une normalisation politique devrait suivre, mais ce processus-là prend du temps. Des sources proches de l’opposition confient que les autorités syriennes auraient fait la même réponse à toutes les personnalités libanaises désireuses de renouer le contact avec elles : « Commencez par régler vos problèmes avec l’opposition et ensuite on verra. » C’est pourquoi, ajoutent ces sources, les réconciliations resteront internes pour l’instant, tant que les dossiers en suspens, et notamment le contentieux avec l’Arabie saoudite, ne seront pas réglés. Les sources proches de l’opposition précisent encore que le régime syrien considère que la crise des trois dernières années est désormais terminée. Il estime désormais être en position de force et c’est lui qui a ainsi conseillé au Hamas de demander le report de la réunion de dialogue interpalestinien sous l’égide de l’Égypte, prévue en début de semaine au Caire. La Syrie souhaiterait en fait que la nouvelle administration américaine se mette en place avant de prendre la moindre initiative en ce sens. Pourquoi, en effet, offrir des concessions à l’Égypte alors qu’elle peut en faire bénéficier les États-Unis via la France, et en tirer ainsi plus de crédit, mais dans quelques mois ? C’est un peu le même processus qui est suivi par le gouvernement irakien qui refuse de signer la convention proposée par l’actuelle administration américaine, préférant attendre de voir les intentions de l’équipe Obama... Dans cette période transitoire, la Syrie continue donc de rassembler ses cartes, pour les abattre en temps voulu. Au Liban, elle est rassurée sur l’évolution de la situation, toutes les démarches suivies actuellement étant le fruit du sommet qui s’est tenu entre le président Michel Sleiman et son homologue syrien Bachar el-Assad au cours de l’été. Les sources de l’opposition affirment à cet égard que le dossier sécuritaire a été évoqué pendant ce sommet et qu’il a été convenu d’établir une coopération étroite entre les deux pays dans ce domaine. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Défense ont été invités à Damas et que tous deux sont considérés, selon le partage consacré à Doha, comme faisant partie du quota du président de la République au sein du gouvernement d’union nationale. C’est dire que l’ouverture syrienne reste encore limitée au président de la République, sous le couvert du dossier sécuritaire. Toujours dans ce cadre, les sources de l’opposition affirment que les arrestations effectuées ces derniers jours par les services de sécurité libanais n’auraient pas été possibles sans la coopération de la Syrie... Un jour, il faudra pourtant passer du dossier sécuritaire au dossier politique. Pour cela, il faudra attendre des développements régionaux et internationaux qui ne semblent pas proches, surtout après les « aveux télévisés » de membres présumés du groupe Fateh el-Islam diffusés par la chaîne officielle syrienne. Selon la personnalité libanaise précitée, la Syrie a ainsi envoyé des messages en direction de certaines parties libanaises, mais aussi de l’Arabie saoudite et surtout en direction de l’Occident, pour montrer le sérieux de sa lutte contre le terrorisme. Dans cette période d’attente, les nouveaux éléments se mettent en place, mais le nouveau paysage politique ne sera clair que dans quelques mois.
Pas à pas, la Syrie entreprend sa réintégration au sein de la communauté internationale, mais au Liban, elle n’est pas pressée d’ouvrir le dossier politique.
Le nouveau président américain Barack Obama n’a pas encore eu le temps de prendre ses marques et de définir sa politique pour la région, mais déjà les changements se font sentir. Le ministre français des Affaires...