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Actualités - CHRONOLOGIE

Exposition Jeanne Lorioz , auprès de ma ronde…

Colette KHALAF Des petites femmes rondouillardes s’exhibent à la galerie Aïda Cherfan (centre-ville)*. Signées Jeanne Lorioz, les œuvres sont un éloge personnifié plus en chair qu’en os à cet attribut féminin prénommé postérieur. Sur un pouf, un Récamier ou même à bicyclette ; vêtues ou dénudées ; en tutu ou en boléro ; traînant un « pet » (animal domestique) ou le maltraitant ; s’exerçant à la gymnastique ou se baladant ; telles sont les femmes de Jeanne Lorioz qui s’affichent avec souvent le nez en l’air comme un pied de nez à la société. Défrayant tous les canons de la beauté et les standards de l’esthétique contemporaine, Jeanne, Fernande et les autres n’appartiennent ni aux schémas « botériens » ni « rubensiens ». Elles ont simplement la griffe Lorioz qui a donné au derrière rebondi ses lettres de noblesse. Avec à son actif le Grand Prix de la peinture de Cannes section portrait, et le Premier prix portrait au Salon international de Deauville en 1993 ainsi que le Premier prix portrait à l’Exposition internationale de Bruges en 1994, l’artiste française, au nom déjà prémonitoire, puisqu’il est affublé de deux « O », se met à croquer les rondeurs féminines. Un travail certes très contemporain, mais qui fait référence au passé (fonds obscurs, présence des bêtes comme dans La Vénus d’Urbino du Titien ou l’Olympia d’Édouard Manet). Avec leur attribut confondant, à savoir le postérieur, vu le plus souvent de dos et qui occupe le centre de la toile, ces boulottes, coquines, ont un monde propre à elles : particulier et ludique. « Je n’ai pas de standards esthétiques, affirme l’artiste (contactée par la rédaction). Selon moi, le postérieur est une image conviviale qui facilite la communication. Et si elles sont représentées tournant le dos, c’est parce qu’elles sont anonymes, indifférentes au jugement des autres et qu’elle s’intègrent ainsi mieux dans l’univers quotidien des spectateurs. Leur gaieté les rend transparentes », poursuit-elle. Une transparence qui se reflète dans une technique bien léchée, qui parvient à rendre légères ces femmes fessues et rabelaisiennes. En patinant le bois sur lequel évoluent les caractères, en superposant les couches de teintes et en jouant avec la lumière créant des contrastes avec le cadre, Jeanne Lorioz réussit à transformer l’espace charnu et bien dodu en une surface picturale où les zones de clarté et d’ombre se marient avec une surprenante limpidité. « Si j’ai côtoyé des personnages enveloppés, ce sont pourtant des formes bien spécifiques peuplant mon imaginaire que j’ai cherché à illustrer, ainsi que des ambiances et des lumières que j’espère aujourd’hui mieux maîtriser », ajoute-t-elle. Mis dans des situations cocasses, ces personnages attachants semblent avoir tous des histoires drôles à raconter. « Mon but est d’aller de plus en plus vers le comique et le narratif avec une recherche élaborée dans la construction sans pour autant tomber dans l’illustration, ce qui est souvent difficile », dit-elle. Peau satinée comme de la porcelaine, affichant leurs dentelles (si délicates) ou moulées dans des habits sans mode précise, ces odalisques du troisième millénaire sont intemporelles. Vêtues ou émancipées, les grassouillettes de Jeanne Lorioz sont ces figures féminines qui traversent le temps… avec superbe. * Galerie Aïda Cherfan (place de l’Étoile), jusqu’au 28 novembre. Ouvert du lundi au samedi de 10h30 à 19h30.
Colette KHALAF


Des petites femmes rondouillardes s’exhibent à la galerie Aïda Cherfan (centre-ville)*. Signées Jeanne Lorioz, les œuvres sont un éloge personnifié plus en chair qu’en os à cet attribut féminin prénommé postérieur.

Sur un pouf, un Récamier ou même à bicyclette ; vêtues ou dénudées ; en tutu ou en boléro ; traînant un « pet » (animal...