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Correspondance « Persuasion fragile » au Hillwood Museum WASHINGTON, Irène MOSALLI

Des porcelaines délicates, pareilles à celles décorant les intérieurs cossus, ont connu un autre destin en devenant outils de propagande soviétique. Qui dit porcelaine, dit délicatesse, finesse, limpidité et sérénité.?Ce support, qui a tout de l’insoutenable légèreté de l’être, a un jour servi des causes socio-économiques. C’est ce que l’on découvre dans une exposition organisée par le Hillwood Museum à Washington intitulée « Persuasion fragile : la porcelaine russe et l’art de la propagande ». Elle donne à voir des figurines décoratives de petites dimensions, comme celles que l’on a l’habitude de voir sur les étagères des intérieurs cossus. Examinées de près, elles révèlent toute une symbolique inattendue et étrangère à leur fonction ornementale et purement esthétique : celles-ci témoignent de la tumultueuse histoire de la Russie, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à présent, en passant par la révolution et la guerre froide. Commandités au départ par les tsars qui voulaient rivaliser avec les cours de France et d’Allemagne, ces objets ont ensuite exprimé les préoccupations de la Russie au seuil de la révolution. Une artiste nommée Natalia Dan’ko (1892-1942) a joué un rôle instrumental dans ce nouveau genre de porcelaine en créant une série de statuettes incarnant les changements politiques opérés par la révolution. Ainsi, Les femmes de la collectivité (1938), ou le nouveau rôle de la femme, Sur vos gardes, c’est la fanatique dévotion des enfants pour le nouvel État soviétique. Expédition Papanin glorifie la conquête polaire et l’héroïsme du citoyen du même nom pour en faire un modèle de bravoure. Idem pour les performances de la prima ballerine Maïa Plissetskaya. Les figurines en révolution Alors que la porcelaine d’Europe occidentale traitait des sujets enfantins pour magnifier l’innocence, en Russie on s’en servait pour promouvoir l’éducation et les soins médicaux. D’autres problèmes sociaux de l’époque ont été également mis en forme, en particulier l’émancipation des serfs (Paysans poussant la brouette), l’alcoolisme de plus en plus rampant (À la taverne) et la corruption (Femme haraguant la foule). La révolution des figurines. Les artistes contemporains ont changé d’orientation et sont revenus à la vocation initiale de la porcelaine, c’est-à-dire travaillée en œuvre d’art et généralement d’inspiration poétique. À noter que les figurines de l’exposition « Persuasion fragile » appartiennent au Hillwood Museum, qui possède les plus grandes et les plus diverses collections d’œuvres d’art de la Russie impériale existant à l’étranger. Elles ont été acquises par sa fondatrice, Marjorie Merriweather Post, lorsqu’en 1937 elle avait accompagné son mari, Joseph Davies, à Moscou où il avait été nommé ambassadeur des États-Unis.
Des porcelaines délicates, pareilles à celles décorant les intérieurs cossus, ont connu un autre destin en devenant outils de propagande soviétique.
Qui dit porcelaine, dit délicatesse, finesse, limpidité et sérénité.?Ce support, qui a tout de l’insoutenable légèreté de l’être, a un jour servi des causes socio-économiques. C’est ce que l’on découvre dans une exposition...