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Actualités - OPINION

Éclairage L’effet Obama provoque un examen de conscience en France

L’élection d’Obama a suscité de grands espoirs parmi les Noirs en France, un pays encore incapable d'ouvrir sa classe dirigeante aux minorités. L’élection d’un Noir à la Maison-Blanche sonne indirectement comme un échec pour la France, terre d’immigration mais incapable d’ouvrir sa classe dirigeante aux minorités, et pourrait inciter à un examen de conscience pour les partis politiques et le gouvernement. Pour Rama Yade, secrétaire d’État aux Droits de l’homme et seule Noire du gouvernement, l’effet Obama doit avoir un prolongement politique en France. La France ne publie aucune statistique ethnique, mais elle est l’un des pays d’Europe qui compte le plus de Noirs, en raison de son passé colonial, ainsi que plusieurs millions de personnes d’origine maghrébine. La classe politique y est quasi exclusivement blanche. Aucune municipalité n’a à sa tête de maire noir ou issu de l’immigration et l’Assemblée nationale ne compte qu’une députée noire (hors outre-mer). Outre Rama Yade, deux ministres sont issus de l’immigration maghrébine. « Il y a encore du travail à faire », a estimé Mme Yade, mettant en cause le « conservatisme » des partis politiques en matière de diversité ethnique. « Aucun des deux grands partis, ni l’UMP ni le Parti socialiste, ne sont capables aujourd’hui d’accomplir ce qu’a accompli le Parti démocrate aux États-Unis », estime également Christiane Taubira, femme politique noire et ancienne candidate à la présidentielle. Pour autant, la députée de Guyane n’est pas favorable à la discrimination positive, c’est-à-dire l’instauration de quotas pour favoriser la promotion des immigrés. « Il ne s’agit pas d’aider les gens à monter, mais d’arrêter de les empêcher de surgir », juge-t-elle. L’exemple américain pourrait relancer le débat sur la transposition de ce concept d’« affirmative action ». L’idée, défendue par le président Sarkozy, a peu d’adeptes, au nom du principe républicain d’égalité qui interdit notamment les statistiques basées sur l’appartenance ethnique et religieuse. Selon un récent sondage, 80 % des Français se disent prêts à « voter un jour pour un candidat noir », 72 % pour un candidat d’origine asiatique, et 58 % pour un candidat d’origine maghrébine. De son côté, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a estimé « qu’au moment où les États-Unis réussissent l’exploit d’élire le premier Noir à la présidence (…) la France en est encore à fermer la porte de l’Europe et de la France aux Noirs ». Il faisait référence au Pacte pour l’immigration et l’asile, appelé à réguler les flux migratoires en fonction des besoins en main-d’œuvre des États de l’UE, en durcissant donc la politique d’immigration.
L’élection d’Obama a suscité de grands espoirs parmi les Noirs en France, un pays encore incapable d'ouvrir sa classe dirigeante aux minorités.
L’élection d’un Noir à la Maison-Blanche sonne indirectement comme un échec pour la France, terre d’immigration mais incapable d’ouvrir sa classe dirigeante aux minorités, et pourrait inciter à un examen de conscience pour...